Biosphere › Shenzhou

Après un 'Cirque' qui replaçait le rythme au coeur de la musique Geir Jenssen retourne à la quiétude presque 'romantique' qui habite ses oeuvres les plus dépouillées. Ce n'est pas un hasard si le matériau principal de 'Shenzhou' n'est autre que des travaux symphoniques du compositeur Claude Debussy, grand précurseur d'une expérimentation malvenue à son époque. Peut-être le norvégien se retrouve-t-il dans cet artiste qui refusa les conventions de son époque (post-wagnérienne et post-romantique) et y trouve ainsi matière à remodeler l'univers de Biosphere ? Toujours est-il que le projet acquiert ici une dimension plus minimaliste et sereine. Jouant sur différentes fréquences plus qu'à l'accoutumée, laissant les nappes couler ou flotter sans monopoliser intégralement l'espace des compositions, Jenssen s'approprie l'univers automnal du français pour en rendre une quintessence pure de tout artifice, ancrant encore plus Biosphere dans son propos naturaliste et scientifique. Le génie du norvégien consiste à conserver cette poésie qui lui sied tant, onirique, douce et exaltant la lumière et les couleurs (l'artwork du digipack en est une autre illustration). 'Shenzhou' est un voyage plus terrestre qu'il en à l'air, une cartographie locale aux recoins fourmillants de chemins tapissés de feuilles et aux ciels luminescents subtilement maquillés de nuages. Une très belle oeuvre ambient de plus par l'un des plus grand maîtres en la matière.