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Momus › The Philosophy of Momus
- 1995 • Nippon Columbia COCY-78417 • 1 CD
cd • 19 titres • 69:44 min
- 1Toothbrushead1:35
- 2The Madness of Lee Scratch Perry5:37
- 3It's Important to Be Trendy4:12
- 4Quark & Charm, the Robot Twins4:08
- 5Girlish Boy3:41
- 6Yokohama Chinatown2:54
- 7Withinity3:57
- 8K's Diary2:42
- 9Virtual Valerie4:02
- 10Red Pyjamas2:43
- 11The Cabinet of Kuniyoshi Kaneko4:09
- 12Slide Projector Lie Detector3:48
- 13Microworlds4:11
- 14Complicated3:06
- 15I Had a Girl2:48
- 16The Philosophy of Momus3:29
- 17The Loneliness of Lift Music4:07
- 18Paranoid Acoustic Seduction Machine3:06
- 19The Sadness of Things5:29
informations
Enregistré à Londres et Paris. Produit par Momus.
line up
Nick Currie
chronique
Momus a quitté Creation, qu’il l’a vite abandonné à son underground. Il vit à Paris avec sa femme Shazna, celle après il soupirait dans Timelord. Momus connaît un succès populaire au Japon grâce à Kahimi Karie, pour qui il compose, il est lui-même signé par Nippon Columbia. Momus peut enfin lâcher la bride après des années de tension. Dix-neuf morceaux pour établir sa philosophie, un grand mot. Dix-neuf morceaux, c’est beaucoup. Dix-neuf morceaux de synth-pop bricolo tripotant une multiplicité de style. Beck était bien sûr passé par là (ayant pillé Ween au passage, sans en avoir le génie), Keigo Oyamada s’y mettra bientôt sous le pseudonyme de Cornelius. Une influence de plus en plus forte des thèmes japonais, des bruits de console de jeux vidéos (Hosono avait ouvert la voie), des dérives dans un imaginaire extrême-oriental aux multiples couches, un coup d’oeil dans l’atelier d’un grand photographe de bondage. Une appétence pour les machines, robots, ordinateurs, des thèmes allant de la virtualité à l’immensité du cosmos, tout ça s’entend dans la production futuriste, toujours porteuse de mélodies mais déjà tirant vers quelque chose d’encore plus bizarre que les albums de l’époque Creation. Des pastiches de blues-rock grungy et de dub paranoïaque. De la musique de club ambient-techno propice aux mélange des genres quand il chante « Je suis un garçon féminin et mon amoureuse est une fille garçonne, et si tout le monde était ainsi, nous pourrions changer le monde », coup de maître électro-pop de l’écossais ponctué d’un étonnant sample de gamine qui lance ses « Goddamnit you fucker I wanna be alone ! » qui en fait tout le sel. Et du downtempo mélancolique, la simplement magnifique « Microworlds » au refrain beau à pleurer, chant d’amour microcosmique à Shazna, où le masque de Momus ne tient plus sur le visage de Nick, mis à nu, peut-être son morceau le plus ouvertement bouleversant, en analogie entre choc amoureux et explosions de super-nova.
Il y a bien un sentiment de sincérité poignant quelque part là-dedans à l’image de « The Sadness of Things » composé par Ken Morioka, du groupe électro Soft Ballet, qui offre à l’album une conclusion plus pop, dans le sens accessible du terme. Il y aura aussi une petite-bossa MIDI aussi aérienne qu’une brise à la sortie d’un bar lounge de Recife. Sur la sorte d’inventaire à la Prévert du morceau éponyme, Momus susurre quelques uns de ces aphorismes qui vous restent toujours en mémoire « Often inadequate lovers turn into invaluable friends », « There’s no good death, there’s no clean kill », sur quelques accords de piano de fin de soirée et tapis électronique lancinant. Si la gravité et la profondeur qui avaient d’un coup surgi dans la musique de Momus ces dernières années sont toujours là, on y retrouve aussi une histoire d’assassin sur l’inquiétant et cinématique « The Loneliness of Lift Music », son sens de l’absurde caractéristique dans « Withinity » et son côté brit-pop flinguée (coucou Damon Albarn), sa sensualité un peu déviante sur « Red Pyjamas ». Difficile vraiment de mettre en avant la plus représentative de toutes ces productions pour la plupart fantastiques, au-delà des paroles auquel on a le droit de prêter plus ou moins d’attention selon les morceaux, mais le downtempo bizarroïde de film noir de « It’s Important to be Trendy » ou la chiptune ludique de « Quark & Charm, The Robot Twins » sont des petites merveilles. Et puis le sublime « Microworlds » bien sûr (avec sa rythmique reconnaissable entre mille, car mille fois samplée par la culture hip-hop), qui a longtemps concentré toute mon attention au coeur d’un album trop long, trop dense pour s’y plonger complètement d’un coup, mais qu’il est toujours bon de venir revisiter, y picorer des petits trésors, telle une matrice de toute la production prolifique de Momus à venir. Comme quoi, le titre était assez justement trouvé.
Dans le même esprit, (N°6) vous recommande...



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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Oui, c'est bien sur ces points là - le côté artisanal/bricolé et la euh "plasticité" d'un genre à l'autre en niquant les questions de préséance et de légitimité (de genres, justement - avec ou sans jeu de mot avec la ligne de Girlish/Boyish que tu cites) que je luis suppose, en te lisant, qui me donne envie d'y aller jeter l'oreille (bien plus que le rapprochement avec Beck, en fait). Allez, je me note ça dans les "à écouter vite", tiens.
Message édité le 26-01-2022 à 15:22 par dioneo
- (N°6) › Envoyez un message privé à(N°6)
Ah ah, c'est bien possible en plus qu'il y ait un lien.
Y a clairement un cousinage avec Jarvis Cocker dans l'esprit et sans doute l'influence de Brel et du cabaret dans Divine Comedy fait que là aussi il y a un lien. Après la musique de Momus est bien différente (folk puis synthpop pour dire très grossièrement) et devient de plus en plus bizarre au fil du temps (surtout à partir des année 00 où ça glitch de partout). Mais oui, tu devrais, y a bien quelque chose qui te parlera d'une façon ou d'une autre, déjà le côté bricolé je pense.
- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Un petit Hawkwind (le Quark, Strangeness and Charm de 1977) en reco ??
Et sinon, Momus, tes chroniques me disent immanquablement qu'un jour ou l'autre il faudra bien que je m'y mette. Je sais pas pourquoi, chaque fois que tu en parles j'ai une pensée aussi pour Pulp et The Divine Comedy - alors que pour ce que tu en dis c'est pas forcément vraiment la même "came". Liaisons synaptiques bizarres, le Dio ?
Message édité le 26-01-2022 à 15:02 par dioneo