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Tori Amos › From The Choirgirl Hotel

cd • 12 titres • 54:12 min

  • 1Spark04:14
  • 2Cruel04:07
  • 3Black-Dove (January)04:39
  • 4Raspberry Swirl03:59
  • 5Jackie's Strenght04:27
  • 6iieee04:08
  • 7Liquid Diamond06:22
  • 8She's Your Cocaine03:42
  • 9Northern Lad04:19
  • 10Hotel05:20
  • 11Playboy Mommy04:09
  • 12Pandora's Aquarium04:47

informations

Enregistré par Mark Hawley & Marcel van Limbeek en Cornouailles.

line up

Tori Amos (chant, piano, samples, synthé Kurzweil, piano jouet, melotrons), Matt Chamberlain (batterie, percussions, marimbas), Steve Caton (guitares électrique et acoustique, mandoline), Andy Gray (programmations), Justin Medal-Johnsen (basse), George Porter Jr. (basse)

Musiciens additionnels : John Philip Shenale (arrangements des cordes du Sinfonia Orchestra of London, 5), Stewart Boyle (guitare 9), Willy Porter (guitare 11), Al Perkins (pedal steel guitare 11)

chronique

  • plongée en eaux troubles

Edgar Allan Poe et Howard Phillips Lovecraft l'ont prouvé, la phrase d'accroche est déterminante. "She's addicted to nicotine patches, she's afraid of the light in the dark.". Formule oxymorique qui plonge bien dans l'ambiance flippée et déboussolée de l'album, a l'image de sa pochette où Tori semble irrémédiablement plaquée contre la vitre d'un aquarium glauquasse. Tori au labo, avec ses fioles et ses nouveaux acolytes dont le batteur Matt Chamberlain qui va dorénavant la suivre comme une ombre, lui procurer des pulsations vitales s'accordant parfaitement avec ses propres sautes d'humeur, une fidèle âme damnée à la présence sûre et aux rythmiques fiables au point que la belle lui accordera le surnom de The Human Loop (la boucle humaine). Retour à ce "Spark" d'ouverture et ses guitares aqueuses, qui ne livre son terrible secret que quelques strophes plus tard avec cette formule redoutable : "she couldn't keep baby alive". C'est donc ça. Comme si le viol n'avait pas suffit, il lui aura fallu une nouvelle épreuve traumatisante. Là où d'autres iraient se réfugier dans les bras réconfortants de la religion, la sorcière Tori reste fidèle à elle-même et à sa défiance mystique, lâchant un venimeux "If the Divine master plan is perfection, maybe I'll give Judas a try next time". Et le morceau ne cessant de s'amplifier par paliers de colère, peut-être le plus poignant qu'elle a écrit jusque là, le plus enragé aussi, mettant en avant une inhabituelle formation guitare/basse/batterie sur laquelle viennent cogner les notes d'ivoires de son Bösendorfer. Un son plus ample, usant de touches électroniques voire de samples, des rythmes lorgnant vers la transe grâce à ce Chamberlain chambellan du nouveau royaume de Tori, plus que jamais encline à ne pas se laisser enfermer dans des formules qui risqueraient de s'user trop vite. Le piano n'y occupe plus une place tout à fait prédominante, ce qui aura pour effet d'effaroucher ses fans de la première heure. Dans le registre d'hypnose quasi tribale, "Cruel" et "Iieee" ouvrent de nouvelles perspectives à coups de scansions de marimbas et de glissements de mellotrons, le chant de la rousse frôle de plus près l'abstraction en onomatopées troublantes et sensuelles. Plus rock aussi qu'avant, grâce à son groupe franc du collier qui lui assure une force de frappe lui permettant de revenir à des morceaux chargées en oestrogènes bien affirmées, "She's Your Cocaine". Pour autant, elle n'a pas abandonné son instrument fétiche, ce serait lui faire un bien mauvais procès que de l'imaginer cédant simplement aux sirènes du trip-hop de ce milieu de décennie, à peine quelques beats downtempo secs ajoutant une touche noctambule et sinistre à un "Liquid Diamonds" de longue haleine qui ne déparerait pas sur Under the Pink, seulement un peu plus cryptique et sombre qu'alors. "Northern Lad" la voit renouer plus directement avec cette veine d'art-rock pianistique un peu délaissé dans la première partie de l'album, tout comme "Pandora's Aquarium", finalement dans la ligne, classique mais excellente, de ce que Tori faisait il y a quelques années encore. Pourtant l'ensemble tient bien du foutoir cyclothymique annoncé au départ, voguant d'un extrême à l'autre, du plus doux et mélodique comme "Playboy Mommy" où vient même se glisser une pedal steel guitar inattendue, au plus tarabiscoté tel ce "Hotel" qui louvoie entre électro et tentation progressive sans jamais se trouver vraiment. Et quand le piano prend des allures de fantômes, c'est "Black-Dove", marécageux à souhait, d'où émerge sans coup férir un chant céleste au milieu des ténèbres, irruption de puissance inopinée qu'on retrouve dans plusieurs autres morceaux. Un drôle de goût d'entre-deux, avec même ce single assez repoussant nommé "Jackie's Strentgh" (en hommage à Kennedy) qui semble là pour faire passer la pilule à Atlantic, qui se retrouve avec un objet sans vraiment de point d'ancrage, finalement encore plus difficile que le très bizarre mais cohérent album précédent qui avait même eu la chance d'être porté par un remix électro improbable. Un goût du dancefloor que Amos a du retenir, livrant ici une tuerie à la fois poisseuse et dégoulinante de provocation sexuelle et féministe, le genre de tube parfait qu'elle n'avait plus livré depuis "Precious Things", avec une écriture à la fois codée et on ne peut plus crue : "if you want inside her well, boy you better make her raspberry swirl". La quintessence de l'art de Tori Amos, en quatre minutes impudiques, sarcastiques ("things are getting desperate when all the boys can't be men"), orgasmiques, dérangées, à bout de souffle.

note       Publiée le vendredi 22 février 2013

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    Dun23 Envoyez un message privé àDun23

    J'y colle 6 boules, autant pour une chro superbe que pour un disque qui ne me quitte plus depuis sa sortie, le dernier Tori pour moi qui soit un disque purement bouleversant. La suite de sa carrière dégage de très beaux moments mais rien du niveau de ses 4 premiers opus.
    Et effectivement, quel gap entre Earthquakes et celui-ci.

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