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Ensemble Dialogos › La Vision de Tondal

  • 2004 • Arcana A 329 • 1 CD digipack

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Dioneo      mardi 24 mars 2020 - 17:59

cd • 23 titres • 73:05 min

  • 1Gospodin, Smiluj Se2:08
  • 2Zač Noge Tvoje Sada U Tanci Ne Igraju ?2:34
  • 3Venite, Benedicti Patris Mei2:08
  • 4A Dua Reče2:20
  • 5Qui Habitat In Adiutorio Altissimi9:11
  • 6I Pridoše Na Dolac Strašan3:45
  • 7Viruju U Jedinoga Boga5:03
  • 8I Onde Bi Duša Grebena1:38
  • 9Gospodine, Pomiluj5:41
  • 10I Pridoše K Drugomu Dolcu1:40
  • 11Gospin Plač4:31
  • 12Evo Tudje Strah2:08
  • 13I Toj Rekši Grediše Prid Tondalom2:30
  • 14Obrativ Se Tondal Za Angelom3:22
  • 15Ăitanje Knjige Otkrivenja5:59
  • 16A Na Jednoj Katidri0:37
  • 17Dodji, Duše Presveti6:19
  • 18Čuvši Toj1:42
  • 19Salve Regina2:30
  • 20I Toj Rekši Vaze Ga Za Ruku0:31
  • 21Svet0:56
  • 22I Otvorivši Oči0:54
  • 23Laudes Regiæ2:30

informations

Enregistrement réalisé en Bourgogne, église d’Anzy-le-Duc, du 15 au 20 juin 2003, par Michel Bernstein, Charlotte Gilart de Keranflec’h et Malcolm Bothwell. Montage : Charlotte Gilart de Keranflec’h et Malcom Bothwell.

« La Vision de Tondal – A la recherche des chantres glagolitiques & latins de la Dalmatie médiévale ». Livret de 44 pages en français, anglais, italien, croate et allemand. En couverture : "Les Visions de Tondal ; La Vallée des Flammes, pour ceux qui commettent méchanceté sur méchanceté" fol.27, par Simon Marimon (c. 1474).

line up

Katarina Livljanić (adaptation, direction, chant), Aino Lund-Lavoipierre (chant), Lucia Nigohossian (chant), Sandrah Silvio (chant), Laura Giordani (chant), Marie Barenton (chant), Sylvie Špehar Vučić (chant)

chronique

Les récits voyagent – et en chemin charrient les origines mais aussi, en perdent certaines traces, des marques qui s'effacent à mesure que s'éloigne le lieu de l'émergence. Les rythmes, les traits, sont modifiés : par les langues, les climats, les paysages, les habitats. Quand leur essence est religieuse, mystique, spirituelle : chaque chapelle s’en empare – dogmatique, hérétique, scissions, œcuménismes. Les peuples, avec les chantres.

La Vision de Tondal – consignée au XIème siècle, en latin, par le moine irlandais Marcus, nous est restituée là depuis d’autres sources, plus tardives – deux manuscrits établis dans la Dalmatie médiévale (aujourd’hui en Croatie, pour l’histoire qui nous intéresse), rédigées en un alphabet spécifique, en langue vernaculaire. Le Chevalier Tondal, au cours d’un banquet, perd connaissance. Son âme, alors, voit venir à elle son ange gardien – qui le mène pour les lui faire voir et sentir : en enfer ; au purgatoire ; au paradis. Épisodes de terreurs, d’horreurs – les tortures des Damnés aux différents cercles, le Grand-Duc Lucifer, lui-même souffrant, expiant sans fin. La remontée vers les lieux de pénitence – celle qui au bout, cette fois, ouvre le ciel, le salut. Le Trône Divin, enfin, aperçu – après quoi Tondal, au bout d’un instant, doit réintégrer son corps, le monde (« son âme éclairée » retournant à son « corps sombre »), son absence n’ayant duré, nous dit le texte « seulement un clin de nuit ».

Katarina Livljanić le Dialogos, cheminent aussi, là – à travers le texte, dans l’autre sens, en quelque sorte. Vers ces sources qui nous sont parvenues. Mais aussi – comme toujours chez elle, chez eux – en évitant l’abstraction totale, l’interprétation « remontant » les fils déroulés depuis là jusqu’à nous, établissant entre ces textes et d’autres, plus canoniques, bibliques, des correspondances, des passerelles, des nœuds. Comme toujours, dans ce que j’ai pu entendre de l’ouvrage de Livljanić, ce travail de création – d’un contexte, d’une narration – est remarquable. Nommément, mis en regard des textes glagolitiques, ce sont des chants grégoriens (en latin) ; salve Regina, extraits du Livre de l’Apocalypse cités dans le texte de la Vision, les manuscrits ; ici rétablis dans leur substance pleine, comme émanés ou poussés à nouveau autour de ces fragments d’abord prélevés (par Marcus ou ses traducteurs).

Quant au matériau purement musical, l’Ensemble les puise, aussi, à des sources très locales – la narration épousant le tracé mélodique, les neumes de messes dites, chantées chacune dans une seule église, d’un minuscule village, choisissant d’en faire un lien récurent, au cour des pérégrinations. (Dans ces régions côtières étirées où l’on peut, nous dit-elle « La faible distance qui les sépare […] permet presque [aux gens] de se crier d’une île à l’autre »… tout en parlant des diaectes différents). Et de narration, il s’agit bien. Et de création, je le répète – non pas ex-nihilo mais assumée comme telle, avec tout ce que la démarche implique d’expérimental par essence, à explorer ainsi un corpus par essence lacunaire. C’est le lot des musiques dites anciennes, certes – d’imaginer depuis l’existant, ce qu’il reste de l’ayant-été, envers et avec les contraintes. « L’authenticité », ici, ne peut prétendre à l’absolu. Ce sont des choix qui créent la cohérence – qui rendent sensible ce qui s’y raconte et s’y joue, la rapproche autant qu’il se peut d’une vérité (sans majuscule – sans prétention à l’absolu) à quoi elle tend.

Ce sont ces choix – cette vision, à son tour (à leur tour) – qui rendent vive ces créations, celle-ci, habitées de leur objet, autre chose qu’une vaine reconstitution. Voici donc : des lignes tendues, dissonantes, qui évoquées depuis un lieu, des terres, nous tirent vers une époque. (Et vers ces cercles et chutes et ascensions). Voilà les liturgies romaines remodelées, redessinées par d’autres perspectives. Voici la vox parlée qui tend son arc – d’une antiquité peine souvenue à ce moyen-âge temps de la Fable (car pour moi c’est une fable, un conte, bien plus qu’une parabole – car ouverte au doute, l’interprétation poreuse, la lecture, dépassant l'herméneutique en signes répertoriés ; les épisodes fantastiques, dans la beauté des chants qui les dits, attirants, séduisants, autant que terrifiant). Voilà des accents de tendresse, d’une consolation soudain toute terrestre, charnelle – hors du cénacle de tous prêches, nouvelle lumière à même la vie du protagoniste et pas seulement dans l’hypothétique au-delà.

C’est encore une pièce, un cycle saisissants – l’archaïque donc, ne s’y fige pas en une approximative réplique ; le « contemporain » n’y défigure pas ce monde qu’il fait sortir, brièvement, de l’ombre des siècles entre-temps, n’en contrefait pas la parole portée. Qui s’achève là – réveil et suspension, retour hors de l’heure du récit – sur une « acclamation » laissée nette au point d’orgue.

note       Publiée le mardi 24 mars 2020

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