Univers Zero › Rhythmix

Le retour gagnant d'Univers Zero (avis partagé par moi-même) avec "The Hard Quest" n'a pas pour autant enfoncé de nouvelles portes. L'aspect le plus morbide de ses jeunes années, répondant plus que probablement à un profond désir de provocation, a fondu comme neige au soleil. Ce qui ne signifie pas pour autant que leur musique a perdu de son pouvoir d'attraction - loin de là. En réalité, voilà un groupe qui, par ses aspects indéniablement gothiques, jette une large passerelle vers ces musiques obscures dans lesquelles les amateurs de Current 93, Death in June ou Muslimgauze pourraient facilement se retrouver. Encore faudrait-il qu'ils fassent le premier pas... Pour "Rhythmix", Daniel Denis revoit sa copie et propose un disque moins nostalgique. Les trois parrains invitent cette fois sept autres musiciens à les rejoindre dans leur autopsie de l'indicible. Sept musiciens, et autant de couleurs différentes et inédites pour Univers Zero (violoncelle, guitare acoustique, flûte, piccolo, trompette, accordéon, marimba), plus proche pour le coup de ce que l'on peut découvrir chez Biota. Avec l'entrée en service d'Eric Plantain à la basse, c'est un peu au retour des vrombissements telluriques qui avaient fait les beaux jours de "Ceux du Dehors" auquel on assiste. A cela, ajoutez une présence toujours accrue d'arrangements baignés dans l'abstraction électronique ("Zebulon"), et vous obtiendrez le disque le plus ambigu réalisé par Univers Zero depuis des lustres. Pour une raison que je ne m'explique pas (peut-être une production qui arrondit trop les angles d'un groupe qui s'est toujours distingué par son âpreté), "Rhythmix" dilue ce qui restait de pugnacité au groupe de Daniel Denis pour devenir au final assez redondant. Le crépusculaire "Waiting for the Sun" et l'explosif "The Fly-Toxmen's Land" surviennent un peu tard pour nous extraire de la léthargie dans lequel le disque avait commencé à nous plonger tout doucement en milieu de parcours. Univers Zero est devenu un laboratoire, l'alchimie ne prend pas à tout les coups.