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Cowboy Junkies › The Trinity Session

cd • 12 titres • 52:57 min

  • 1Mining for Gold1:34 [traditionnel]
  • 2Misguided Angel4:58
  • 3Blue Moon Revisited (Song for Elvis)4:31
  • 4I Don't Get It4:34
  • 5I'm So Lonesome I Could Cry5:24 [Hank Williams]
  • 6To Love Is To Bury4:47
  • 7200 Mores Miles5:29
  • 8Dreaming My Dreams with You4:28 [Allen Reynolds]
  • 9Working on a Building3:48 [traditionnel]
  • 10Sweet Jane3:41 [Lou Reed/The Velvet Underground]
  • 11Postcard Blues3:28
  • 12Walking After Midnight5:54 [A. Block/D. Hecht]

informations

Enregistré en conditions « live », Church of the Holy Trinity, Toronto, Canada, le 27 novembre 1987, à l'aide d'un micro Calrec Ambisonic. Produit par Peter Moore.

line up

Alan Anton (basse), Margo Timmins (voix), Michael Timmins (guitare), Peter Timmins (batterie)

Musiciens additionnels : Jeff Bird (fiddle, mandoline, harmonica), John Timmins (guitare, chœurs), Kim Deschamps (pedal steel, dobro, slide-guitar), Jaro Czerwinec (accordéon), Steve Shearer (harmonica)

chronique

« Comme tout le monde », oui, j'ai commencé par celui-là. Comme beaucoup – mais bien avant qu'Oliver Stone ne l'utilise dans son pensum (Tueurs Nés/Natural Born Killer), qui n'est même pas parvenu, ensuite, à me la gâcher – j'ai d'abord entendu, tirée de là, leur version de Sweet Jane... La préférée de Lou Reed lui-même, paraît-il, une mouture avec le pont (seulement présent par ailleurs sur des lives du Velvet ou de Loulou dans ses œuvres solo, et pas sur Loaded, l'album du Velvet où l'on avait entendu pour la première fois la chanson)... J'y reviendrai – j'y suis revenu bien vite, oui, et souvent.

Pour l'heure, au début de ce disque, il y a Mining for Gold. Parfaite ouverture a cappella, chant traditionnel que Margo Timmins s'approprie – sans rien voler, parce qu'il est à elle comme à tout le monde, parce qu'elle en continue la voix, la fait sonner, résonner dans leur monde propre. Tout se poursuit ainsi, d'ailleurs – « intemporel », appuie presque toujours la littérature critique sortie depuis (et il s'en est écrit)... Mais j'ajouterai : totalement de leur temps, de leur milieu – absolument pas refait à l'identique, l'amour de ce qui se chante et se joue bien au-delà de la plate révérence. Cette fois-ci – alors que White Off Earth Now!!, le précédent et premier, ne comprenait qu'une seule composition originale – le groupe écrit la moitié des chansons. Ça fait une différence, d'accord – surtout, il en ressort qu'eux n'en établissent pas. Non par prétention – puisqu'il ne s'agit pas de « surpasser » quiconque, de « mettre à jour » les vieux répertoires et de les enrichir, de les rendre plus « pertinents ». Non... Il me semble que c'est plus simple, encore ; il me semble que pour eux, le goût – immodéré mais nuancé, multiple – du « songwrinting » fait que tout se fond en un flot, jaillit ailleurs en sources multiples ; du moment que celle, celui qui écrit, qui chante, qui joue, parle depuis quelque part, effleure ou montre, tient blotti quelque chose de lui, d'elle-même, alors sa parole, sa chanson, sa musique, trouveront des échos – plus tard, ailleurs, juste à côté, plus loin. Rien qui puisse tenir, dans cette optique, cette compréhension-là des choses, du musée, de la collection passée.

Alors sont conviés ici : Hank Williams en plus des mineurs du début, Elvis (sur une semi-reprise magnifique – Blue Moon oui mais « revisited », ils ne le précisent pas en vain) en plus des ouvriers du bâtiment (Working on a Building... donc), Patsy Cline – première interprète du Walking After Midnight qui clôt le disque, dans une version bien différente, moins enjouée... Mais encore une fois : pas question, là, de jauger une version à l'aune de l'autre (pas plus que de prétendre qu'avec un tel matériau, de toute façon, elles se vaudront toutes). On notera seulement, si on y tient, à quel point chez l'une, pour les autres, les mots « jazz », « blues », les inflexions à quoi ils renvoient, les variations de lumière et de chaleur qu'ils y puisent prennent un sens – une nuance, une fois de plus – différents, propres. Ce sont, pourtant, deux proximités... Deux plongées dans un Bleu qui ne plombe rien, mélancolie ou pas, l'aube se pointant au bout.

Et puis donc : Sweet Jane. Lumineuse, là, décidément, douce et vive, irriguée de fraîcheur, rayonnante. L'accent absolument sincère... Se pourrait-il que Lou Reed y ait entendu une reconnaissance ? Le signe que ceux-là l'avaient compris, n'avaient pas tenu ce que lui, le réputé Cynique, y dévoile de nudité fragile, de... cœur, pour un autre coup d'ironie ? (« Anyone who's ever had a heart/Wouldn't turn around and break it »...). Se pourrait-il qu'eux, elle, parmi tant d'autres, aient tenu Reed pour un égal – un songwriter, j'y reviens, aussi VRAI dans ce qu'il raconte que n'importe quel des autres cités ? Comme si Reed et le Velvet – électricité grésillante ou non, Factory et Chelsea Hotel en lieu et place des honky-tonks, des jukes-joints – n'avaient fait que raconter ce qui les entourait, la vie de leurs pairs ? Comme si c'était ça... Comme si ça pouvait être autre chose que ça, « le folk » ?! (Ou soyons fous : la poésie, la littérature – non-séparées du reste artificiellement, en art non-applicables ?). Je m'égare, peut-être... ? (Pas sûr).

Eux ne se perdent jamais. Et toutes ces voix emplissent cette Église de la Sainte Trinité, à Toronto, où ils se sont réunis – où ils LES ont réunis. Voix profanes et voix d'homme et de femmes de foi – voix toutes immanentes. Comme sur White Off Earth Now!!, tout est joué « live », tout n'est capté que par un seul micro « ambiphonique » (qui saisi le son de la pièce en même temps que celui des musiciens, les restituent dans les points de l'espace où ils jouent). Des invités se sont joints au groupe – à l'accordéon, à la mandoline, au violon, à l'harmonica, portent les chanson qui vers une sorte de hillbilly, qui vers une espèce de bal cajun... Sans que rien, pourtant – j'y tiens, oui – ne sonne jamais comme joué « en costumes », anachronique, amidonné. Non, cette « session » est bel et bien de son temps – qui est l'heure à laquelle ils se tiennent, dans ce lieu précis, avec au dehors un monde, des mondes qui se continuent, se croiseront, se rencontreront et s'ignoreront encore.

J'écoute encore The Trinity Session – souvent. Je ne l'ai pas épuisé – je doute que ça me soit possible. Je trouve – oui, c'est indéniable – qu'il est tout naturel d'arriver à eux par celui-là. Je continuerai de l'affirmer, pourtant : ce n'est pas le seul de leurs disque qui soit magnifique ! Qui ressource ainsi – ou autrement. Qui isole – la poignée d'instants qu'il resserre et laisse respirer, juste le temps de soi-même prendre son souffle avant d'y retourner. (Où ? Pourquoi ? Avec et sans qui ? Ça... C'est à votre discrétion). Je n'en resterai donc pas là avec ces gens – ici, en ses pages, autant que pour moi-même. Il y a tant d'autres raisons de les retrouver, encore...

note       Publiée le mercredi 31 mai 2023

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