Cannibal Corpse › Tomb of the mutilated

Cannibal corpse est un groupe pour beaucoup sur-estimé, pour ma part, il faut bien avouer qu'il est difficile de trouver un mauvais disque dans leur discographie, et ce n'est sûrement pas avec cet excellent "Tomb of the mutilated" que l'on va tomber dessus. Rien que la pochette (la version non censurée bien entendu !) vous met immédiatement dans l'ambiance : le malaise est omniprésent. Certainement l'une des illustrations de Vincent Locke les plus immondes qu'il ait réalisé. Musicalement, nous avons affaire ici encore à l'un des albums les plus sombres de Cannibal. Production assez crade, chant ultra guttural (merci Chris Barnes de nous préciser dans le livret qu'aucun effet n'a été utilisé pour les voix !), riffs malsains et agressifs, tout dans ce disque est glauque. Et c'est bien pour çà qu'il m'est difficile d'y donner un avis : un jour je l'aime, un autre je le hais. Avec le recul, je me rends compte que c'est certainement un gage de qualité. Combien sont les albums capables de susciter autant d'avis différents ? Bon pour ce Cannibal, c'est simple : il est considéré comme l'un des meilleurs albums de la formation. Pourtant intrinsèquement, peu de choses le différencie des autres Cannibal : rythmes ultra rapides, blasts, titres épurés et efficaces, feeling gore très traditionnel. Mais voilà, la voix de Chris est vraiment terrible (mon dieu mais qu'est ce que c'est bas !), certains titres sont vraiment malsains ("Necropedophile" en premier avec ses samples d'enfants en cour d'école), et l'on sent que le groupe s'est attaché à vraiment retranscrire une ambiance horrifique. Sur ce "Tomb of the mutilated", ils y sont parvenus, la suite sera tout autre...

Il est là. Le disque référence. Vous savez, dans les 90’s, on avait encore l’habitude de sortir des albums, tous les 2-3 ans et déjà on trouvait ça rapide. À l’époque, pour s’assurer une bonne carrière, il fallait faire un bon premier album, confirmer au second, et surtout, exploser au troisième. Sinon bah c’était un peu cramé. Et ça ne vient pas de moi hein, je ne fais que citer le boss de Roadrunner de l’époque.

Celui-là, tout le monde s’en souvient. Mais genre absolument tout le monde, merde, se retrouver dans Ace Ventura ?! Sérieux ? À quel moment un groupe aussi brutal passe, à cette époque, les barrières de l’ultra mainstream ? (même si, convenons-en, c’était aussi pour s’en moquer).

Ce disque il a un peu tout pour lui. Déjà il définit enfin clairement le son de Cannibal Corpse : c’est l’avantage de ces groupes qui se sont un peu forgé tout seul, sans gros repères. Il n’y avait rien à copier. Alors on joue comme on peut, surtout Paul Mazurkiewicz, qui pose ici une de ses meilleures perfs, et qui restera, hélas ou non – je vous laisse en convenir - fidèle à cette prestation encore aujourd’hui. Mais également celle de Bob Rusay qui compose ici les riffs les plus directs du groupe et que j’aurais personnellement tendance à regretter par la suite (NDLR : à défaut de les enregistrer puisqu’apparemment il était trop mauvais pour le faire, d’où son éviction après cet album).

Et puis on joue aussi comme on veut, et c’est là tout le talent de Cannibal d’ailleurs : Barnes qui décide d’aller au plus grave possible, sans effet aucun, quasi dry, absolument dégueulasse et de s’en vanter un max dans le livret. Parce que c’est l’intention qui compte. Et qu’il faut faire peur, il faut impressionner, c’est du death metal bordel. À titre personnel, sur le minot de 12 ans que j’étais à la découverte de cet album, l’effet fut garanti : je me suis chié dessus. On en parle de « Necropedophile » ou « Addicted to vaginal skin» ? On est tellement gavé de blasphèmes et autres phrases chocs aujourd’hui qu’on ne se rend plus compte de la violence du truc.

Rien que cette intro : « I just took that knife, and i cut her from her neck, down to anus. And I cut out the vagina, and I ate it.” PLAF ! T’as compris, ou tu veux un dessin ? OK va pour le visuel.

Toute cette course à l’extrême, on la doit en partie à Barnes et CC, on l’oublie trop souvent. On restera indulgent non sans soupirer sur cette obsession porn sur la moitié des titres. L’ami Chris semblait être un peu en difficulté avec la gente féminine manifestement, chacun se fera son opinion là-dessus. Reste que cela contribue beaucoup à l’atmosphère parfaitement glauque de ce disque.

Et c’est pour cela que je l’aime tant. Cannibal Corpse y est sombre, tout le temps, sans vraiment ralentir. Il y a cette essence horrifique qu’on ne retrouvera plus jamais chez eux, en dehors de quelques éclats, cette détermination à « faire plus » que les autres, galvanisé par une jeunesse complètement palpable. Le groupe est en roue libre et semble pourtant complètement maîtriser un style sur lequel ils vont régner jusqu’à aujourd’hui encore.

Chapeau, par contre Chris t’as un petit bout de Clito sur la joue je crois.