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Momus › Ping Pong

cd • 16 titres • 71:51 min

  • 1Ping Pong with Hong Kong King Kong0:49
  • 2His Majesty the Baby4:22
  • 3My Pervert Doppelganger4:31
  • 4I Want You, But I Don't Need You4:45
  • 5Professor Shaftenberg3:33
  • 6Shoesize of the Angel6:32
  • 7The Age of Information4:36
  • 8The Sensation of Orgasm3:51
  • 9The Anthem of Shibuya4:00
  • 10Lolitapop Dollhouse4:08
  • 11Tamagotchi Press Officer2:19
  • 12Space Jews3:58
  • 13My Kindly Friend the Censor3:52
  • 14The Animal That Desires7:04
  • 15How to Get - and Stay - Famous7:36
  • 162PM5:55

informations

line up

Nick Currie

chronique

Ping Pong, avec un titre pareil, on se doute que ça sera plus franchement ludique que les précédents. Un retour au cabaret, un cabaret grand comme une cartouche de console de jeu. Pour le son, plutôt Super NES que Playstation. Futuriste en quelque sorte, mais micro-rétro-futuriste. Avec des instrumentaux bricolés à la main comme un se tape vite fait une partie de Donkey Kong Country sur Game Boy. Du Akihabara-core produit sur Casio, sans trop d’esprit de sérieux, alors que Momus jubile dans sa haine des bébés, ces créatures atroces (soyons franc, rien n’est beaucoup plus moche qu’un bébé humain, on dirait un rat-taupe nu avec des cheveux, ça crie, ça pleure, ça bouffe, ça chie et c’est infoutu de faire quoi que se soit, alors qu’un petit canard, ça sait nager en sortant de l’oeuf en plus d’être trop choupi). Et quand le sérieux pointe le bout de son nez, c’est avec mauvais esprit, l’esprit du double diabolique dont il chante les méfaits sur fond de cha-cha-cha synthétique vaguement inquiétant, voyez comme la mélodie se dérègle petit à petit pour ressembler à une BO de film d’horreur. « My Pervert Doppelganger », une de ces perles typiquement Momus, abordant le thème de la sexualité pervertie et du trouble de la personnalité, avec cette conclusion troublante et pour tout dire effrayante, alors que le narrateur, enfin débarrassé de son ombre maléfique enfermée en prison pour ses crimes et tout occupé à honorer sa copine, est soudain pris d’un affreux doute : cet autre dans le miroir, est-ce bien lui-même ou son double pervers ? Et puis Ping Pong, c’est l’album où il y a « I Want You, But I Don't Need You », une des meilleures chansons de Momus, reprise par Amanda Palmer (l’esprit cabaret toujours). Une valse emportée par une guitare acoustique où l’écossais jongle avec les mots, effet comique garanti, ambivalence du désir pris entre égoïsme et narcissisme, jeu avec l’absurde mais qui encore une fois, trouve une profondeur et une gravité (pourtant légère) au refrain « ‘Cause we’re here one minute, the next we’re dead. So love me and leave me but try not to need me, enough said. ». Si on ne devait écouter qu’une seule chanson de Momus, ça serait celle-ci.

Difficile (impossible) de faire aussi bien ensuite, mais Ping Pong livre d’autres beaux moments comme le funkoïde « Shoesize of the Angel », reprenant le thème cher à Momus de la fascination pour le rival sexuel (réel ou virtuel), la ballade psyché-folk-MIDI « Space Jews » inversant la théorie du complot pour faire des Juifs un peuple venu de l’espace pour améliorer la race humaine, la power-pop de « Lolitapop Dollhouse » composée pour Kahimi Karie. Ah oui, car Momus a encore la tête au Japon, les références abondent de l’hymne mini-techno-pop composé pour Shibuya à la lounge moqueuse de Tamagotchi-san (nouvelle divinité bien plus importante qu’un stupide bébé). Le Japon et le cul, les deux grandes obsessions du tendre pervers. D’ailleurs le cul est la seule obsession commune à l’humanité, que ne ferait-on pas pour la sensation de l’orgasme comme il le chante sur un downtempo lubrique et lancinant comme une décharge d’ocytocine, morceau qu’il refile la même année à Laila France, autre égérie Shibuya-key du côté de Paris. Ping Pong, c’est comme un catalogue de fantasmes, il faut juste choisir les bons, ceux qui fonctionnent, forcément parfois c’est un peu long à venir comme « The Animal That Desires », dont la coda est néanmoins magnifique avec ses harmonies vocales hypnotiques, ou la bossa-nova cryptique qui conclue l’album en vagabondant un peu trop. Tout ceci aurait pu être plus resserré et s’achever dans le grand moment de pathétique qu’est « How To Get - And Stay - Famous », longue, amère et vaniteuse prière au Seigneur pour enfin trouver sa juste place au sommet de la société du spectacle, un petit monument de texte brillant et cynique monté sur faux cuivres Casio, Momus seul en scène en chanteur d’un cabaret effondré, lorgnant vers les signes les plus futiles de la réussite, sans plus le moindre scrupule ni la moindre morale, bouffé de l’intérieur par l’envie et ne recevant pour réponse du Ciel qu’un « Je ne sais que me cacher et disparaitre ». Comme souvent chez Momus, derrière le trivial ou la grimace, une forme de vertige.

note       Publiée le jeudi 27 janvier 2022

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