Biosphere › Insomnia : no peace for the wicked

Une fois n'est pas coutume, Geir Jenssen développe son champ d'expérimentations en se soumettant au périlleux exercice d'illustrer un long-métrage. Périlleux...pas tant que ça lorsque l'on connait la forte caractéristique cinématographique de Biosphere que l'on pourrait sans exagérer assimiler à une bande-son réaliste de documentaires du National Geographic en ce qui concerne ses travaux les plus ambient. Outre qu'il ne s'agit pas de sa première collaboration avec le cinéma, Geir Jenssen cherche donc à coller au mieux à ce polar crépusculaire qu'est 'Insomnia', très glauque et froid (on le serait à moins en Norvège...). Et pour ainsi dire la musique de Biosphere se fait plus grave, plus 'dark' oserai-je ('Chamber', très inquiétant), sans pourtant se démarquer de ces nappes typiques, de ces réverbs et autres échos cristallins que la glace du pays natal de Geir se charge de renvoyer en d'étranges boucles. L'utilisation du piano ou de guitares sèches ('Ride') ou d'une voix féminime plutôt 'heavenly' ('Lounge') marquent quelques ruptures dans cette fausse quiétude derrière laquelle on ressent un bouillonnement constant. Riche en rebondissemnts à l'image du film qu'il illustre, 'Insomnia' regorge d'éléments alliant rythmes/pulsations, nappes de synthés solennelles ou mélodies secrètes et distantes. Un travail d'orfèvre forcément, classieux et qui rend justice autant à cet excellent film qu'à Biosphere qui n'a de cesse de surprendre tout en restant fidèle à son univers.