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Blue Öyster Cult › Spectres
- 1977 • Columbia records JC 35019 • 1 LP 33 tours
cd • 14 titres • 40:29 min
- 1Godzilla
- 2Golden Age Of Leather
- 3Death Valley Nights
- 4Searchin For Celine
- 5Fireworks
- 6R. U. Ready 2 Rock
- 7Celestial The Queen
- 8Goin' Through The Motions
- 9I Love The Night
- 10Nosferatu
- bonus
- 11Night Flyer
- 12Dial M for Murder
- 13Please Hold
- 14Be My Baby [reprise des Ronettes]
informations
line up
Buck Dharma (guitare, chant, chœurs), Eric Bloom (guitare, chant, chœurs), Allen Lanier (claviers, guitare, chant), Joe Bouchard (basse, guitare, chant, chœurs), Albert Bouchard (batterie, harmonica, chant, chœurs)
chronique
Spectres, c'est un album qui s'écoute idéalement comme du vieux Christophe, histoire de bien situer d'où on cause et d'éviter l'overdose de glucose aux oreilles diabétiques. C'est du BÖC pas avare en mélodie bien poissarde de minuit. Dariev nous a (et s'est) fait plaisir avec la première partie de la carrière du Blue Öyster Cult, et c'est maintenant à moi de vous parler de celle qui suit, plus sujette au mitigé, à l'hétérogène, au rock de bar à putains façon BÖC, jusqu'à leur perle de 1981. Je dois dire que le Cult, dans toute la grosse vague rock/hard rock des années 70, représente à mes yeux un ressenti bien précis, subjectif : la menace américaine. Un groupe de motards à lames effilées luisant dans la nuit. Le venin ruisselant sous le cuir, telle la suée froide dans le dos du hell's angel. Une menace érectogène, un goût d'organisation secrète tapie en lieu de manager, un feeling occulte (ces chœurs de secte hallucinée, ces pochettes subtilement vénéneuses), un son atypique, un sens mélodique particulièrement vil, qui proviennent pour bonne part de cette approche unique entre science-fiction glacée et imagerie trouble où le SS se confond avec le hippie dans la lueur froide d'une lune de janvier. Blue Öyster Cult, tout comme Led Zeppelin et même plus encore, était un groupe bien plus "evil" que Black Sabbath (pour prendre un cas d'école, à n'écouter que si on l'a découvert très jeune), c'est ce que j'ai réalisé en passant le cap de la pré-adolescence et c'est ce qui me fait aimer ce groupe aujourd'hui plus que jamais. Et cette esthétique nocturne et menaçante, ils la reprennent sur l'artwork sublime de Spectres, LP inégal mais fort recommandable. Si l'étrange et puissant Blue Öyster Cult est arrivé à son climax avec la face B de Secret Treaties, difficilement surpassable dans le genre - même si pour moi ils n'ont jamais fait mieux que le premier album en termes d'aura pure - Spectres, qui représente typiquement l'album de seconde zone de BÖC, contient malgré son côté recueil de slows mielleux quelques pépites qu'il serait vraiment bête de snober. Qu'y trouvons-nous ? "Godzilla", d'entrée, tube certes complètement con mais fort sympathique - go-go-godzilla ! "Nosferatu" pour le final, le penchant plus romantique-faussement cucul la praline du BÖC. Et quelques tubes qui, s'ils n'ont rien de dantesques, fonctionnent à plein régime derrière un comptoir bondé de vieux mornes en cuir. "Golden Age of Leather" commence classique, mais mue en hard rock hanté avec un final dont l'ambiance n'est pas sans évoquer Atom Heart Mother, le titre. Car BÖC est aussi âme vénéneuse, hantise de motard cosmique. Il y a en réalité un parfum de nuit des longs couteaux dans Spectres qui en fait sans hésitation un de leurs albums à posséder. Que l'aspect "rock à papa avec piano, mélodies bienveillantes et refrains harmonieux" ne vous trompe pas : Spectres est un hard rock de fins stratèges, même sirupeux sur ses trois-quatre titres kitsch, mais aussi volontiers venimeux, mystérieux, et qui exerce sur votre serviteur une fascination réelle. "Fireworks", ça n'est pas "Don't fear The Reaper", mais j'y ressens la même alchimie, la même ambivalence mélodique. La même aura, a.k.a. Buck Dharma. "Celestial The Queen" c'est à peu de choses près du ABBA peu inspiré, je ne goûte guère à des choses comme "R.U. Ready 2 Rock" depuis que j'ai abandonné mes Saxon, "Goin' Through The Motions" est fort laide malgré quelques secondes furtives de classe et son riff final à la T.Rex, mais ce sont les seuls titres de Spectres que je jetterais sans regret. À côté de ça, comment ne pas trouver sublime "I Love The Night", un des plus beaux slows du doux doux Dharma ? Aucun problème avec ça, BÖC sont trop vicieux pour être innocents, et s'il le contient pas de sommet comme "Don't Fear The Reaper" (encore que la dernière citée n'en est pas loin...), Spectres est pour moi globalement meilleur que Agents of Fortune. On sent les grosses rockstars posées après avoir gravi la montagne, l'imprésario a payé l'alcool et ramené les groupies, qui seront abusées dans des chambres d'hôtel miteuses et rendues nauséeuses à papa-maman. Le Blue Öyster Cult versant beauf, baignant dans la lueur et les volutes épaisses de fumées d'un piano-bar à tapins sinistre. La pochette dit à peu près ce qu'il faut dire. Ringard ? Un peu mieux que ça : old fashioned.
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- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Oui, beaucoup de nostalgie (avec un N majuscule aussi) sur celui-ci. De la bakélite et des visions. Sa pochette broc'hante lui va si bien.
- Coltranophile › Envoyez un message privé àColtranophile
Je fais toujours l'impasse sur l'infâme "Godzilla" qui n'a strictement rien à foutre ici, et tant qu'à faire j'y fourre aussi l'assez pourri "Celestial Queen". Je le préfère (parfois) à "Agents...". Pas vraiment qu'il soit très (ou plus) inspiré mais il suinte la nostalgie celui-ci, même et surtout sur les titres les plus basiques (R.U Ready, Going Through the Motions). J'y entend aussi bien du Beach Boys que de la blue-eyed-soul tout en prenant ce chemin FM qui préfigure les 80s. Une forme d'adieu aux armes.
- Note donnée au disque :
- zugal21 › Envoyez un message privé àzugal21
2 ou 3 très bons titres . Sinon : " un peu de miel dans votre whisky frelaté ? "
Message édité le 14-05-2024 à 17:12 par zugal21
- Note donnée au disque :
- Raven › Envoyez un message privé àRaven
Putain, ce final I love the night - Nosferatu, sans parler des purs bangueurs comme Golden age of leather (quelle ambiance!)... On a trop vite enterré ce groupe après leur trilogie noir&blanc, il y en a à mes yeux une seconde, constituée par celui-ci, Cultosaurus et Fire of unknown origin, celle d'une huître moins iodée, plus douce, et malgré les quelques croûtes qu'elle comporte je l'aime vraiment BÖCoup. Tyranny and mutation, par ex, me touche bcp moins que Spectre, avec les années. Et puis ce son, cette ambiance, superbement surannés...
- stickgrozeil › Envoyez un message privé àstickgrozeil
5 boules, ne serait-ce que pour "I love the night", qui me tire limite une larme à chaque fois que je l'écoute.
- Note donnée au disque :