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Alice In Chains › Sap

cd • 5 titres

  • 1Brother
  • 2Got Me Wrong
  • 3Right Turn
  • 4I Am Inside
  • 5(untitled)

informations

Produit par Alice In Chains & Rick Parasher. Enregistré aux London Bridge Studios de Seattle en 1992.

line up

Jerry Cantrell (chant et guitare), Sean Kinney (batterie), Layne Staley (chant, guitare), Mike Starr (basse)

Musiciens additionnels : Mark Arm (chant 3 (non crédité)), Chris Cornell (chant 3 (non crédité)), Ann Wilson (chant 1 (non créditée))

chronique

Un seau recueillant la sève de l'érable… « Sap ». Capturer le sirop d’Alice In Chains, voilà ce que vous propose ce mini trop souvent relégué aux oubliettes au profit du Unplugged ou de Jar Of Flies. Cet EP – principalement acoustique - est tout simplement essentiel, autant que l’éponyme ou Dirt, et ce en dépit de sa courte durée. Il synthétise en 4 ballades sapides l’essence même de ce que fût Alice In Chains dans ses moments d’errance : un grunge fantomatique et spirituel, possédé, ample. Quatre titres pour caresser l’âme d’Alice. Quatre façons d’appréhender son esprit, tout en contrastes, comme une vie : la première vous bouleverse, la seconde vous apaise, la troisième vous donne envie de vous battre, et la dernière vous conforte dans le sentiment que ça ne servira à rien. Les quatre éléments d’Alice In Chains : mélancolie, lucidité, camaraderie et désespoir. "Brother" est un de ces moments d’émotion insaisissable qui vous met dans un état second… il s’agit ni plus ni moins de la plus belle ballade du combo, et c’est peu dire. Musicalement très proche des ballades qu’on pouvait trouver sur le Led Zeppelin troisième du nom, elle offre toute la magie qu’on est en droit d’attendre d’un tel groupe : une guitare dessinant ses lignes arabisantes, une langueur presque imperceptible qui évolue derrière, et la voix de Layne qui semble passer dans un tube métallique, lancinante et détachée… le refrain est à vous mettre le cœur en miettes. Cette mélancolie spectrale qui vous tenaille et vous enlace, elle ne vient pas des entrailles de la terre mes boutchous, ni même d’un cœur trop souvent meurtri - comme sur "Love Hate Love" - non… elle vient de l’au-delà, et à cet instant précis, une image puissante – presque christique - me vient en tête : celle de Layne, qui semble déjà de l’autre côté, son fantôme me souriant un peu tristement à travers la fenêtre de ma chambre… à vous en donner des frissons. You were always so faaar away - I know that pain and I won't run away… S’ensuit "Got Me Wrong", une ballade à la Guns’n’Roses, pleine de groove et de candeur. Le troisième morceau, "Right Turn" est interprété par une certaine Alice Mudgarden. A peine trois secondes pour mettre à jour la bonne blague de nos lascars : la voix de Chris Cornell vient prêter main forte à Layne, pour un duo d’anthologie - et puis déboule l'esprit jongleur des géniaux Mudhoney, qui achève le titre en chœur avec les potes. Magique. Le « dernier » morceau, "I Am Inside", rappelle les moments de calme introspectif des classiques Black Sabbath (autrement dit les ballades Solitude, Planet Caravan, Changes). Une petite ritournelle éthérée, et la voix presque angélique de Layne tout droit sortie des Limbes, qui plane sur cette contemplation de l’abysse… quelque fines gouttelettes de piano, une sérénité à laquelle on ne croit pas… voilà… Maintenant, la mise en garde : ce fragment de pureté en quatre chansons s’achève de façon impossible, inattendue : le titre caché (et bien caché le salaud) que j’ai sciemment omis de mentionner plus tôt est un gros délire façon Butthole Surfers qui nous sort violemment de notre léthargie : Sean Kinney qui hurle dans un mégaphone, et une ambiance de fête asilaire : des bruits de pet avec la bouche, des reniflements, une cantatrice qui n’a rien à foutre là, et un piano de cabaret déglingué. Ce foutage de gueule insensé, proprement tuant de vulgarité et de débilité, souille complètement le souvenir des quatre ballades magnifiques survenues avant. Un peu comme le réveil brutal de la réalité (cette vieille charogne) après un rêve étrange… un rêve dans lequel on se replongera inlassablement, pour en saisir l’étincelle, les murmures, pour en saisir la grâce et les ondulations. Pour essayer de serrer la main au spectre de Layne, une dernière fois. Pour comprendre, tout simplement, pourquoi il nous sourit avec cette sérénité à glacer le sang, derrière la fenêtre de la chambre.

note       Publiée le mardi 27 novembre 2007

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    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    Et Alice in Chains apporte la douceur au grunge (qui l'eu crût à l'époque de Facelift ?). Pas loin de penser la même chose que le com précédent en ce qui concerne la disco de Layne Staley (avec Mad Season). Et Jerry Cantrell, quel mélodiste quand même (les riffs, certe oui, les harmonies vocales, oh combien, mais c'est pas tout), "I Am Inside" quoi... (très Black Sab là encore, les percussions ne trompent pas)

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    nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

    Ca tue. Discographie parfaite en fin de compte, y'a que les démos de 88 sur music bank que j'aime pas trop...

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    heirophant Envoyez un message privé àheirophant

    moins bon que jar of flies, mais tout de meme excellent.

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    born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

    ma parole mais il me drague !

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    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Pareil ! "Brother" est superbe...