Vu l'absence totale de la plus petite information sur le livret, pas évident de déterminer la portée de ce disque, le troisième longue durée pour Trisomie 21. S'agit-il vraiment d'un album ou doit-il être écouté comme une compilation (le titre le laisserait supposer) ? Il concentre beaucoup des lignes directrices et de la sensibilité des frères Lomprez en alternant quelques sketches plutôt expérimentaux, des pièces new wave plus traditionnelles et d'autres nettement plus froides et mélancoliques, osant un ou deux passages instrumentaux. Peu évident de discuter la cohésion mais il est évident que nous écoutons les différentes pièces d'un même puzzle émotionnel. Certaines sont très belles, de manière surprenante peut-être car la maîtrise des instruments et du chant n'est pas l'arme de pointe de Trisomie 21; à maintes reprises, la voix sonne limite faux, certaines sonorités frisent la dissonance ou les associations d'accords maladroites, presque improvisées, et pourtant, l'ensemble fonctionne, tel est le secret. Je retiens pour ma part le splendide 'Fairylike show' avec son aspect solennel marqué de voix tordues, de nappes prenantes et de cuivre glacés à la Morricone conférant un charme tragique, 'Million lights', 'Sunken lives' ou 'Some twenty one miles from the coast', trois beaux exemples de cold wave électronique créative même si parfois maladroites, comme je l'écrivais, quant à l'adéquation chant/musique. Certains essais sont plus singuliers comme 'The rickshaw' ou 'Hazy ridge' qui m'évoquent certains tentatives de In the Nursery à leurs débuts (pas toujours maîtrisées non plus chez les Anglais qui s'en sortiront mieux dans le néoclassique) voire Coil. Globalement, l'ambiance générale est intéressante, l'auditeur s'y sent comme au milieu d'une usine rouillée et en ruines à regarder le ciel, les machines se tordent encore irrégulièrement du bout de leurs axes rongés par l'eau et l'acide telles d'étranges sculptures à la fois effrayantes et inspirantes...On saluera l'esprit d'expérimentation qui survole la réalisation de ces pièces mais je ne puis m'empêcher de déplorer certaines approximations qui, si elles ne nuisent pas totalement à la qualité d'écoute, empêchent une émotion plus forte encore.