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Maja S. K. Ratkje › Voice

cd • 11 titres • 48:11 min

  • 1Intro4:20
  • 2Joy2:22
  • 3Trio4:45
  • 4Octo0:59
  • 5Vacuum12:02
  • 6Dictaphone Jam3:06
  • 7Voice6:16
  • 8Chipmunk Party2:24
  • 9Interlude0:11
  • 10Acid1:34
  • 11Insomnia9:46

informations

Enregistré à l’Emmanuel Vigeland mausoleum, sur un toit, dans deux caves, dans un ascenseur, au SPUNK Studio, aux studios Oh Brother / Sund et dans un parking ; sur un magnétophone Gemini, un disque dur, un mini disc et différents samplers. Mixé et monté à Trondheim, Bergen, Oslo et Paris. Masterisé par Audun Strype. Produit par Jazkamer et Maja S. K. Ratkje.

chronique

Premier solo et – bien sûr que oui, que si – des traces d’autres choses, de ce qu’elle a pu écouter, d’anciens et de pairs, du groupe Spunk où elle jouait avant ça. Il n’empêche : c’est du PAS PAREIL ! Que quoi ? Que tout. Je renonce même à citer les noms, ceux et celles à qui ça me ferait penser par moments. Très fort par moments mais je soutiens : ça n’en fait pas la même chose que. C’est tellement… Autonome. Allez, au plus, indice : sur certains passages on dirait le Filiforme de la Linea – la série animée italienne, oué (badou badouuu) – qui vomirait son casse-dalle ergot de seigle en pleine jam d’onomatopée. Mais alors c’est loin d’être tout. En fait l’idée – le matériau, le processus… sont dits clairement dans le titre, à la fois éludés parce que ça en ouvre, des horizons et des possibles, ce mot : la VOIX. Elle est matière à tout, ici – matière première malaxée, manipulée, changée ou travaillée au corps en direct (c’est-à-dire : celui de Maja S. K. Ratkje, aussi, larynx, poumons, palais, dentales, colonne d’air, abdos, conductions osseuses-musculaires-cartilagineuses…). Des fragments, des samples, bouclés, pitchés, les paramètres (hauteurs/timbres/durées ; harmoniques, enveloppes, résonance…) modifiés dans la machine pour que ça fasse du rythme frappé, marqué, des nappes aux couleurs, aux reflets, aux textures synthétiques (alors que la source de tout ce qu’on entend, encore une fois, est la voix de cette femme – aucun clavier, pas d’autres instruments que ça et l’électronique). Du cri brut aussi – et brutal, quand elle nous jette ça cru (le premier coup quand ça déboule, je vous assure qu’on ne rigole pas). Du chant magnifique, juste, « pur » mais « naturel » – le début de Joy, qui fait entendre tellement littéralement ce titre qu’elle lui donne. Tout ça par bouts tranchés ou en simultanée (Joy, encore… Entier). Des souffles autant que des mots – et « la voix » ce n’est pas « la parole », pas seulement ; et ça ne peut pas oublier que c’est ça aussi (la matérialisation passagère du verbe dans la vibration), pour pouvoir dépasser le discours, la communication. Voice fait violence à ce que le « dire » enclot. Quand elle dit – Ratkje – c’est simplement, en rapport direct, en périodes limpides ; ou alors… en miette, là encore (l’Intro, avec ces bouts pitchés qui feraient croire à un dialogue en roue libre, fonction « random » qui n’arrive pas à niquer complètement la continuité, la cohérence, entre une adulte et une enfant. Mais non : les deux, on vous dit, c’est Maja Solveig). Ordinateur, programmes ? Bien entendu (mais pas « typé » - même quand ça glitche sur un phonème, ça n’évoque en rien Aphex Twin ou autres « WARPeries » d’époque). Dictaphone ? Eh bien… Il y a cette plage qui s’appelle Dictaphone Jam – et ça exploite en profitant de l’aubaine pour vous poncer au disque gros grain de la ponceuse la saturation « lofi » de cet appareil-là, sa bande étroite en-deçà et au-dessus de quoi ça crache salement, ça déborde en frottant. Tous les moyens sont bons, oui – et ce disque l’est pleinement, grandement, follement, au sens aussi de DÉLECTABLE. Sauvagement expérimental, empirique – et pragmatique. Matériellement conceptuel. (Et permutez comme vous voulez les termes, si ça vous chante ainsi davantage – ça ne l’entamera pas, ça ne va pas le diminuer). Tant pis pour ceux qui ricaneront quand ça chante harmonieusement, quand ça dessine la mélodie, en grâce. (Voice, le titre). Tant mieux si avec ça il y a aussi des moments où, écouté au casque, c’est d’une intensité qui envahit cortex et reptilien d’un flash, fait se contracter sans prévenir des groupes de muscles qu’on avait oublié. Tant mieux pour le choc et tout ce qu’on entend ensuite, les fois d’après – l’organique, l’électronique, la prise directe (cf voltage/ampérage) et les courants détournés. Et puis à la fin : Insomnia. Tout à fait, oui : plus envie de dormir. De quoi briller dans le noir – phosphorescence irradiante. Sacrée conclusion qui ne résume rien mais balance tout encore plus fort, de ce qui avait précédé – et ce hurlement, bordel, précédé d’un petit rire averti ! Et puis cet autre truc qu’on n’avait pas vu venir, qui a toujours été rare dans les zones agitées (et puis un peu partout, au fond) : que dans tout ça, dans cette folie, cette frénésie, ces retombées, il n’y a rien, jamais qui sonne malade, morbide, qui ternirait le plaisir (même quand ça saigne) de l’ombre d’un regret à venir, d’un remord, d’une contrition à s’y être entièrement donné.

note       Publiée le samedi 4 avril 2020

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Je ne l'écoute pas très souvent mais il m'a toujours fait de l'effet cet album. Grande richesse de sensations, plaisir du son. Subtil et cohérent tout en brassant large. Merci pour la mise en lumière !