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Nawksh › Mythic Tales of Tomorrow II

lp/téléchargement • 10 titres • 26:19 min

  • 1Press Start0:25
  • 2First Friend2:16
  • 3It's Not a Secret0:38
  • 4Down the Rodent Hole1:47
  • 5Come On In, Smile Snatcher0:37
  • 6Soop Out the Brain0:14
  • 7Wag2:17
  • 8Where Would You Be2:28
  • 9Dry Hug Good Bye1:55
  • 10Exile & a Mirror12:38

informations

Enregistré et produit par Danial Hyatt. Masterisé par Yui Kimijima au Tsubame Studio.

Artwork : Stoff.

line up

Danial Hyatt

Musiciens additionnels : Smax (sur Exile & a Mirror)

chronique

Encore un type qui brouille les pistes, tiens, une musique qui fout les certitudes dans un mixer – un shaker de lounge-bar en plein champs de seigle infecté par l'Ergot ? – et nous les ressort en doutes et questions autrement plus passionnants. Autrement plus fun et délectables, surtout.

Encore un « disque » – oui, l'objet existe en version matérielle, physique, mais est-ce que ce n'est pas encore un tour de plus malicieusement joué à nos vieux fétichismes et nos envies de stocker de l'inédit ? – qui nous fait nous gratter l'occiput en essayant de nous rappeler pourquoi on y tiendrait, décidément, à ces histoires de bon ou mauvais goût. Est-ce qu'on ne s'était pas fourvoyé, après tout, à trouver au début que sous telle ou telle étiquette sortie bien après qu'on ait fini de se soucier que « nos » musiques soient ou non contemporaines, modernes ou quoi, il devait bien y avoir un peu beaucoup de foutaise, foutage, une arnaque ou une blague – à quoi on n'allait quand-même pas consacrer du temps alors que bon, dans nos oreilles rodées à d'autres, à trop de choses (oui, ça peut aussi vouloir dire « dans nos vieilles oreilles, nos routines d'écoute ») on avait d'emblée l'impression que tout ça, c'était tout pareil, tout le temps la même chose sous les visuels et les typos, les noms qu'on n'arrivait même pas toujours à lire.

(Ces Américains, Canadiens etc. qui affichaient des titres, des noms de projets en kanji ou autres idéogrammes... Tous ces collages et machins fait apparemment avec paint ou d'autres logiciels du même acabit... Cheap et sans doute exprès comme ça – mais déjà, on se posait la question : après tout, pourquoi ça ne ferait pas une espèce d'esthétique, d'autant qu'au moins ça n'avait pas l'air de chercher à copier les vieilles idées punk-rock, en faisant ça, c'était tout autre chose, qu'on accroche ou pas, quoi qu'on percute ou pas... En vrac, tiens : vaporwave, witch house, hyperpop... Et puis ces trucs dont causait le jeune gars parmi les anciens squatteurs, là, à Lyon : footwork etc. – non, il semblerait bien que ça n'ait rien à voir avec la catégorie porno à laquelle vous pensez peut-être, toi là, caché au fond ; et toi, collé devant avec les lunettes de normcoreux...).

Bref : à vrai dire, Nawksh – il me semble, en tout cas – ne fait rien de tout ça. Ou alors il y a des petits bouts de tout ça incrustés, flottant, poppant comme des bulles à la surface de son brouet. Selon d'autres « grilles de lecture » on se dira peut-être aussi que c'est lo-fi (mais alors infidèle à quoi, je me demande toujours... pas grand-chose à voir en tout cas avec ce qu'on appelait ainsi au temps de Sentridoh, Pavement et autres types en chemises à carreaux des années quatre-vingt-dix...) ; que c'est la suite logique des trafic glitch à la Aphex Twin voire à la Oval, ce genre d'allumés qu'on imaginait vivre cloîtrés dans le noir de leurs home-studios ; que c'est une sorte d'exotica pinée à l'open source – mais alors là, encore une vraie question : Danial Hyatt fomentant ses prod depuis Karachi, Pakistan, il se trouverait où, exactement, le supposé exotisme, pris depuis où ? Chez Animal Collective ? Chez les artistes du label WARP (ben tiens) ? Chez les Boredoms, dont le gars dit – les uns et les autres – s'inspirer ? Dans cette impression tenace, ce fantasme d'éveil soudain en pleine rue saturée d'une mégalopole du nord de l'Asie du sud, avec un mec en chemise de lin brodée qui vous gueule en pleine face : « Hey Mister/Hey Lady, ton Occident, là, en fait c'est ÇA que tu as fantasmé, qui a cessé d'exister depuis le début ! » ? Le début de quoi... Et qu'est-ce qu'on est censé y perdre ? Ou y gagner ? Et est-ce qu'on est vraiment venu là pour continuer à radoter sur le-perdre-et-le-gagner.

Bref : à vrai dire la musique de Nawshk fait bel et bien un drôle de boucan – un boucan parfois drôle mais qui très vite, toujours, monte à la tête, y insinue un bordel à quoi, paradoxalement, on prend vite goût, au moment même, à l'instant de renoncer à vouloir le « comprendre ». Elle fait bande-son d'un monde où l'on aurait enfin cessé de vouloir cantonner la bédé au rang d'art mineur ou d'amusement pour ados semi-débiles – ou d'art majeur pénible, pompeux, renommé-reclassé en « romans graphiques » et autres péteuseries. D'un monde où les cerveaux bombardés de jeux vidéos indés (pas fatalement « rétro ») accouchent d'autre chose qu'une culture « d'influenceurs/influenceuses » et autres chaînes youtube spécialisées – qui balanceraient leurs trucs simplement avec les outils de maintenant, sur les plateformes, aussi soucieux ou aussi peu soucieux que celles et ceux d'autres générations d'en faire ou non un message, d'être hors-circuit ou en plein dedans.

Et bon, OK : quant à Nawshk, sa musique, revenons en à ça : un poil blindée de courts-circuits et dérivations – de branchements/embranchements faits pour que les plombs ne sautent pas quand ça devient trop chargé, quitte à tout faire griller. Une idée pleine de suite-dans du DIY et du coq-à-l'âne version zoologie parallèle, repensée, qui observerait les rythmes et habitudes de vie plutôt que la génétique des divers animaux sonores et sensoriels que capteraient son attention, son goût, ses envies, pour faire des recoupements, des cohérences dans l'apparente saillie de chaos, les soudures-accidents à quoi l'on pense d'abord à nos tours assister. La continuité, là-dedans, c'est cette tendance à laisser tout déborder – pour sculpter en mouvement ce qui jaillit ; déformer les reliefs et les poches ; écrire en langues inconnues mais indéniablement articulées, dans une logique locale indéchiffrable mais à l'expression nette, affirmée, avec la mitraille des particules qui s'élèvent et s'enflamment quand le mec avec ses machines (et autres instruments ?) tape dans le dur du socle et des avancées surplombantes ou immergées.

Mais ce n'étaient pas que des bribes, alors ?! Si, sans doute aussi – des bribes liées comme les fibres qui font des organismes, par toutes sortes de terminaisons, commencements, processus (« process », allez, il paraît qu'on devrait dire) et stratifications. Et oui, aussi : Danial Hyatt semble bien aimer la forme-fragment, les plages courtes, les jingles dévoyés qui bousillent toute velléité de s'y installer. Mais Hyatt, aussi, n'a pas l'air de cracher sur les longs parcours cahoteux, quand ça le prend, en compagnie d'un pote, pour une fois (ou d'un pair, je ne sais pas – je ne sais pas s'il y a une « scène », dont viendrait ce truc-là, s'il se trouve à Karachi ou alentours pour venir les écouter, s'il y des salles, des lieux susceptibles de les accueillir, ces agités là...). D'où cet Exile & a Mirror de douze minutes et quelques avec un nommé Smax – sacrée suite de bonds quantiques à l'échelle microcosmique... Ou macro, on ne sait pas trop. « On ne sait pas trop », tiens, ce serait peut-être ça, la meilleure définition, la seule réponse honnête – pour moi, en tout cas, de ce que j'en sais et de ce que j'en ignore – à cette simple question : « ah oui, euh... et c'est quoi ?! ». C'est On Ne Sait Pas Trop. Et c'est pour ça – aussi – que ça fait franchement plaisir.

note       Publiée le mardi 19 juillet 2022

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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PS : Si, il y a les Taiwanais Scattered Puragtory, aussi, sur Guruguru Brain, dont je vous ai déjà parlé et qui donnent dans un genre pas mal différent du gros des machins du label... Mais ça reste moins "dépaysant" que ce Nawksh à la découverte, bien moins éclaté dans la forme !

Message édité le 20-07-2022 à 10:23 par dioneo

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Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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"Difficilement situable" oui, comme tu dis - ce qui met aussi le truc pas mal à part dans le catalogue du label Guruguru Brain, où je commence à trouver plus de nuances que quand je l'ai "abordé" mais qui n'empêche avec toutes les variations qu'on veut reste souvent sur une base rock-psyché ancrée seventies (et un peu sixties) aux composantes bien identifiables. Ici... Bah c'est complètement autre chose !

Sinon, pour ne pas vraiment répondre mais tout juste amener un tout petit début de piste à ma propre question dans la chro : je ne sais pas s'il y a un "scène indé" électro ou autre vraiment "importante" ou quoi à Karachi mais il semble en tout cas qu'une poignée d'artistes concoctent leurs trucs dans leur coin, et qu'au moins un label - nommé Mooshy Moo - s'occupe de sortir tout ça. Notamment un groupe nommé Mole, avec le ci-présent Danial Hyatt et d'autres gens, un machin du nom de Dalt Wisney qui me fait de l'œil je ne sais pas trop pourquoi, une musicienne/productrice nommée Slowspin idem, quelques autres... Bon, apparemment il y a fréquemment des membres communs entre certains de ces groupes, c'est peut-être bien une bande de copains qui ont monté le bidule pour pouvoir sortir leurs prod ou en tout cas ça y ressemble fort... Toujours est-il que je vais très certainement explorer tout ça bientôt - ça m'intrigue et ça m'attire pas mal, de voir/entendre ce qu'il en est.

Message édité le 20-07-2022 à 10:15 par dioneo

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(N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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Ah mais je confirme, ça s'écoute tout seul ce truc ! Ouais, y a ce côté bribes foutraques, apparemment fait viteuf mais pas n'importe comment, avec d'un coup des vrais morceaux de merveilles dedans ("Wag", très chouette dès la première écoute). Difficilement situable, sinon que je vois bien le prolongement Warpien et aussi Sun City psyché-zarbi (sans aller chercher l'Orient ailleurs, mais de quel Orient on parle d'ailleurs ?). Ça me rappelle certains trucs que je pouvais écouter au hasard chez les labels Tektosag ou M4NM à ma période turque. J'y reviendrai, sans aucun doute, la dernière piste plus ambient-vapor tombe à pic aussi alors qu'on respire à nouveau un peu mieux.