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Blue Öyster Cult › Agents of Fortune

lp • 10 titres • 36:35 min

  • 1This Ain't The Summer Of Love
  • 2True Confessions
  • 3(Don't Fear) The Reaper
  • 4E.T.I. (Extra Terrestrial Intelligence)
  • 5The Revenge Of Vera Gemini
  • 6Sinful Love
  • 7Tattoo Vampire
  • 8Morning Final
  • 9Tenderloin
  • 10Debbie Denise

extraits vidéo

informations

Enregistré et mixé au Record Plant, New York par Andy Abrams, Shelley Yakus - Produit par David Lucas, Murray Krugman, Sandy Pearlman - Masterisé à The Cutting Room par Tony Stevens

Painture de pochette par Lynn Curlee

line up

D.(Buck Dharma) Roeser (guitare, synthé, percus, chant lead sur la 3), E.Bloom (chant lead, guitare, percus), J.Bouchard (basse, chant lead sur la 8, piano), A.Bouchard (batterie, harmonica, guitare acoustique, chant sur 5,6 et 10), A.Lanier (claviers, guitare, basse, chant lead sur la 2)

Musiciens additionnels : Patti Smith (voix sur "The Revenge of Vera Gemini"), Randy & Michael Becker (cuivres), David Lucas (chant, claviers, percus)

chronique

"Don’t Fear The Reaper", petit scarabée… Eh ouais. C’est 1976 et les marées noires font enfin s’émouvoir en haut lieu : tant d’argent perdu sur les plumes de ces oiseaux à la con ! Telles sont les divagations mentales du Golden Boy fraîchement émoulu, contemplant les volutes de son cigarillos de la Havane (big up Fidel), se reflétant le long de la verrière du 43ème étage du World Trade Center, tour 2 (celle qui fera la feinte de ne pas s’écrouler tout de suite, la coquine). "C’est comme ces sales barbus hippies, là, les Byrds justement, qu’est-ce qu’ils sont devenus eux ?". Ronald Bateman ferme alors les yeux et sa rêverie le mène à imaginer ce que pourraient bien chanter les cadavres des Byrds en 76 si après avoir trouvé la mort dans un accident de catamaran dans la baie de San Francisco ils revenaient chevaucher les flots aux côtés de la grande Faucheuse pour attirer les marins imprudents… Un riff reptilien qui se mord la queue, des chœurs d’outre-tombe, des paroles faisant l’apologie du suicide amoureux, et ce break à se damner, gothique et sublime comme une tour de verre explosant au ralenti, déployant des myriades de diamants acérés dans l’air. Un break qui n’a rien à voir avec le reste de la chanson, cœur tranchant et maléfique, pompant le venin dans les veines de ce titre immortel. L’ambiance était alors à la décadence glacée dans tous les interstices. Les punks n’étaient pas les seuls à trouver que ça sentait le pourri. Là où cet album déçoit forcément, c’est que le reste est gravement en dessous. Heureusement, le groupe envoie encore de ce divin hard rock’n’roll à gros riffs virils sur E.T.I. et sur l’ouverture imparable (c’est une manie chez eux) This Ain’t the Summer of Love… Une des plus grandes chansons qui soient sur la fin des idéaux hippies et sur Altamont. “This ain’t the garden of Eden, there ain’t no angels above”... sur fond de riff en acier trempé. C’est la fin des 30 glorieuses et l’ambiance n’est plus au patchouli, et cette fois la page est tournée pour de bon. Woodstock ? C’était pas un film avec Scorcese au montage, déjà ? Patti Smith, future idole des babas et punks à la fois, qui de mieux pour introduire Vera gemini… Elle dont l’univers est finalement très éloigné du groupe, et dont la liaison avec Allen Lanier s'est terminé l'année d'avant, sans que leurs destins ne se mêlent musicalement parlant. C’est sur la séduction raffinée de Sinful Love, sourire diabolique en coin, que s’entame une face B qui semble ne plus trop savoir quoi faire de son opulence. Dur de continuer à y croire après le redoutable vanitas qu’est Don’t Fear The Reaper, posé là sur la table en acajou comme un artefact hors de prix et maudit. La dynamique s’estompe bien vite, dès Tattoo Vampire, avec ses effets S-F un peu cheap qu’on imaginerait plus dans un disque de Krautrock, annonce une sérieuse baisse de régime dans l’album, que Morning Final, entre romantisme à la Flaming Telepath et accents opératiques à la Deep Purple (pensez Noël, cloches, tout ça), vient confirmer. Pour la première fois, il y a des chansons moyennes sur un album de Blue Öyster Cult. Et si le fourbe Tenderloin, suppurant de vice, poursuit la voie de l’impérial Secret Treaties, il est bien le seul titre à dégager cette atmosphère unique et de classe meurtrière. C’est sur Debbie Denise que le disque nous laisse… Une ballade dépourvue de tout brouillard, de toute ambiguïté, presque calif’ dans sa sophistication fm comme c’en est la norme en cette fin 70’s. C’est super bien fait, mais on n’en redemande pas. Là où les disques précédents donnaient envie de prier pour que la magie noire continue. Au final, si la suite le verra progressivement abandonner le son qui avait fait leur gloire, pour ne plus jamais y retourner, le Cult aura au moins eu le mérite de crever artistiquement avec distinction, avec cet album ultra-élégant. En 76, la majorité des géants du hard rock avaient déjà viré coco et middle of the road, et cet album sonne presque à l’ancienne pour son époque. Même si en tendant l’oreille, les synthés et rythmes typiquement disco si froids et inhumains sont déjà là dans les fréquences basses (Revenge of Vera Gemini, Don’t fear the reaper…). Le Cult avait senti qu’il fallait changer d’époque ou rester sur le carreau… Ce premier album à sortir de leur code esthétique monochrome indique leur choix, malgré le côté encore très hard rock "pur" finalement, comme dit plus haut. Le gatefold les montre en milliardaires en goguette, accompagnés d’une bien étrange muse, en train de jouer le sort de la terre depuis leur casino sur la lune… Ils ont l’air totalement indifférent au sort de la boule bleue qui flotte derrière eux. Vision du futur on ne peut plus juste…

note       Publiée le samedi 28 septembre 2013

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  • hard f.m. façon bÖc

Ce BÖC est, grossièrement pris, la vulgarisation de ce groupe, la meute de loups aux yeux magnétiques qui vire au chenil de dogues de cour, par piqûre massive de rock 70's calibré radio, avec arrangements Supertramp et progressif de mauvais goût à la clé... mais le vice n'est pas complètement parti pour autant ! "E.T.I." et "The Revenge of Vera Gemini" sont bonnes, la face A me semble donc très recommandable, et les bonus de la réédition contiennent entre autres curiosités anecdotiques la première version de "Fire of Unknown Origin" (la moins bonne des trois). Certains passages sur la face B sont pas mal non plus, comme la bizarrerie "Morning Final". Mais ça reste globalement incomparable avec les trois précédents, hormis un titre - et vous savez lequel. Pas "This Ain't The Summer Of Love", qui est cocasse car j'ai toujours trouvé qu'il sonnait pas mal comme du Cramps, cette saloperie d'hymne de motard nocturnes. Non : cet album restera à jamais le disque d'un seul titre - et quel titre ! - et vous savez vraiment lequel. La Mooooooort, baby. Pffff : la Vie, plutôt, tellement sous-estimée dans nos pages. Une chanson d'amour des plus mielleuses, saisie comme ça, à la radio, sans faire attention. Mais tellement plus. La Faucheuse qui nous tend la main ? Satan déguisé comme il sait si bien le faire, en gourmandeur invitant au plaisir tant qu'il est encore temps ? Non : le Dieu Roche, mes mignons, dans son costume le moins caillouteux, le plus voluptueux : celui qui a foudroyé Led Zeppelin, celui qui foudroiera Alice In Chains sur Sap. Voluptueux est le mot, rajoutez-y elixir des dieux, beauté intemporelle et stratosphérique. La voix en lévitation de Buck Dharma fusionne avec celle des autres, et se mélange à l'air, éternellement fresh. Oh, oui : Docteur Renaud Mister Renard vous l'aura peut-être un peu rendue scie, si vous êtes de ceux qui comme moi sont trop jeunes pour l'avoir découverte à temps, mais... Cette chanson vient d'un autre monde. C'est pure drogue, genre "oublie-toi, oublie-les, monte avec moi là-haut, tout là-haut". Et ce break, maman... All time fav comme on dit, et d'ailleurs, pour l'anecdote elle passe dans une scène anodine de Halloween - classique perso car vu gamin, mais film essentiellement résumable à une interminable menace qui temporise plus qu'un double album de doom tandis que la nuit tombe d'un coup sans prévenir en plein après-midi, comme c'est souvent le cas fin octobre, avant qu'enfin ça se décide à user du couteau - mais John Carpenter l'avait intégrée de façon si discrète (poste de radio de bagnole) que je ne l'avais même pas grillée lors de mes premières visions... En fait si : elle avait inconsciemment pris place dans le cerveau, pour ne ressurgir qu'à la première écoute d'un best of du Blue Öyster Cult. C'est aussi ça, la subtilité Carpenter. L'salaud.

note       Publiée le mercredi 13 mai 2015

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Je plussoie (sur Astronomy '78)

Dun23 Envoyez un message privé àDun23

Clair, la version d'Astronomy sur celui là défonce.

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taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

Alors moi, le tout premier BÖC qui m'est passé par les oreilles, c'était le très - trop - court live "Some Enchanted Evening" - et encore aujourd'hui il reste mon favori !

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Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

On your feet tous les jours, comme live; mais les deux suivants sont bien aussi.

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zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

Je plussoie . Ils sont assez géniaux, ajouterais-je. Et en parlant de live, je recommande puissamment le " Extraterrestrial Live " . Grand groupe, vraiment .

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