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Tori Amos › Little Earthquakes

  • 1992 • EastWest 7567-82358-2 • 1 CD

cd • 12 titres • 57:11 min

  • 1Crucify05:00
  • 2Girl04:08
  • 3Silent All These Years04:12
  • 4Precious Things04:27
  • 5Winter05:42
  • 6Happy Phantom03:15
  • 7China05:00
  • 8Leather03:12
  • 9Mother06:59
  • 10Tear In Your Hand04:39
  • 11Me And A Gun03:45
  • 12Little Earthquake06:53

informations

Enregistré entre 1991 et 1992. Produit par Tori Amos (2, 4, 10, 12), Eric Rosse (2, 4, 10, 12), Davitt Sigerson (1, 3, 5, 6, 8, 9)

line up

Tori Amos (chant, piano, cordes synthétiques), Paulinho Da Costa (percussions), Stuart Gordon (violon), Will Gregory (oboe), Chris Hughes (batterie), David Rhodes (guitare), John Philip Shenale (programmation claviers), Steve Caton (guitare électrique, guitare acoustique, choeurs), Will McGregor (basse), Eric Rosse (programmations, batterie, choeurs), Nick DeCaro (chef d'orchestre), Jef Scott (guitare, basse), Ed Green (batterie), John Chamberlin (mandoline), Eric Williams (ukulele, dulcimer), Carlo Nuccio (batterie), Jack Freeze (rat pedal), Matthew Seligman (basse), Nancy Shanks (choeurs), Tina Gullickson (choeurs)

chronique

  • rousse au piano

Quant débarque cet album sur la scène, la petite rousse n'est pas exactement une poulette de l'année. Revenue de beaucoup de choses déjà, dont un album de pop 80's renié, des années de piano-bar et surtout un traumatisme majeur une nuit à Los Angeles, elle approche la trentaine et a de quoi se vider les tripes, de quoi répandre une lame de fond émotionnelle sur un public, notamment féminin, qui n'attendait que ça. Les ados des suburbs de la génération X avait le grunge, les jeunes femmes auront Tori Amos. Exemple typique du syndrome "c'était vraiment le premier album le meilleurs", considéré par un large public comme l'apex, celui qui fera d'elle une des figures incontournable de la décennie, il reste un objet un peu bizarrement foutu, sans doute à cause des diverses étapes qui jalonnent sa création, la première version ayant été refusé au prétexte que "une fille qui chante toute seule avec son piano, ça n'intéresse personne". Oh, divine industrie musicale et ton infinie clairvoyance. Mélange de production foisonnante mais un peu molle, c'est à dire faiblarde dans l'agression, pourtant un des éléments intrinsèques à la musique d'Amos à ce moment là, et de grandiose orchestral qui enlumine quelques unes des plus bouleversantes balades qu'elle ait composé : "Winter", un bijou glacé décortiquant les affres paradoxaux du "coming of age" comme ils disent là-bas, délicate et intimement violente, et la tragique et antonionienne "China", piano en suspension sur un lit de guitare flottante, malaise du vide se creusant entre deux êtres. Le genre de morceau qui chavire sans le moindre effort toute personne un tant soi peu enclin à la sensibilité, ou ayant vécu un minimum. D'autant qu'Amos n'a pas encore versé dans une écriture totalement cryptique, les chansons se dévoilent pour la plupart sous des atours assez directs, mélodies traçant des lignes claires, ce qui permet de signer des tubes en puissance comme "Crucify", dont le refrain fielleux mériterait une prod un peu moins lisse. La fille avec son piano en a sous le talon, elle caresse les touches depuis son enfance, elle peut se permettre les longues embardées mélancoliques comme les ambiances de cabaret. Avec une étrangeté déjà bien ancrée dans certaines idiosyncrasies vocales qui, si elles en rappellent une autre, dénotent que cette fille là est habitée, travaillée par quelque chose. Pas évident de saisir totalement l'histoire de son "Happy Phantom" faussement enjoué, mais il y a toujours une bonne chance pour qu'elle évoque les troubles de sa sexualité de façon frontale, troublant "Leather", quitte à faire bondir au détour d'une phrase qu'on croit avoir entendu, sans en être tout à fait sûr, sens de la tournure qui fouette les sangs. Et faire surgir une puissance purement féminine et torturée qui trouve son expression la plus frappante dans le fabuleux et enragé "Precious Things", avec le fameux "yes you can make me cum that doesn't make you Jesus". Après avoir rampé dans une auto-détestation sarcastique Tori lève le poing et le colle sur le visage de ces "Christian boys" misogynes. Tori Amos l'américaine aux lointaines origines indiennes ne donne pas dans l'excentricité littéraire britannique, elle s'ancre dans sa terre gorgée de religion et de haine/fascination du sexe et dissèque consciencieusement ses propres névroses, miroir intime tendu à une foule qui s'en délecte pour se purger des siennes. Et alors que "Tears In Your Hand", pourrait conclure un premier album prometteur sur une touche d'accessibilité teintée par une personnalité manifestement écorchée, la suite prend subitement à la gorge et colore de façon irrémédiable la perception de l'ensemble. "Me And A Gun", récit d'une impudeur désarmante, absurde et non dénué d'ironie, bouillonnant de douleur et de fureur, duquel il est impossible de se détourner. Amos l'interprète a capella, à nue, raconte ce qui lui passe par la tête alors qu'un homme la viole sous la menace d'une arme. Tellement profondément véridique qu'il peut-être gênant de l'entendre, embarrassant de se trouver là si près de l'insoutenable, mais porteur de mots choisis, de raisons de ne pas mourir, mêlant l'horreur et le dérisoire sur le fil d'un rasoir appuyé contre son cou. Chanté droit dans ses bottes, droit dans les yeux, écouté en apné. Dérangeant et terrible. Il y aura pour finir cet orageux "Little Earthquakes" résonnant comme une incantation qui grignote sa propre intensité, une colère noire rentrée qui répand sa bile dans une gerbe douloureuse, tout résumé un une seule phrase : "doesn't take much to rip us into pieces". Malgré son aspect un peu patchwork, malgré des critiques la mettant en ligne avec d'évidentes influences, il n'est pas difficile de saisir pourquoi tout ceci a alors résonné comme un coup de tonnerre.

note       Publiée le dimanche 9 septembre 2012

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Note moyenne        9 votes

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Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Je n'avais pas accroché à l'époque de sa sortie. Avec le recul, je le trouve très bon cet album (comme le suivant d'ailleurs).

zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

Charmante

Note donnée au disque :       
london calling Envoyez un message privé àlondon calling

Kate Bush étant en phase mutique vers cette époque, T Amos faisait l'affaire ... Je sais que t'es pas du tout d'accord, mais je m'en tape ...

Y'a des siècles que je l'ai pas réécouté, idem pour "under the pink" ... Les autres, j'ai zappé ... et non, Kate Bush ne sortait toujours pas de disques ...

Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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Tori Amos à côté de Genocide Organ, je kiffe ce site

ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

un truc qui m'a tourneboulé, c'est le fait qu'elle recycle un peu toujours ses gimmicks mélodiques. ceci plus la prod et le piano, j'ai jamais accroché