The Clash › Live at Shea Stadium

Dieu sait si les Clash sont cultes et pourtant les témoignages live de leurs prestations ne sont pas légions. L’unique enregistrement intégral disponible semble être celui du ‘Shea Stadium’ de New York en 1ère partie des Who et à croire les infos sur le net, il s’en en fallu de peu puisque c’est en déménageant que Joe Strummer est retombé sur ces bandes. Bien entendu, la bande à Daltrey n’a jamais été punk mais tout le monde sait à quel point elle a été une influence…Vous imaginez, parrains et filleuls réunis pour un même show ? Inoubliable pour les spectateurs présents dont je ne faisais bien entendu pas partie du haut de mes onze ans. Me reste ce cd, d’abord un bootleg semble-t-il, aujourd’hui une sortie officielle. Des punks dans un stade ? C’est quoi, la blague ? Ne perdons pas de temps à réécrire l’histoire, les Clash sont bien plus qu’un simple combo keupon et d’ailleurs, celui-ci n’est même pas leur plus gros show qui se tiendra l’année d’après, toujours aux USA. Pour Strummer et ses acolytes, la taille du lieu ne les impressionne pas et à plusieurs reprises, le chanteur va lancer quelques répliques pour redimensionner l'endroit à la taille d’un club et créer une certaine intimité avec le public: ‘Bienvenue au Casbah Club’, ‘Pourriez-vous parler moins fort dans les rangs de derrière ?’, ‘Si vous ne pigez pas ce qui se passe, demandez à votre voisin’. Le reste ? Regardez la track list, difficile de se planter avec une telle guirlande de tubes et les Londonniens ne faillissent pas, du moins pas entièrement. Strummer se montre volontiers communicatif avec le public, le groupe semble heureux de jouer et le fait sentir dans son jeu avec des versions démentes de ‘Tommy Gun’, ‘Clampdown’ , ‘I fought the law’ ou ‘Career opportunities’ (qui dépareille presque parmi les autres chansons). Bien que l’on passe un excellent moment auditif, inutile de cacher certaines faiblesses comme l’absence de Topper Headon derrière les peaux. C’est assez marquant sur ‘Rock the casbah’, plutôt plat, ou ‘Guns of Brixton’ moins efficace et subtile dans sa rythmique. Après tout, le morcèlement a déjà débuté de l’intérieur et si Mick Jones y met encore un peu de coeur, son jeu manque d’électricité et il pliera bagage un an plus tard. Que projeter au final dans ce ‘live at the Shea Stadium’ ? Pas de réponse toute faite, un peu à l’image des sentiments provoqués par le combo. Si aujourd’hui même des radicaux tels que Conflict ou Steve Ignorant ne contestent plus l’intégrité des Clash, il n’en a pas toujours été ainsi et jouer dans un stade américain ne pouvait qu’apporter de l’eau au moulin des détracteurs. D’un autre côté, le groupe a toujours été lui-même, se riant des barrières et des frontières; de la rue au stade, de la célébrité à l’anonymat, ses convictions n’ont jamais réellement failli. le ‘Live at the Shea Stadium’ n’est donc pas un symbole, une étape, juste un bon disque de rock’n’roll, un des rares témoignages scéniques d’une formation qui, elle, demeure un symbole, un vrai.