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Momus › Tender Pervert

cd • 11 titres • 50:40 min

  • 1The Angels Are Voyeurs02:46
  • 2Love On Ice03:54
  • 3I Was A Maoist Intellectual04:35
  • 4The Homosexual04:44
  • 5Bishonen07:41
  • 6Right Hand Heart03:40
  • 7A Complete History Of Sexual Jealousy (Parts 17 - 24)05:40
  • 8Ice King04:56
  • 9In The Sanatorium05:08
  • 10The Charm Of Innocence06:36
  • 11The Angels Are Voyeurs (Reprise)00:57

informations

Enregistré par Nigel Palmer

Nick Currie a mis à disposition Tender Pervert en téléchargement sur le site UbuWeb : http://www.ubu.com/sound/momus_tender.html

line up

Nick Currie (chant, guitare, claviers), Dean Klevatt (programmation)

chronique

  • synthpop sublimement perverse

Le plus simple serait d'aligner des extraits de textes les uns derrière les autres et de lâcher un évasif et fainéant : "fucking brillant !". Ce serait tellement plus parlant. Embarras du choix dans ce troisième album de Nick Currie sous le patronyme arrogant et rigolard du dieu grec de la raillerie et du sarcasme. Génie de la phrase d'accroche : "God is a tender pervert, and the angels are voyeurs." Un tendre pervers l'écossais à la voix délicate et affectée. Maitrisant enfin parfaitement sa plume et ses effets, ainsi que son goût pour les arrangements de contre-allée, prenant à rebours toute la société britannique en enrobant sa pop synthétique de cabaret délictueux et de propos infamants. Tendres perversions de tous ordres, sexuelles en particulier, homosexuelles avant tout. Alors que le sida se répand comme une traîné de poudre mortifère que les puritains voient comme une maladie de déviants, Momus se délecte de thématiques inverties : "The Homosexual", que Currie voulait comme titre de l'album, synthpop sautillante au texte fielleux, où comment un homme efféminé se venge de tous les mâles dominants qui le traitent de folle en affirmant une identité homosexuelle pour mieux baiser leurs femmes et les faire jouir comme jamais. "I love women, but I'm thinking of giving in. I love women, but what's the point of arguing, with the men from boarding schools and building sites, who've told me I'm a homosexual all my life". Derrière la guitare acoustique omniprésente sur l'album, ces claviers cheaps malfaisants qui pervertissent le refrain irrésistible ponctué de gémissements orgasmiques. Le folk planant et quasi médiéviste du "Bishonen", sublime et tragique parcours d'un samouraï à la beauté adolescente et fragile, élevé par un maître du sabre gay et misogyne et destiné à une mort pure et précoce, qui trahit sa voie en se tournant vers une femme et ne compte se racheter qu'en élevant son enfant pour qu'il prenne sa propre place dans sa tombe. Mêmes les couples de patineurs ne sont pas ce qu'ils semblent, l'amour parfait sur la glace n'est qu'une vitrine pour deux homosexuels qui ne couchent en fait qu'avec leur entraineur et leur attachée de presse, "Love on Ice", cabaret électro sarcastique et abrasif, vos porteurs de drapeaux planqués dans le placard avec une dose de poudre blanche pour faire passer la pilule. Du même acabit, faussement cynique et vraiment hilarant, "I Was A Maoist Intellectual" déploie les idéaux d'un protest-singer qui aurait du changer le monde si la société corrompue ne l'en avait pas empêché et si la classe ouvrière ne l'avait pas détesté. Chanson parfaite, élégante et juste secouée comme il faut par des claviers casio tout pourris, chaque paragraphe dévoilant son lot de formules et de sentences brillantes, jusqu'à ce que l'artiste raté finisse comme pauvre portier "I became a hotel doorman, I stood there on the doormat, clutching my forgotten disks in their forgotten format", assez frustré pour souhaiter se réincarner en ponte de l'industrie musicale et piétiner alors tous les idéalistes comme lui. Du commentaire sociétal empoisonné donc, mais encore et surtout de la sexualité, comment baiser une femme atteinte de dextrocardie, c'est à dire dont le coeur bat à droite, effet surprenant quand on se met une main chaude sur sa poitrine offerte, "Righthand Heart" ici dans une version très brute presque démo, guitare acoustique seule. Croonery funky glaciale et synthétique, "Ice King", ne pas dévoiler sa sentimentalité pour continuer d'exciter les femmes qui n'aiment pas les hommes sensibles, dans la lignée de la plus belle pop à femelles de l'époque. Tant qu'à énumérer des problèmes sexuels, Momus dresse carrément l'inventaire, "A Complete History Of Sexual Jealousy (Parts 17-24)", electro-pop avec claviers acides et égrillards et beats en saccade, refrain pour clubbing sensuel, plume hystérique qui aligne les traits de génie : "And I don't believe in platonic love, but I'm still jealous of Plato, what a bore !". Quoi dire encore du narrateur vampirique qui enferme sa bien aimée dans un sanatorium et qui se repait de son épuisement maladif, ballade fantomatique et névrosée qui mène telle la barque de Charon aux portes du plus beau morceau de l'album, l'extraordinaire "The Charm of Innocence". "It began at the school that turned boys into gentlemen, then turned them on to debauchery. I was forced to my knees in front of these gentlemen, if I refused, they would torture me.", la doucereuse mélodie à la guitare, les claviers tristement lumineux et ces cordes synthétiques orientalistes et nauséeuses au refrain, l'histoire d'un homme portant sur lui le poids d'une innocence absolue, quelque soient les épreuves terribles qu'il traverse, d'expériences sexuelles diverses jusqu'à la tuerie. Des docks de Londres où il photographie des femmes dont les seins si blancs sous la lumière lui évoquent la consistance d'un fromage bleu, au 18eme arrondissement où il retrouve des putes algériennes, le personnage finit par attendre simplement la mort en feuilletant du Bataille, toujours honteux de son innocence perpétuelle quelques aient été les perversités ayant émaillé sa vie. Morceau bouleversant et toujours largement tartiné de déviance, mais comment pourrait-il en être autrement dans un univers où les anges sont des voyeurs qui non seulement ont un sexe, mais en sus se masturbent en nous regardant nous débattre avec nos petites vies. La voix lactée, le sperme des anges. Tout est dit.

note       Publiée le jeudi 31 mai 2012

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Je suis aussi rentré chez Nick Currie avec cet album (enfin d'abord avec un concert). Vu sa disco quel bonheur la découverte.

    SEN Envoyez un message privé àSEN

    je découvre du coup, et coup de cœur du coup !

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Dans ces années-là, c'est sûr qu'on peut faire un parallèle. Par la suite il est devenu beaucoup moins ironique et plus profond cependant. Il y a des perles dans tous ses albums, mais ceux de sa dernière période japonaise (Osaka, en gros dans les années 2010) sont vraiment très bien. Ceux de sa nouvelle période berlinoise (maintenant) aussi. Il est en pleine écriture de son nouveau, écrit en confinement, qu'il poste au fur et à mesure (et dont il fait l'auto-exégèse !) sur Youtube.

    Procrastin Envoyez un message privé àProcrastin

    Momus/Solondz même combat! ;)

    Kagoul Envoyez un message privé àKagoul

    comment c'est beau ! merci ubuweb je vais tout télécharger les autres albums si il sont aussi bons !

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