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Tori Amos › The Beekeeper

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cd • 19 titres • 79:05 min

  • 1Parasol3:55
  • 2Sweet the Sting4:14
  • 3The Power of Orange Knickers3:35
  • 4Jamaica Inn4:03
  • 5Barons of Suburbia5:21
  • 6Sleeps With Butterflies3:36
  • 7General Joy4:13
  • 8Mother Revolution3:59
  • 9Ribbons Undone4:30
  • 10Cars And Guitars3:46
  • 11Witness6:06
  • 12Original Sinsuality2:03
  • 13Ireland3:50
  • 14The Beekeeper6:51
  • 15Martha's Foolish Ginger4:22
  • 16Hoochie Woman2:34
  • 17Goodbye Pisces3:36
  • 18Marys of The Sea5:11
  • 19Toast3:42

informations

Produit par Tori Amos.

line up

Tori Amos (chant, Bösendorfer, orgues Hammond), Matt Chamberlain (batterie), Jon Evans (basse), Marc Alladin (guitares), London Community Gospel Choir (choeur)

Musiciens additionnels : Damien Rice (chant 3), Kelsey Dobbyns (choeurs 9)

chronique

  • musique d'adultes chiants

Cette femme que vous avez aimé follement, qui était la plus belle, la plus incroyable, qui transpirait par tous les pores une sensualité de sorcière, qui était terrifiante parfois et d’autant plus fascinante, qui transformait sa colère en sortilèges, voilà que vous la retrouvez plusieurs années après. Mariée, avec enfant, heureuse. Un peu chiante. Elle n'avale plus que des petites tisanes herbacées le soir après sa séance de yoga et se lit des livres de développement personnel et des articles sur comment conserver une intimité satisfaisante après la maternité. Et Tori Amos, qui se travaillait au corps la féminité tourmentée à coup de chansons aux métaphore sexo-religieuses fabuleuses, chante le bonheur d’aller passer des vacances en Irlande dans sa Saab, dégouline de bonheur conjugal et gagatise devant son ange de petite fille avec des rubans à la con dans les cheveux. Mais il serait inutile et mesquin d’entrer dans le détail de ce naufrage artistique qu’est « The Beekeeper », dont la pochette ignoble qui pue les huiles essentielles, la verveine et une esthétique photoshop stérile est amplement suffisante pour mesurer l’ampleur du désastre. Comme si Tori, heureuse dans sa vie personnelle, et on ne va certainement pas la blâmer, elle a largement assez pris comme ça, n’avait plus de quoi nourrir sa muse et que, dans un phénomène classique de fuite en avant, se perdait d’autant plus dans une auto-complaisance sourde et muette. Avec un concept fumeux dont l’inanité ne mérite pas une ligne et un manque total de recul sur sa propre production : près d’une heure vingt minutes interminables étalées sur dix-neuf morceaux, où quand la quantité enfonce encore d’autant l’absence de qualité. Voilà donc « The Beekeeper », le premier grave faux-pas d’une artiste phare de la décennie précédente, et celui qui pour beaucoup brise définitivement son élan et son aura. Il y aura un avant et un après. Commercialement, ça fonctionne encore, parce que Tori se vautre dans ce qu’on appelle dans les quartiers les plus blancs l’« adult contemporary», de la musique proprette qui sent les lingettes pour nettoyer le cuir des fauteuils du break familial. D’autant que Tori semble n’avoir plus que des mélodies recyclées en tête, comme si tout ce qui avait fait la qualité de son précédent album, composé sur la ligne claire d’une musique américaine de radio mais au service d’un propos fort, s’était soudain décalqué sur un patron en papier crépon, sur du buvard, du mou. Du maché. Oui, c’est bien joué, bien produit, bien chanté. Mais ça n’est tellement rien. « Ireland » est pire que rien. La chanson avec la Saab. La Saab. Tori Amos, qui chantait « She’s afraid of the light in the dark » en évoquant l’angoisse d'après une fausse couche, chante maintenant ses vacances en Irlande en Saab. Et les rubans dans les cheveux de sa gosse. « Cars and Guitars » donnerait des frissons à Liz Phair en pleine crise de fièvre tiède. Mais vraiment, non mais vraiment, « Ireland » a du donner envie de mourir à nombre admirateurs de « Boys for Pelee » et « From the Choirgirl Hotel ». Des vacances en Irlande. En Saab. Non pas que le bonheur soit inintéressant, mais comme disait l’autre, c’est infiniment plus dur à traiter que le malheur. Et puis ça dure, ça dure, c’est rien et c'est dur ! C’est même pas une bonne tapisserie sonore pour bar lounge, ce qui aura toujours son charme pour peu qu’on soit bien accompagné et qu’on ait de l’alcool à disposition, même à cher le cocktail, non, c’est la logorrhée d’une épouse et maman qui s’essaie à la soul blanche pour ambiancer des soirées tupperware avec des amis bien mis. C’est embarrassant. C’est même pas de la musique pour des genre yuppies qui au moins, se cocaïneraient un peu salement la gueule sous le vernis. Non. C’est lisse. Stérile. Ennuyeux comme ces couples qui échangent sur leurs expériences de couples, de parents, dans des soirées à se taillader les veines devant tant de désespérante banalité, de conformisme upper middle-class. Oui, « Sweet the Sting », le second single, a un chaloupé sensuel assez envoutant, avec ses lick slicks de guitare et ses textures d’orgues Hammond couchés auprès des contrepoints du choeur gospel de Londres. Certe, « General Joy » et « Mary of the Sea » renouent un peu avec l’inspiration de l’album précédent, du middle-of-the-road avec du relief, une sorte de gravité sur laquelle s’écoule des ponts élégants. Enfin, le titre éponyme qui se meut lentement sur une basse grondante apporte une touche menaçante bienvenue, une goutte de noirceur au coeur de laquelle on peut deviner à nouveau la Tori d’avant, celle qui semble s’être dissoute dans une concoction de mémère avant l’heure. Qui sauvera Tori Amos ? Nul autre que George Bush Jr.. Grâce à sa bétise crasse, Tori va se remettre à saigner de la chatte en rugissant, à brandir des bibles et des flingues avec un air halluciné sous des perruques pas possibles, se réveillant de ce coma artistique qu’aura été « The Beekeper », dont son parcours conservera hélas, des séquelles définitives.

note       Publiée le jeudi 31 octobre 2019

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    commentaires

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Merci ! Oui, le Unrepentant Geraldines avec sa pochette très "soccer mom" passait plutôt bien (beaucoup plus concis déjà), je n'ai pas écouté le dernier en date. C'est une prolifique et une telle bête de scène (faudrait faire une compile de simplement les reprises qu'elle fait en concert, je pense que beaucoup hallucineraient), je pense qu'à moins d'un épuisement total, elle continuera à écrire des choses intéressantes même si forcément ses années les plus intenses sont derrière elles. Celui-là est un vrai gros couac pour moi, mais elle s'était plus que repris dans le suivant. Ouais, la chirurgie, jamais compris surtout venant d'une féministe comme elle (mais après tout justement, elle fait bien ce qu'elle veut de sa gueule), je reste totalement dingue de la Tori de la fin des années 90.

    Stavros Envoyez un message privé àStavros

    C'est cool de chroniquer Tori Amos, même pour ses disques les moins intéressants. A ma grande surprise j'aime beaucoup ses 2 derniers disques qui, malgré une prod lisse, renouent avec ses débuts sur des belles compos je trouve. "Unrepentant Geraldines" (2014) surtout, et "Native Invader" (2017). Malgré ses ratés, ses choix chirurgiques sacrilèges (quelle beauté elle était!), je continue d'aimer cette gonzesse...

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Ben elle a l'air. Cette chro n'est pas sponsorisée, malgré le placement de produit. (vous avez craqué avec les tags, cette pochette est le contraire du sexe, à moins que déguster du miel bio soit une pratique déviante que j'ignore)

    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    Mais globalement, elle en est contente, de sa Saab ? Elle la conseillerait à un ami ?

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Cette pochette de flyer publicitaire pour la naturopathe du quartier. Je n'arrive toujours pas à comprendre ce qui s'est passé…