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Cowboy Junkies › Whites Off Earth Now!!

lp/cd • 9 titres • 42:48 min

  • 1Shinning Moon4:03 [reprise de Lightning Hopkins]
  • 2State Trooper4:25 [reprise de Bruce Springsteen]
  • 3Me and the Devil4:21 [reprise de Robert Johnson]
  • 4Decoration Day3:53 [reprise de John Lee Hooker]
  • 5Baby Please Don't Go5:03 [reprise de Bukka White]
  • 6I'll Never Get Out of These Blues Alive6:23 [reprise de John Lee Hooker]
  • 7Take Me2:29
  • 8Forgive Me5:25 [reprise de John Lee Hooker]
  • 9Crossroads6:18 [reprise de Robert Johnson]

informations

Enregistré « en conditions live » au Studio 547 à l'aide d'un micro Calrec Ambiphonic le 28 juin 1986.

line up

Alan Anton (basse), Margo Timmins (voix), Michael Timmins (guitare), Peter Timmins (batterie)

chronique

Ces vieux blues : Lightning Hopkins, Robert Johnson, John Lee Hooker, Bukka White... Un seul morceau original – signé déjà deux fois Timmins (Margo pour le texte, Michael pour la musique). Le troisième frère à la batterie, déjà, Alan Anton à la basse pour toujours... Springsteen, tiens, repris aussi – perdus au milieu des autres ? Une musique « de répertoire », disions-nous, américain, « roots », comme sur la fameuse Trinity Session, deux ans plus tard. Ce titre : Les Blancs Hors de la Terre, Maintenant !, pour quatre blanc-becs de Toronto – les quatre qui dès ce premier disque et jusqu'au dernier (en date, en tout cas), seront toujours les Cowboy Junkies, sans changements de postes, même quand d'autres s'adjoindront, instruments et musiciens. Margo au chant – un peu grave, posé mais ferme, chaleureux, proche mais jamais alangui – je n'ai jamais compris qu'on lui trouve ce trait là, qu'on insiste, je n'ai jamais rien entendu, chez elle, d'exhibé, tristesse ou sensualité. La guitare de Michael – claire, articulée, économe quand il faut, se baladant dans les gammes, les modes de chaque morceau en variations d'apparence tranquilles mais qui portent sans qu'on y prenne garde vers une ivresse douce, légère, nimbée d'une lumière discrètement voilée. La basse d'Anton et la batterie de Peter qui font tourner le groove sans s'étaler non-plus – tout juste ce qu'il faut, là aussi, de souplesse, de marge, dans la répétition, l'apparente fixité des boucles. Un seul micro – dit « ambiphonique », qui saisit la musique et l'ambiance de la pièce en une seule image, chaque élément enregistré, autant qu'il se peut, à sa place dans l'espace, l'équilibre autant que possible préservé sans qu'ensuite, au mixage, il y ait besoin de « replacer » les instruments, les musiciens (même si bien sûr, ici, la musique n'est restituée qu'en stéréo, que la troisième dimension, forcément, y manque – il n'empêche, le procédé parvient à rendre cette impression de profondeur et de proximité). Ce même micro, cette même méthode, seront d'ailleurs repris sur l'album suivant – The Trinty Session, donc, sans doute leur plus célèbre disque.

Pourtant... Whites Off Earth Now!! n'est pas un brouillon de ladite Session, qu'on ne s'y trompe pas ! D'accord : déjà, comme sur cette  « suite », les Cowboy Junkies y jouent cette musique « immémoriale » avec une approche « indie », choisissent de traiter toutes les musiques ainsi – sans hiérarchiser, sans marquer de différence. Comme sur la Trinity Session, le groupe applique à des matériaux bruts un traitement à la fois simple et raffiné – adoucissent la crudité du matériau mais n'en atténue pas, bien au contraire la nudité, le caractère de chant isolé en même temps que tributaire, parent de mille autres solitaires (des voix singulières et « fonds-commun » à la fois), l'universalité relative (pan-américaine du nord, j'insiste – ils sont canadiens et non étasuniens, oui – mais comme Neil Young, Joni Mitchell, comme The Band... « Comme », mais pas pareillement – singulièrement, je répète, et sans que rien, je le redis, ne soit emprunt de revivalisme, sans qu'ils sonnent, vraiment pas, déplacés dans leurs temps, dans ce milieu indie où beaucoup, autours, faisaient pourtant bien plus de boucan). Le blues est là, oui. Pris à leur manière. La country... Pas encore ou si peu, malgré leur nom ; tout juste pointe-t-elle ses fripes lasses sur Take Me – l'unique originale du disque, c'est celle-ci ; et certes, cette couleur-ci, cette nuance d'une campagne lointaine. Bien sûr, a fait une différence, cette « absence » – avec la Trinity, avec beaucoup d'autres du groupe, ensuite. Comme fera la différence cette forme particulière de mélancolie qui s'épanouira bientôt.

Qu'on me comprenne : je ne dis pas qu'elle y manque, cette mélancolie ! Simplement qu'ils la gardent pour le moment au chaud – on l'aperçoit à peine, au fond, qui rode. Ils ne l'annoncent pas – elle viendra, en son heure. Pour celle-ci – celle de ce premier album – l'ambiance est autre. Tout est emprunt d'une fraîcheur à quoi ne se mêle encore... Pratiquement rien, et absolument rien de trop. « Tout y est déjà » si on tient à ce cliché – au sens où les Cowboy Junkies ont déjà en main les moyens qui, plus tard, leur permettront de varier sans cesse les figures, l'angle, au cour d'une discographie pourtant très cohérente (autant qu'extensive, néanmoins – une trentaines d'albums studio et live à ce jour, tout de même). Rien ne fait esquisse, insuffisance, si elliptique puisse parfois sembler le tracé. Robert Johnson est méconnaissable, oui, comme les autres. Mais c'est bien : puisque Robert Johnson et les autres (ici repris) ne ressemblaient en leurs temps à personne. Johnson, John Lee, Bukka... Tous ici sonnent « comme du Cowboy Junkies », celui de ses débuts. Les quatre y sont déjà – pleinement reconnaissables, entiers – mais le disque ne ressemble guère, pourtant, à ceux qui sortiront ensuite (qui ne se ressemblent pas tous, contrairement à ce qu'en dira régulièrement une critique négligeante, trop pressée pour leurs allures). Il est ce moment-là du groupe – comme chaque autre, ensuite, sera l'un de leur moment, unique, à eux, personnel, lucide sur l'invariable et sur l’impermanence (du monde, des vies, de ce qu'on tient pour « soi-même »)... Tout bien considéré je l'aime autant – au moins – que son plus illustre successeur. Il ne me parle pas depuis le même endroit, tout simplement, des mêmes histoires. Je n'y suis pas venu tout de suite – comme tout le monde, bien-sûr, c'est avec la Trinity que j'ai découvert le groupe (et comme presque tout le monde via leur reprise de Sweet Jane, tirée de là). Je n'y reviens pas moins volontiers, maintenant – quand c'est son heure – qui n'est, décidément, pas celle de l'autre.

Et puis... De là – de l'un ou l'autre – de toute façon, je suis parti un peu partout, dans leur pléthore, prenant d'abord une direction à peu près au hasard. Bien m'en a pris – tant il n'y a rien chez eux de « canonique », au nom de quoi on devrait ignorer les recoins.

Bon
      
Publiée le mardi 30 mai 2023

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