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Chuck D (voix grave), Flavor Flav (voix aigüe), Professor Griff & The Security Of The First World (sécurité) & The Black To The Future Sample Stars (voix additonnelles), The Bomb Squad [Terminator X, Hank Shocklee, Eric Sadler] (production)
"Trop noir, trop costaud" - "C'est brut et ça te maintient au sol".
C'est brut ouais, et c'est abrupt, comme leur façon de couper les choses. Comme leur façon de finir le disque, de mouliner ceux qu'ils pillent, et nos tympans avec. Skeud défiguré, multi-faces, fragmenté comme une grenade, ou comme un tableau cubiste pour les oreilles - graffé à la bombe ça va sans dire - truffé de sons parasites (et ce sera encore plus le cas de Fear of a Black Planet !) Attaque terroriste de la stéréo. Avec la puissance de feu d'un croiseur, comme dirait l'autre. It Takes a Nation of Millions = L'invention de l'arme atomique en hip-hop. Émeutes et Dissonances / Beats cerclés d'explosions/implosions. "Plus lourd qu'une bombe". Sirènes / Sifflements : abrutissants. Épuisants... Accrochiants ? Harceleurs ! Samples très en avant. Zapping psychopathe, domination stéréophonique totale. Queen écartelée. Slayer malaxé recraché (sur des histoires de putes cathodiques) / Funk démembré - Morceaux de James Brown éparpillés façon puzzle... recollés façon Terminator X. Musique destructrice-recombinatrice ! Musique Frankenstein-Brundle Mouche-Tetsuo !!! Avec interludes parfois même encore plus jouissifs que les raps (l'inverse de ce qui deviendra la norme), à l'image des "BLAST FOR YOUR FACE !" de Flav' sur "Mind Terrorist" propulsés jusqu'au plus près de la membrane, de l'angoissant "Show Em Whatcha Got", ou du beat rigoureusement im-pa-rable de "Security of the First World", qui deux ans plus tard sera lubrifié pour servir d'armature phallique à un tube érotico-trip-hop de La Ciccone. Versant rap ? Face A met à terre, Face B piétine. La machine s'emballe et on peut plus la stopper. Succession de passages à tabac soniques des plus pugnaces, tels ces "Black Steel in the Hour of Chaos" et "Prophets of Rage" (avec ce sample sans équivoque de Richard Pryor en intro) si puissants qu'ils en semblent encore irréels, sortes de mastodontes hip-hop sans équivalent. Dans l'idée le principe était simple : faire encore plus de bruit pour être remarqué, diffusé... Une attaque sonore globale pensée comme un putsch militaire, une forme de troll gigantesque de la black power armé jusqu'à l'émail, avec un Chuck D chauffé à noir à chaque exclamation de Flav', juché sur un tank d'assaut aux canons-hydres à beats fatals. Pur concassage stakhanoviste de vinyles... L'effet Bomb Squad, et son arrivée sur les ghettoblasters du monde entier. La chose massive et instable nommée It Takes a Nation of Millions to Hold us Back, malgré l'air blasé qu'on peut prendre à son évocation parce qu'on le ressort aussi souvent de son étagère que les Fables de La Fontaine, malgré le découragement qu'on ressent à l'idée d'en rajouter une couche à son sujet alors que tout a déjà été dit : c'est la musique à la fois primitive et sophistiquée de jeunes fouteurs de merde fraîchement politisés, qui se sont très sérieusement monté le bourrichon pour sortir un truc jamais entendu avant... au point d'avoir réussi un disque-monstre, et infligé de sévères corrections aux baffles les plus solidement arrimées sur plusieurs générations.
Finalement, Chuck D est celui qui a le mieux résumé ce brutal patchwork - et son chaotique successeur - en racontant dans Check the Technique la genèse du commando Public Enemy, de façon laconique et on ne peut plus éloquente : "notre objectif était de détruire la musique".
note Publiée le jeudi 15 août 2019
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Il y a de sacrés bombes sur cet album mais je trouve quand même que les deux-tiers de l'album ont du mal à exister face au reste.
Cette face B de ouf. Le Bomb Squad arrive à faire sonner le piano d'Isaac Hayes encore plus strident et stressant que le riff de Slayer. Les sirènes, putain les sirènes, mais arrêtez moi ce boucan à rendre fou ! Y aurait surement beaucoup à dire sur leur gout pour Farrakhan (et pourquoi malgré tout, le public de crackers va les adopter), ça me donne envie de relire Can't Stop Won't Stop.
Nous sommes d'accord, celui-ci, c'est LE chef-d'oeuvre :-)
ça manquait ici !
Monumental.