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Tori Amos › Scarlet's Walk

cd • 18 titres • 74:09 min

  • 1Amber Waves03:38
  • 2A Sorta Fairytale05:30
  • 3Wednesday02:29
  • 4Strange03:05
  • 5Carbon04:33
  • 6Crazy04:23
  • 7Wampum Prayer00:44
  • 8Don't Make Me Come to Vegas04:51
  • 9Sweet Sangria04:01
  • 10Your Cloud04:30
  • 11Pancake03:54
  • 12I Can't See New York07:14
  • 13Mrs. Jesus03:05
  • 14Taxi Ride04:00
  • 15Another Girl's Paradise03:34
  • 16Scarlet's Walk04:36
  • 17Virginia03:55
  • 18Gold Dust05:54

informations

Enregistré par Mark Hawley & Marcel van Limbeek à Martian Engineering, Cornouailles. Produit par Tori Amos.

line up

Tori Amos (chant, Bösendorfer, Rhodes, Wurlitzer, Arp), Matt Chamberlain (batterie), John Philip Shenale (arrangements des cordes, chamberlin flutes), David Torn (guitares acoustiques et électriques, boucles de guitare), Jon Evans (basse), Robbie McIntosh (guitare électrique, dobro), Marc Aladdin (guitare électrique), Peter Willison (chef d'orchestre du Sinfonia of London), David Firman (chef d'orchestre), Scott Smalley (orchestration des cordes)

chronique

  • road-movie introspectif

Scarlet's Walk, c'est l'album qui marque la rupture. Après des années à expérimenter, à s'enfoncer de plus en plus loin dans des circonvolutions sonores, un son de plus en plus marqué par l'électronique et des univers étranges, Tori semble avoir fait le tour de ses névroses et effectue un retour vers un classicisme qui va ravir les fans de la première heure et doucher l'ardeur de ceux qui attendaient d'autres explorations dignes de "Pelée" ou "Choirgirl". Désormais installée chez Epic, Tori Amos se pose sur une base que les mauvaises langues taxeront de soft-rock élégant mais tiède, dénué de la sauvagerie que la rousse avait instillé dans sa musique pendant une décennie. Ne pas confondre classicisme et tiédeur, l'erreur serait facheuse, du moins pour cette balade-là. Le voyage de Scarlet dans l'Amérique post-09/11, concept chargé qui laisse dubitatif sur le papier, n'est ni une odyssée épique ni une promenade mollassonne. A l'image de l'album, très long, c'est plutôt une course de fond qui doit trouver immédiatement son rythme faute de s'épuiser rapidement. Du coup, avec ses variations d'humeurs plus que d'atmosphères, sa succession de morceaux mid-tempo s'achevant plus ou moins de façons comparables, comme autant de chapitres d'un roman à épisodes doux-amers, une impression de monotonie pourrait frapper l'auditeur inattentif. Et pourtant, si c'est non seulement l'album le plus homogène de Tori Amos, autant thématiquement que musicalement, il ne dévoile ses richesses, inscrites dans sa durée, que sur la longueur, au fil d'une écoute qui se veut immersive et concentrée. Un album long en bouche qui ne frappe aucun grand coup, ne contient aucun tube potentiel susceptible de tirer la couverture à lui (malgré deux singles, pas les meilleurs morceaux d'ailleurs). En somme, l'exemple parfait de l'ensemble supérieur à la somme de ses parties. Loin de l'aspect erratique et hétéroclite des albums à venir, Tori Amos délivre ici probablement sa meilleure collection de chansons (au hasard, "Amber Waves", "Wednesday", "Don't Make Me Come to Vegas", "Sweet Sangria", "Pancake", "Mrs. Jesus"), qui de plus n'est pas qu'un bête assemblage, la construction de l'album dessinant très harmonieusement un itinéraire cinématique accompagnant ce parcours sur les terres Américaines dont Amos veut sonder l'âme en des temps extrêmement troublés. Autant dire que le propos est sérieux et si l'écriture de la rousse aux lointaines origines indiennes reste souvent cryptique, il est assez aisé de saisir ses piques régulières sur la politique de Bush Jr., le fanatisme religieux, le déni du vol des terres des natifs et la corruption de l'idée du rêve américain en général. Mais de même que rien de tout ceci n'est lourdement asséné, le voyage au fil des highways n'est pas un prétexte à pondre des morceaux aux ambiances "typiques" en fonction de la topographie, usant de facilités et de clichés. Tout reste sur une ligne claire dans laquelle on décèle des bouts de rock sudiste, de FM californien, de groove flottant, de folk natif, de tradition de protest-singer, bref, d'Amérique. A l'image des grands westerns de John Ford, Amos renoue ici avec le classicisme à ceci près que son trajet s'effectue d'Ouest en Est, de la lumineuse et décadente Californie où les jeunes filles se transforment en porn-stars jusqu'au vieux Dominion de Virginie, confédéré et Mother of Presidents. Et comme dans tout bon scénario du grand Hollywood, c'est aux deux-tiers que se produit le pic de frisson et de tragédie, avec le seul morceau qui se détache nettement du reste, le plus long, le plus lent et atmosphérique, celui qui file des frissons dès les premières secondes, celui qui met en image la menace latente qui flotte sur le récit depuis le début, "I Can't See New York". Autant dire qu'il ne fallait pas se rater sur une telle chanson, décrivant tel en survol d'hélicoptère la découverte de Manhattan envahie par la fumée des Twin Towers effondrée, la catastrophe ayant déjà eu lieu. "From here, no lines are drawn", plus de ligne visible, la skyline évaporée pour toujours. Le morceau, sombre et grave mais dénué de pathos oscille entre sidération et panique "I can't seem to find my way out of this Hunting ground.", trouvant la juste distance, le juste moment (après, alors qu'il ne reste plus que les traces), comme un grand cinéaste trouverait la bonne valeur de plan et le bon montage. Magnifique. Amos peut reprendre son voyage sur d'autres mélodies tout aussi riches que celles d'avant le crash, n'oubliant pas que la fin doit être forte, enquillant alors peut-être les trois meilleurs morceaux (scène d'anthologie mise à part) pour en terminer sur un "Gold Dust" orchestral, dramatique et néanmoins d'une grande fragilité, conclusion sensible et désabusée à ce qui au fond, constitue sans doute son dernier grand album, mais aussi peut-être, tout simplement son meilleur.

note       Publiée le mardi 7 janvier 2014

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    commentaires

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    SEN Envoyez un message privé àSEN

    J'ai jamais compris l'engouement pour cette meuf, globalement c'est quand même super ennuyeux !

    Note donnée au disque :       
    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    "The Beekeeper" c'est là où j'ai cessé d'être gaga de Tori, alors même qu'elle le devenait en chantant des trucs sur sa fille courant dans les champs avec des rubans dans les cheveux et sur ses vacances en Irlande. Ce qu'on pourrait appeler l'embourgeoisement. C'est aussi le début des concepts foireux et compliqué à suivre. Peu de souvenir, sinon le morceau titre très bon. Heureusement, l'amérique de Bush l'a tellement mise en colère que le suivant a été de bien meilleure tenue.

    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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    Je suis en train de découvrir le suivant, The Beekeeper. Je lis "soft rock" dans la chronique de celui-ci, c'est pas faux. Faudrait que je remette un œil dans les paroles, mais niveau musical ça ressemble effectivement beaucoup aux débuts, plein de sonorités que j'ai aimé dans Under the Pink par exemple. Et je marche quand même... je pense que la Tori m'a balancé un virus dans les méninges il y a trop longtemps de manière cruciale, donc même quand c'est pas terrible j'accroche.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Faut quand même admettre une chose, Kate Bush n'a jamais fait un truc aussi inconfortable que "Me and a Gun". Pour le reste, cf plus bas ainsi que plus haut.

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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    on dit "fermez vos bouches avec Kate Gueule" quand on est polie. Et Kate Bush, confortable, c'te blague. Surtout comparée à Amos, c'est pas Catherine Ribeiro non plus... Même si le commentaire d'origine ayant lancé cette comparaison débile (+ bas) m'avait aussi agacé, faut reconnaitre que le sur le Night of Hunters là... ben elle chante quand même un peu comme Kate Bush. Mais bon, ça empêche pas que sur les autres albums rien à voir. Plus avec Joni Mitchell, déjà, même si c'est pas super proche non plus. Quant à Deutsche Grammofon , bouais, so what?