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Alice In Chains › Facelift

cd • 12 titres

  • 1We Die Young2:32
  • 2Man in the Box4:46
  • 3Sea of Sorrow5:49
  • 4Bleed the Freak4:01
  • 5I Can't Remember3:42
  • 6Love, Hate, Love6:26
  • 7It Ain't Like That4:37
  • 8Sunshine4:44
  • 9Put You Down3:16
  • 10Confusion5:44
  • 11I Know Somethin' [bout you]4:21
  • 12Real Thing4:03

informations

London Bridge Studios, Seattle et Capitol Recordings Studios, Hollywood, USA, 1989

line up

Jerry Cantrell (chant et guitare), Sean Kinney (batterie), Layne Staley (chant, guitare), Mike Starr (basse)

chronique

N'en déplaise à certains, il est impossible de parler du premier Alice in Chains sans devoir une fois de plus le replacer dans le contexte de ce courant un moment salvateur que fût le grunge. Le plus croustillant dans tout ça, c'est que le groupe de Layne Staley et Jerry Cantrell, bien que devenu rapidement tout aussi influent que ses frères d'armes, était un cas d'école à lui tout seul, un électron libre au sein d'une communauté qui se revendiquait d'un certain hard rock seventies avec cette touche de no future devenu depuis indissociable du genre. Ce qui distingue Alice in Chains de tous les autres chevaliers de Seattle, c'est une couleur métal bien plus prononcée que chez ses concurrents directs, malgré les gueulantes de Chris Cornell. Lynyrd Skynyrd et Led Zeppelin, c'est bien ; mais autant le laisser aux autres qui se battent entre eux pour les dépecer un par un. Attiré par un côté profondément glauque qu'ils doivent assurément bien connaître, c'est en toute logique du côté de Black Sabbath qui faut aller chercher la source d'inspiration première des Alice in Chains. Relents morbides, climats délétères, lourdeur des atmosphères et des guitares, mais avant tout présence d'un chanteur charismatique qui, on le sent, vit véritablement ce qu'il raconte et ne se donne pas un rôle. L'aspect métal, on se le prend en pleine face avec un "We Die Young" au riff évoquant "Keep It In The Family". Mais comme une grande majorité de premiers albums, "Facelift" possède ses lacunes ; une production qui n'est pas parvenue à rehausser la monotonie d'une batterie terriblement plate, des hésitations encore fortement marquées ("I Know Somethin'" qui aurait fait plus forte impression sur un album des Red Hot Chili Peppers) et un style qui n'a pas encore pleinement conscience de son potentiel.

Moyen
      
Publiée le vendredi 1 décembre 2006

chronique

Voir Facelift relégué aux douves des œuvres de jeunesse juste passables m'est pénible. En causer est une opération assez risquée, parce qu'il occupe bien la platine, c'est un obsédant, un spectre squatteur - malgré ce que j'ai cru au début, à savoir que sa seconde moitié était bien trop en-deçà de la première, car trop légère. Avec un album aussi bigarré et burné, les avis peuvent être tranchés. Certains peuvent aussi penser pendant des années avoir affaire à un bête album de l'immaturité, sympathique-sans-plus... alors que c'est d'abord une bête d'album, sympa par moments, monstrueux sur d'autres. Une chronique franchement positive pour lui rendre hommage ici manquait à l'appel. Il me semblait donc naturel que quelqu'un s'y attelle.

Alice in 1990 : grunge déjà, années 80 hard FM encore. Transition en douceur, avec ou sans drogues dures. Cette pochette entre angoisse et orgasme, tirée par les cheveux (et me rappelant un peu celle d'American Stars 'n Bars), renferme un disque éclaté mais cohérent, bourré de style, d'idées, de groove. C'est à la fois un nuancier de jeunesse et l'album d'un groupe déjà terriblement mûr et mature, déboulant dans le décor hard rock USA pour casser la baraque avec un charisme sans égal. Alice in Chains s'impose d'emblée en groupe mutant, puissant, profond, souvent impressionnant, en grande partie grâce à la combinaison redoutable Cantrell-Staley, une rencontre magique et mystique à la Gahan-Gore : pure symbiose, hybride fascinant mêlant force tellurique et mélodies éclatantes. Noirceur et lumière s'entre-nourrissant dans ces belles voix harmonisées. La très grande classe d'entrée de jeu, dans un salle de shoot décrépite qui prend des airs de stade où chanter des hymnes entre chevelus vaillants. Mais la Faucheuse a déjà fait son lit ici. On en caresse le linceul et la lame, baigné dans l'écho électrique, étourdi par la présence des fantômes.

Quel disque, quand j'y repense ! Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, mais il n'a fait que forcir avec les années, l'enfant prodige. Facelift fut mon tout premier Alice in Chains, en fait. "Bleed the Freek", mon premier amour grunge. Mon alpha et mon omega d'Alice in Chains, c'était ce morceau. Je n'aimais alors pas trop l'album pris dans son entier, et l'abordant comme une compilation, j'en fragmentais les écoutes pour me focaliser sur chaque titre, de préférence les moins sautillants. Je zappais par exemple volontiers les moments les plus funky-glamouzes, tant ils me donnaient la sensation de fonctionner par pur mimétisme creux ; mais j'étais fasciné à mort par "Bleed The Freak", ça oui. Des frissons rien qu'à penser à son intro. Mad Layne de Rouste... Titre qui reste pour moi, plus que n'importe quel autre, LE morceau-grunge, celui auquel je pense quand je lis ou entends le mot "grunge", conscient que ce terme est une création de petit malin scribouillard de la presse musicale, mais surtout que le type en question a si j'ose dire touché du doigt quelque chose avec cette étiquette odorante et évocatrice. Les premières secondes de ce morceau, avec quelque chose d'un Blue Öyster Cult drogué dans l'harmonie de ce hard choral, sont une des plus belles incarnations du rock, dans ce qu'il a de plus hanté et profond... Là, j'ai plongé. C'était un autre monde. Sans trucs téléphonés, sans ce qui pourrait juste être des chansons faites pour passer sur MTV en heavy rotation, mais avec du charme heavycieux à plus savoir quoi en faire.

Maintenant je sais qu'il y a des putains de morceaux, autour de cette rencontre mystique... Bon, j'exagère juste un peu beaucoup, car la rutilante "We Die Young", ce hard au groove mortel qui choppe direct et fout la tête dans le disque sans manières, m'a toujours mis K.O., à coup sûr un de leurs morceaux les plus puissants. "Love Hate Love" ne nécessite quant à elle aucune adaptation pour envenimer de son charme noir, gothique. La poussive mais redoutable "It Ain't Like That", dont le riff de base semble sortir comme un gros calcul rénal, s'écrase en épais coulis mazouteux. À l'opposé du spectre, le blues plus AOR de "Sea of Sorrow" attend de cueillir en douceur, comme la charmante "Sunshine" avec sa saveur plus Screaming Trees, tandis qu'une "I Know Somethin'" est du total funk-fusion façon Red Hot Chains Peppers comme déjà relevé par Progmonster, et "Put you down" une parade ouvertement du Guns 'N' Roses (rappelant que Staley avait changé un temps le blase du groupe en Alice N' Chains)... Au milieu : le final, la loubarde "Real Thing", presque neutre dans sa force et son groove. Quant à cette fameuse "Man in the box" aussi directe que du Therapy? des familles : ce qui peut sembler mal dégrossi, c'est le premier tube d'un AIC déjà mûr. Le mec dans une boîte, ça laisse les images fortes, on voit bien la gueule de la boîte. Layne nous invite, crâneur et hâbleur, plus vicelard que tous les trolls, à l'y rejoindre, pour le sauver. Il est déjà foutu, il le sait, nous pas encore. Il veut nous entraîner avec lui, dans sa chute, à la rock'n'roll. C'est plus cool comme ça. Et ça se fait sans mal, avec ce riff très catchy-con du Jerry et cette voix surpuissante et élastique, déjà pleinement consciente de son pouvoir. Ce morceau est donc, comme les trois-quarts de cet album, un pur piège. Toxique. Pourtant ses couleurs criardes nous prévenaient, comme un dos de dendrobate.

Harmonieusement disparate, Facelift est d'abord simplement, leur album le plus rock, dans sa gourmandise féroce, dans sa facilité à passer d'une teinte à l'autre en toute fluidité. Alice In Chains ne savaient pas encore vraiment qui ils étaient, mais comme dit en début de chro : ils étaient déjà cohérents à travers toutes leurs couleurs, et c'est dans cet écartèlement d'humeur - traduit par cette pochette aussi grotesque que malsaine mais très honnête sur la nature de ce qu'elle renferme - que résident la flamboyance et la noirceur de la créature zippolaire Facelift. Alice in Chains fataliste et lesté déjà, mais débordant d'idées et d'énergie, d'ambiances et de feeling, de rock dur et de chant d'épouvantail séducteur opérant dans les plus grandioses teintes du nasillard et du crooning rock à la ricaine - Cantrell s'affinera peut-être sur le suivant, mais Staley est déjà au sommet ici. Autant de liquides qui en suintent, nectars ou poisons, à savourer au fond de la nuit, même en plein jour. En fait cet aspect éclaté et difforme, finalement assez partagé avec le chien à trois pattes, c'est aussi ce qui fait sa force. C'est un peu leur CV parfait aux AIC électriques, un hard'n'heavy fraîchement sorti de friperie de Seattle, blindé de style. La sacro-sainte homogénéité en prend un vilain coup dans les ratiches ! Les histoires de maturité pas atteinte aussi. Et dire que ce groupe voulait juste faire du glam metal, à ses débuts... c'est diablerie !

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le dimanche 20 avril 2025

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Note moyenne        42 votes

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coronavirus Envoyez un message privé àcoronavirus

We Die Young , titre ironique quand ont connait le train de vie du gars derrière le micro. Il était réaliste :)

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Ben alors t'as Dirt et le suivant, si tu veux que ça suinte la drogue (... comme ici) mais que ce soit sur du grunge. Dirt est très Black Sabbath, et le chien... c'est du pur grunge/pur Alice in Chains. Donc complètement perché.

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Intheseblackdays Envoyez un message privé àIntheseblackdays

Je pense que je ne pousse pas l’analyse aussi loin que vous. Je m’attendais (voulais) à du grunge suitant la drogue et un chanteur en cuir pleine fleur de peau, j’ai eu un heavy metal à guitares acérées et un matou miauleur. Je ne suis juste pas le bon client. ^^ j’ai attendu trop longtemps entre la lecture de nombreux articles dithyrambiques ces 25 dernières années et ma première tentative d’écoute. Je suis le principal fautif en ayant cultivé cette fausse idée sur la musique en me basant sur des mots (exercice où d’habitude je suis assez bon quand j’écoute en aveugle des playlist et me dit que certains groupes devraient sonner ainsi selon les descriptions que j’en ai lues, à moins que ce soit plutôt les rédacteurs qui excellent à trouver les mots justes, à la réflexion ahah)

Message édité le 18-04-2025 à 11:34 par Intheseblackdays

born to gulo Envoyez un message privé àborn to gulo

Non mais Sound of White Noise, il était mortel à sa sortie, mais aujourd'hui, il est juste pas de ce monde, quoi. Hors d'atteinte. Génie indécent.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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C'est un des trucs qui m'avaient le plus frappé sur cet Anthrax. Très AIC sur certains passages oui, ce qui est assez bluffant venant d'eux car ils le font avec inspiration et...plus d'élégance d'une façon, qu'un paquet de non-thrasheux le feraient souvent (mais pas nos Hangman's Chair adorés bien sûr).

C'est évident, sinon, pour le Yeahisme supérieur de Robz et Layne ! James pose ses Yeah comme des pêches, eux les envoient sur orbite.

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