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Black Christmass 2015

par Nicko › dimanche 31 janvier 2016


Style(s) : metal extrême / black metal / death metal / thrash metal

Comme l'année dernière, le Black Christmass propose une affiche particulièrement alléchante pour ne pas dire exceptionnelle. Visez un peu ces têtes d'affiche, Venom, Mayhem (pour un show exclusif autour de leur album emblématique "De mysteriis dom Sathanas") ainsi que Marduk qui fête ici ses 25 années avec deux shows (un chaque soir, comme l'année passée). Vous en conviendrez facilement, il était impossible que je manque cette deuxième édition du festival.

C'est toujours délicat de partir pour la Scandinavie au mois de décembre, on s'attend à des températures proches de zéro, voire même négatives. Mais là, sans trop savoir pourquoi, en ce week-end du 20 décembre, le thermomètre indiquait une température de 13°C ! Bref, malgré la pluie, nous avons eu des conditions particulièrement clémentes ! Le festival se déroule toujours au même endroit, à Norrköping à 2 heures de train au sud de Stockholm, et dans la même salle, très classe du Flygeln.

affiche Black Christmass 2015

Fuck me Jesus & De mysteriis dom Sathanas

Tout est donc réuni pour avoir un festival de grande qualité. Aussi, ce qui est appréciable avec ce festival, c'est d'avoir une véritable sélection sur l'affiche. Il n'y a que 7 groupes par jour, sur une seule scène, et quand on voit l'affiche, on voit très rapidement qu'ils attachent une grande importance à la qualité plutôt qu'à la quantité. Pas de grand marathon ici, plutôt une sélection chaque jour d'une moitié de groupes confirmés avec une autre moitié de groupes prometteurs, mais sur l'ensemble, le niveau reste bien élevé en comparaison avec nombre de festivals où il faut vraiment bien sélectionner son programme. Étonnamment, l'affluence est bien plus faible que l'année précédente où le festival avait affiché complet. La salle était bien souvent clairsemée, même pour certaines têtes d'affiche.

Les hostilités commencent le vendredi à la tombée de la nuit, c'est à dire à 15h30 ! Je traîne un peu ce premier jour pour récupérer mon bracelet et j'arrive pour le deuxième groupe de la journée, en l’occurrence Ofermod. Le groupe a toujours eu beaucoup de soucis pour retranscrire convenablement sur scène ses morceaux. J'ai eu l'occasion de les voir à de nombreuses reprises et à part à de très rares occasions, j'ai été déçu. Ce coup-ci, sans aller jusqu'à dire que ça a été grandiose, il faut admettre que la performance faisait partie de ce qu'ils ont fait de mieux. L'arrivée au chant de Johannes, de Mortuus (le groupe !), aide grandement à la relative réussite du set. En effet, il possède une attitude appropriée à la musique proposée et de plus, l'arrivée d'une deuxième guitare permet enfin au groupe d'avoir un son plus ample et profond ! Cela n'a par contre pas permis d'éviter le naufrage final sur le monstrueux "Mystérion tés anomias", qu'ils ont toujours massacré. Mais au moins, pour débuter le festival, c'était pas mal.

Ça enchaîne quelques minutes plus tard avec Tribulation. Le groupe suédois a le vent en pompe en ce moment et j'étais impatient de les découvrir (j'en avais tellement entendu parler sans avoir l'occasion d'écouter que là, c'était l'occasion !). Eh bien, utile de vous dire que cela a été ma petite découverte du festival. Tribulation arrive avec un style très singulier. On sent que le groupe vient du death metal, mais musicalement, cela se rapproche pas mal du heavy/rock metal bien sombre, assez technique, mais surtout énergique et explosif, avec des vocaux gutturaux. Le mélange est plutôt bien chiadé. Mais surtout, ce qui fait l'intérêt de les voir sur scène, c'est leur mise en scène. Les musiciens "possèdent" véritablement la scène, les deux guitaristes ont un look mélange de glam-rock androgyne et gothique, l'un d'eux ayant des airs des guitar-heros Mick Ronson (des Spiders from Mars de David Bowie) et Randy Rhoads, l'autre me rappelant plutôt une sorte de Joe Perry goth et surmaquillé ! Ils possèdent tous les deux un réel magnétisme sur scène. L'un des deux possédant même une réelle grâce ! Ils ne laissent en tout cas pas indifférents ! Pour le coup, il s'agit vraiment d'un groupe à voir sur scène, dans un style très rentre-dedans mais en même temps recherché. Ils m'ont définitivement fait penser à In Solitude, mais dans un style plus ancré dans le metal extrême, mais avec ce côté prononcé très 80's et ses morceaux bien ficelés. Là, pour moi, le festival démarrait de la meilleure des manières !

Tribulation

Dans un style plus moderne, The Crown a ensuite investi la scène avec un death metal plus punchy, direct, sans fioritures, lorgnant par moment vers du thrash/hardcore. Même si ce n'est pas mon style de prédilection, c'est clair qu'en concert ça défouraille sévère !! Alors certes, je ne pense pas chercher à m'intéresser plus que cela au groupe (contrairement à Tribulation), mais j'ai passé un bon moment devant leur set. Je ne connaissais pas, mais on peut facilement se rendre compte de l'efficacité du groupe. Il s'agit tout à fait du genre de groupe qui passe super bien en festival.

Les choses sérieuses commencent avec l'arrivée des vétérans de Destruction. Pour le coup, je n'avais jamais eu l'occasion de les voir et honnêtement, je trouve ça beaucoup trop cliché. Voilà du gros thrash metal à l'allemande, forcément sans chichis, brut de décoffrage et pied au plancher. En 2014 on avait eu Sodom, là on a Destruction. Mais là, force est de constater que je préfère largement leurs compatriotes. Je me suis bien emmerdé !

C'est avec impatience que j'attendais l'arrivée de Marduk pour le premier de leurs deux shows spéciaux pour leur 25 ans. Ce soir, ils n'ont joué que des titres de la période pré-Mortuus (avant 2004). Et pour l'occasion, ils nous ont réservés quelques surprises avec notamment le trop rare "Glorification of the black God" en ouverture ou bien, enfin, "Dark endless", la première fois que je voyais ce morceau en concert ! Le son est optimal et la performance est vraiment très impressionnante, tous les albums du groupe sont passés en revue. Mortuus est particulièrement en forme. Pendant une heure, ça a été la grosse machine de guerre. Après un "Fistfucking God's planet" qui en a achevé plus d'un, on a eu droit à LA grosse surprise du chef ! Frédrik, Devo et Mortuus se sont éclipsés pour faire place au line-up d'origine du groupe de 1990-1991 qui nous a interprété l'intégralité de la toute première démo de la formation, "Fuck me Jesus", intro et outro comprises. On avait donc en face de nous, Andreas Axelsson, Rickard Kalm, Joachim Af Gravf et bien évidemment Morgan Steinmeyer Håkansson pour un dernier quart d'heure exceptionnel et historique très old-school. Ils ont même poussé le bouchon jusqu'à jouer l'outro de "The black.." qui était pourtant zappé systématiquement depuis une bonne vingtaine d'années. Vivement le lendemain pour la suite de cette célébration !

Et là, on n'a pas le temps de se remettre de nos émotions parce que le final de cette première journée, c'est tout simplement Mayhem avec son premier album "De mysteriis dom Sathanas" en intégralité, rien que ça ! Et là, les norvégiens ont sorti le grand jeu ! Mise en scène impressionnante, jeu de lights très élaboré, un Attila fidèle à lui-même, très expressif et dans son rôle, groupe entièrement drapé dans des capes noires (à l'exception de Necrobutcher). On a pu voir quelques caméras de part et d'autre de la scène donc on peut espérer un témoignage sur DVD prochainement (ça serait parfait !). Tout le monde connaît le disque par cœur mais surtout ce qui a été particulièrement réussi, au-delà même des morceaux joués (forcément dans l'ordre), c'est l'atmosphère générale dégagée. Le groupe n'enchaînait pas les morceaux les uns à la suite des autres, on avait droit à chaque fois à des intermèdes très noirs, inquiétants, atmosphériques qui nous mettaient tous dans des conditions idéales pour apprécier les 8 morceaux de l'album.

Mayhem

Alors certes, le son a eu du mal à bien se mettre en place, "Funeral fog" était bien confus, mais dès "Freezing moon", c'était optimal ! En plus, les jeux de lumières avec en toile de fond la pochette de l'album à laquelle étaient ajoutés divers éléments (comme cette lune blanche puis rouge pendant "Freezing moon" notamment) parachevaient cette messe noire avec une ambiance froide et véritablement diaboliques ! Et là, franchement, même en n'étant pas un fan ultime de l'album (y'a toujours des morceaux que je trouve assez moyens sur ce disque), j'ai été totalement conquis par cette performance ! Et le final sur le titre éponyme a été époustouflant ! Le groupe est peut-être en mal d'inspiration avec un dernier album mauvais, mais sur scène, c'est vraiment excellent !

Attila

Cette première journée m'a vraiment bien scotché, à peine elle était terminée que j'attendais avec impatience la suite du festival !

Souls for Belial & In league with Satan

Comme pour la veille, j'arrive en retard et je loupe le premier groupe de la journée. Par contre, comme pour la veille, je trouve que l'affluence est relativement faible. La suite de la soirée va confirmer ce constat malheureusement.

J'arrive pour IXXI. Autant j'avais été déçu au Mörkaste Småland 3 mois plus tôt, autant là, sur une plus grand scène, le rendu a été bien meilleur. On s'y attendait, le style allait être plus rentre-dedans que sur album, mais là on sent de la vélocité dans leur set, avec une bonne énergie. Il leur manque toujours de l'originalité, mais pour débuter une journée de fest, c'est plutôt agréable.

C'est maintenant au tour de Death Wolf de nous asséner leur horror metal. Avant de les voir sur scène, je restais réservé sur ce side-project de Morgan de Marduk tant sa précédente mouture, sous le nom de Devil's Whorehouse m'avait laissé de marbre. Mais là, on a véritablement affaire à un groupe avec plus de personnalité et qui n'est pas juste une resucée de Danzig/The Misfits. J'aime vraiment beaucoup ce style entre heavy metal (allant même jusqu'au thrash metal) et atmosphère sombre limite goth/punk années 80. La performance est vraiment bonne et puissante. On sent que le groupe lorgne de plus en plus vers le metal plutôt que vers le horror/punk des débuts et ce n'est vraiment pas pour me déplaire. Ca donne aussi de la diversité au festival avec un groupe dans une veine un peu moins extrême que les autres mais toujours avec talent et une grosse puissance.

Ensuite, je reste vraiment dubitatif devant la programmation de Mefisto, groupe soit-disant culte de la scène underground suédoise des années 80, qui renaît de ses cendres 25 ans après sa première séparation, et qui n'a à son actif que deux démos. Et franchement, j'ai trouvé la performance vraiment minable, sans aucune puissance. Il s'agit d'un trio avec une seule guitare. Les solos ne sont même pas couverts par un son de basse ample. J'avais vraiment l'impression de voir un groupe en répétition et qui ne maîtrisait pas grand chose. Le style était très décousu, mélange de thrash, de heavy et de black, mais très mal structuré. Je n'ai jamais réussi à rentrer dans le set. Je préférais attendre la suite, bien plus prometteuse.

La fin du festival, c'était quand même un peu du caviar. Elle commence avec les vétérans polonais du death metal, à savoir Vader. Là, aucune surprise, une claque monumentale. Autant j'ai du mal en studio surtout au niveau de leur son, autant en live, c'est mortel. Il s'agit d'un des groupes les plus rodés sur scène, on sent une maîtrise et un tel détachement sur scène. Il n'y a pas de secret, sur scène, pour tout défoncer, il faut maîtriser. Et quand on voit ce groupe, c'est d'une efficacité redoutable et surtout on a l'impression que c'est super facile pour le groupe. Je l'ai souvent dit et je n'en démords pas, Vader, c'est les Slayer du death metal. Ils nous balancent la purée à la vitesse de l'éclair avec une précision redoutable. Donc voilà, une heure de death metal thrashisant, direct, sans fioritures.

On se rapproche rapidement de la fin du festival. Marduk revient sur scène après sa performance de la veille, ce coup-ci pour la période Mortuus de leur carrière, c'est-à-dire les morceaux des 12 dernières années. Là encore c'est du grand art dans un style peut-être moins old-school, mais tout aussi efficace et brutal. On a droit à une set-list comportant aussi quelques petites surprises comme par exemple "Imago mortis" ou "Limbs of worship". J'ai trouvé ce deuxième aussi bon que le premier, mais plus brutal et puissant, un peu comme si le groupe se lâchait totalement. Sans temps morts, on a droit à un set au moins aussi destructeur que celui de Vader. "The hangman of Prague", "The levelling dust" et "Wartheland" du dernier album sont les grands moments de ce soir, avec en plus un "Souls for Belial" dantesque. Comme à son habitude, le groupe est très pro et carré, et même après tous leurs concerts auxquels j'ai assisté, je reste toujours aussi enthousiaste ! Un bien bel anniversaire fêté de la meilleure manière qu'il soit ! En espérant encore au moins 25 nouvelles années à ce rythme !!

Pour terminer ce festival, rien de tel que les légendes du black metal que sont Venom ! Tout vient d'eux et ils restent la meilleure manière de clôturer cette saison 2015 des festivals. Ce que je trouve ahurissant avant même qu'ils ne montent sur scène, c'est de voir la salle tout juste à moitié pleine ! Ce n'est pourtant pas tous les jours qu'on peut voir un tel groupe sur scène ! Après les avoir vu l'année dernière au Fall Of Summer, je m'attendais à un concert bien énergique. J'ai été un peu déçu de la première partie du concert, un peu trop axée sur des morceaux récents, manquant de pêche selon moi. En plus, je trouve que le choix des titres pour débuter n'est pas judicieux. J'aurais vraiment préféré des titres plus speed pour, direct, bien nous mettre dans le bain. Ce n'est qu'après 4-5 morceaux que je rentre vraiment dans la performance du groupe, avec l'enchaînement "Buried alive"/"Welcome to hell". Et à partir de là, c'est vraiment du bonheur ! Et puis, ensuite, ça envoie direct "Countess Bathory" ! Et là, que du bonheur ! Cronos est toujours bien en forme, et plus le concert avance plus la qualité est au rendez-vous.

Venom

Le reste du show se déroule de manière super fluide, avec un son très puissant et clair. On sent vraiment la différence avec les autres groupes à ce niveau. Le concert sera même bien long, près de deux heures avec une fin aux p'tits oignons, comprenant un "Black Xmas" de circonstance (et qu'ils n'avaient encore jamais joué en live), suivi de l'hymne "Black metal" (avec deux filles du public invitées sur scène afin de chanter le refrain !). Résultat garanti ! Et pour finir en beauté, on a droit aux vieilleries que sont "One thousand days in Sodom", "In league with Satan" et "Witching hour", histoire de bien nous achever ! Venom aura été fidèle à son statut et à sa réputation. Dommage qu'ils soient si rares en concert parce qu'à chaque fois que je les ai vus, c'est du grand art !

Au final, ce Black Christmass 2015 aura été l'un de mes tout meilleurs festivals de l'année, avec le Mörkaste Småland. Je l'ai trouvé tellement supérieur à celui de l'année dernière alors que bizarrement l'affluence a été moindre cette année. Rarement les mots "les absents ont eu tort" n'ont autant bien caractérisé un festival ! Les têtes d'affiche ont été toutes magistrales, que ce soit Mayhem, Venom ou Marduk (qui ont été bien meilleurs que l'année passée). Vader est resté fidèle à sa réputation et Tribulation m'aura bien plu. Si vous cherchez de bonnes vacances de fin d'année, la Suède en décembre peut être une très bonne destination avec de très beaux paysages mais aussi un festival excellent !

photos par Ivan Sanchez

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Mots clés : Black Christmass, Norrköping, Suède, Nicko, festival, black metal, thrash metal et death metal

Dernière mise à jour du document : dimanche 31 janvier 2016

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