Univers Zero › Heatwave

"Heatwave" est le dernier disque d'Univers Zero avant un long silence et une résurrection inespérérée treize ans plus tard. C'est aussi un disque unique, particulier en bien des points. Nonobstant les critères esthétiques surlesquels je reviendrais d'ici peu, "Heatwave" est un album sur le fil du rasoir qui aurait aussi très bien pu ne jamais voir le jour. C'est qu'à l'époque, Denis en a vraiment plein le dos de toutes les misères qui s'évertuaient à systématiquement entraver sa route (difficultés financières, mais aussi management inexistant, prestations en concert réduites au minimum syndical) qui plombent et le devenir du groupe, et ses propres expectatives. Cuneiform fût à l'époque le seul label a lui manifester un réel intérêt si bien qu'ils proposèrent tout simplement à Univers Zero de graver un nouveau disque, au moment même où le groupe se produisait avec une formation élargie, en septet, comme à la grande époque. D'ailleurs, en ce sens, "Heatwave" est un beau compromis, car aux musiciens des sessions "Uzed" viennent se greffer quelques anciens, et non des moindres : Patrick Hanappier au violon et Andy Kirk aux claviers, signant au passage deux des quatre titres de l'album, dont le monumental "The Funeral Plain". Sur ce dernier témoignage avant leur hibernation prolongée, Univers Zero parvient à négocier adroitement son virage essentiel vers une plus grande modernité ; outre des bruitages électroniques post industriels sonnant plus Art Zoyd que nature ("Chinavox") - un procédé déjà utilisé sur "Uzed" et intensifié ici, non sans raisons - les interventions des claviers électriques se fondent avec plus de naturel dans ce décor volontairement inhumain où même la guitare de Michel Delory finit par enfin trouver sa place. Mis à part un piano cinglant, c'est tout en nappes et en textures que viennent se greffer les interventions de Kirk et de Plouvier. Il n'y a plus rien d'outrageusement morbide chez Univers Zero, mais cela reste définitivement malsain, inquiétant et glauque. Fin du premier acte.