Cartouchières ? En bandoulière ! Mitaines cloutées ? Enfilées ! Riffs d'assaut ? Prêts à faire feu ! Un feu d'artifice de questions dans mon crâne... Dédé a-t-il été surestimé par les amateurs de thrash, ou sous-estimé par ceux qui n'en écoutent qu'occasionnellement, au juste ? Est-ce juste un groupe de thrash élastico-nawak et un peu bizarre dont le culte surpasse les réelles qualités ? Qu'est-ce que ce chant à la fin, sinon les vociférations d'un amphibien vexé de ne pas être un reptile ? Faut-il insister avec Dédé, même quand Dédé part en vrille ? Hé Dédé, vas-tu répondre au lieu de mouliner dans tous les sens ? Tu thrashes farouchement, dès la flamboyante "Curse The Gods" - quelle accroche, saperlipopette ! - tu changes de tempo au gré des bourrasques, et Mike fourni la garniture... Mais pourquoi alors resterai-je toujours frustré par tes excès, alors que je n'ai toujours demandé qu'à t'aimer comme un Dédé, scrogneugneu, alors que cette pochette qui se situe dans le vide-grenier de ma mémoire quelque part entre Deep Purple In Rock et le Sardou de 1976 arborant ses lunettes-cibles, me hurle de te respecter comme tous ces thrasheux à la syntaxe gâtée par la bière chaude ? Dédé, pourquoi ??! Au risque de me répéter ou de comparer abusivement : Kreator et plus encore Sodom ont davantage de charisme et de cojones, en étant peut-être moins complexes mais en enflammant plus mon imaginaire que ce thrash à géométrie cryptique... Chez Pleasure to Kill par exemple - on va rester en 1986 - je visualise la guerre avec des ossements encore sertis de barbaque dans une ville post-apo à la Mad Max II... Chez Eternal Devastation, passée l'ivresse relative des tourbillons soniques, je visualise très vite ceci : un studio avec un guitariste à quatre mains qui se coltine deux crapules de moindre talent, et qui se démène à faire un ouragan sonore mais en reste au stade de la curiosité bordélique. Criard le bordel, je dis pas, et parfois même d'un effet hallucinatoire (ce break insensé sur "Life Without Sense", waouh !?!?! - ma préférée au passage) mais qui à chaque fois me laisse la sensation d'un bellicisme trop amphigourique, comparé aux deux précédents. Eternal Devastation, magnum opus de Dédé ? Reign of Puppets de Dédé ? Prout moumoute : il est un peu comme Infernal Overkill en fait, mais en plus mégalo-compliqué, et l'apport calorique en riffs et solos est encore supérieur, voire indigeste... "Confused Mind" ? Tu l'as dit, mufti. Dédé emberlificote, plus qu'il ne dévaste. Dédé gribouille des motifs en quinconce comme pendant un appel téléphonique trop long devant un post-it trop grand, remplit compulsivement l'espace qui lui est alloué, comme cette tornade de chevelures de force je sais pas combien sur l'échelle de Fujita, comme ce stylo quatre couleurs du collégien que j'ai été, avachi sur son cahier en plein cours de mathématiques, à gribouiller encore et encore dans tous les recoins pour qu'aucun espace vide ne le reste, et qu'après ça je sente pourtant qu'il manque encore et toujours quelque chose au dessin, parce que le trop parfois n'est pas assez, parce que "La nature a horreur du vide", comme Mike Sifringer.