Vous êtes ici › Les groupes / artistesEEnsemble Dialogos › Terra Adriatica (Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge)

Ensemble Dialogos › Terra Adriatica (Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge)

cd • 15 titres • 66:09 min

  • 1Litanije Lauretanske (chant glagolitique de Poljica)4:52
  • 2Sanctus. Hosana dulcis est cantica (Cartulaire de Ste Marie de Zadar, XIIIe s.)2:22
  • 3Plač Jeremije proroka (Chant glagolitique de Poljica)4:14
  • 4Puče moj (popule meus) (Chant glagolitique de Poljica)2:56
  • 5Pokoj vječni (Chant glagolitique de Poljica)2:56
  • 6Dixit Isaac patri suo (Chant grégorien, Montecassino, XIIe s.)6:20
  • 7Annuntiamus karitatem (Annonce des fêtes mobiles, Évangéliaire d'Osor, XIe s.)3:13
  • 8Caminus ardebat (Antienne grégorienne, monte Cassino, XIIe s.)3:41
  • 9Summe rex (Kyrie tropé, Assisi, XIIIe s.)6:28
  • 10Liber Generationis secundum Matthaeum (Lecture polyphonique, Zagreb, antiphonaire de O. Thuz, XVe s.)8:51
  • 11Credo (Bologna, Civico Museo Musicale, XIVe s.)3:32
  • 12Ave donna santissima (Laudario di Cortona, XIIIe s.)4:52
  • 13Magdalena javkane (Laude traditionnelle, Mala Subotica)3:27
  • 14Magdalena degna da laudare (Laudario di Cortona, XIIIe s.)3:07
  • 15Laude novella sia cantata (Laudario di Cortona, XIIIe s.)3:42

informations

Enregistré en 1998, en l’Abbaye de La Prée, Lignières en Berry (Cher). Enregistrement et montage, Maurice SALAÜN. Direction de l’enregistrement, Malcolm BOTHWELL.

line up

Katarina Livljanić, Aino Lund-Lavoipierre, Lucia Nigohossian, Sandrah Silvio, Gro Siri Ognoy Johansen, Cornelia Schmid

chronique

  • À ma bouche, il fut doux comme le miel

À ce Dieu-là, on est fidèle en ‘Tu’. Ses laudes irradient, brûlent en ocres et bleu. À l’or des champs. Celui qu’on bat en rythme, en gestes amples et forts. Qu’on brunit au foyer, qu’on pose sur la table. Ces chants rayonnent et résonnent, plus que d’échos, d’éclats tendres et francs, d’histoires vernaculaires et de noms très anciens. D’une rive à l’autre, aussi, ce sont d’autre Génies, d’autres Anges qui parfois semblent s’immiscer -clandestinement, il le faut bien !-, qui viennent iriser la louange. Du côté de la péninsule -rappelons qu’alors, il n’est pas de Nation Italienne mais seulement des états, des peuples, des dialectes-, l’appel céleste se vêt d’une légèreté de feutre ; le solennel se fait séduction des sens, Immédiat ; ornements, teintes et timbres somptueux ; lignes pures à l’élégance simple, presque nue, ou bien parfois entremêlées ; en leurs jeux subtils, volées à ciel ouvert ou recueillement des chapelles aux murs blanchis de chaux, les voix l’affirment : ce qui veut se fondre au divin aspire à la beauté ; l’élévation n’est pas calvaire, chemin d’épines et contrition (ou alors la souffrance même affinera les proportions) ; elle est accession à l’air libre, jaillissement d'un bonheur sensible. Versant croate, en ces contrées où l’on n'écrit encore guère le latin (l’alphabet même est souvent autre…), la Grâce, semble-t-il, plus encore s'il se peut, veut s’incarner à chaque instant. Elle se glisse à l’oreille de vierges aux gorges fermes, d’hommes et de femmes aux paumes durcies, aux dos éprouvés. Nulle rudesse, pourtant, dans ces hymnes, Sanctus, Credo, annonces de communions villageoises. Nulle dureté. En ces bouches, plutôt, vient s’écouler le miel des Mystiques, cette brûlure intime du Cantique des Cantiques. On donne parfois au Maître l’un de ses noms hébraïques (Seigneur Sabaoth…) ; comme du temps où, sur les Monts, il descendait parmi les siens ; mais cette fois-ci, sans plus d’effroi. On peut même soupçonner, disais-je, que s'instillent en ces unissons, en ces polyphonies uniques, étrangères à l'autre Europe, les traces de cultes moins admis, plus secrets, plus familiers. Ce sont, me dira-t-on, les ruses de cette foi qui emprunte, partout et toujours, le grain de peau de tout ce qu’elle évince ; qui se pare de motifs, d’harmoniques locaux pour tuer la méfiance dans l’œil du Païen. Certes. Mais on ne caresse pas les fidèles sans qu’à leurs soirs, à leurs levers, se rappellent les joies toutes terrestres, la floraison des chairs. Et la Parole elle-même, l’Unité, en concédant pour se répandre à ces langues éparses aux attaches profondes, se contaminent à ces tournures qui les changent, font qu’elle ne se figent pas en lettres mortes, en canons inamovibles, pétrifiés. Le Paradis devient Contrée où l’on chemine. C’est là d’ailleurs toute le génie du Dialogos, sa magnifique intuition : vouloir son interprétation poreuse, ouverte, ancrée dans une terre aucunement fossile. Ce recueil est tout imprégné de traditions locales, maintenue vivantes -et vivaces, ô combien !-, non dans les musées, les bibliothèques épiscopales mais aux processions où l’on s’emporte, poumons dilatés vers des cieux palpables ; à l’espace tactile d’églises minuscules. On est bien loin, ici, des sépulcres gothiques, des Saints de Glace d’un Empire Germanique… Au détour d’un récitatif passe un murmure proche, enamouré de Son Très Haut... "Et maintenant, Vivants, levez-vous de ces bancs, et marchez hors ces murs. Que votre corps soit le vrai temple ; votre joie seule communion ; votre poids et vos peines, preuve qu’ici-bas, odorante et meuble est la terre où vient mordre le soc".

Chef-d'oeuvre
      
Publiée le mercredi 16 septembre 2009

dernières écoutes

    Connectez-vous pour signaler que vous écoutez "Terra Adriatica (Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge)" en ce moment.

    tags

    Connectez-vous pour ajouter un tag sur "Terra Adriatica (Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge)".

    notes

    Note moyenne        2 votes

    Connectez-vous ajouter une note sur "Terra Adriatica (Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge)".

    commentaires

    Connectez-vous pour ajouter un commentaire sur "Terra Adriatica (Chants sacrés des terres croates et italiennes au Moyen-Âge)".

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Ah ben merci pour elle... Ça fait toujours plaisir que des gens à priori pas du tout "dans le trip" aient envie d'aller y voir, pour telle ou telle musique. Et oui, c'est étonnamment varié ET cohérent. Il faut dire que le travail du Dialogos - et singulièrement de Katarina Livjlanic, qui est à ma connaissance le seul membre permanent de l'ensemble - est souvent remarquable. Toujours "anglé" mais assez libre, pas bloqué dans l'idée de faire "le plus pur possible", le plus proche de ce que c'était supposé être "à l'époque". Bien d'accord d'ailleurs, pour le coup de l'acoustique des lieux, elle/ils travaillent aussi avec ça... Quant à Hate Forest, je crois que je n'ai jamais écouté ce groupe, en fait, mais à mon tour ton parallèle m'intrigue. Va falloir que je m'y essaye, tiens.

    Note donnée au disque :       
    WZX Envoyez un message privé àWZX

    Une musique rayonnante, une musique qui fait du bien. Quelle plénitude.
    Indétachable du lieu, aussi. Difficile de concevoir ces voix, si parfaitement lovées dans l'acoustique de l'endroit, autrement ; elles en sembleraient défigurées.
    Disque d'une richesse insoupçonnable, aussi. La diversité de ses quinze pièces étourdit. La voix grave sur Puce moj m'évoque irrésistiblement les chants du Battlefields d'Hate Forest, la polyphonie du Summe Rex laisse bouche bée (13è siècle ?!), et ce drone qui s'étoffe progressivement sur le Magdalena degna da laudare, et et et... Cohérence rare pourtant, à aucun moment l'élan se brise.
    Et chronique parfaite, sans laquelle je serai jamais arrivé là, sans doute.

    Note donnée au disque :       
    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    Hum... Au fil des écoutes, on en entend mieux les variations, les nuances et subtilités sous le premier abord "ah ben oui, Médiéval, quoi".

    On finit même par distinguer assez facilement de quelle côte émane quel chant (bon, en même temps le latin et le croate, c'est sur que ça sonne pas pareil mais ça n'est pas le seul facteur...).

    Après j'avoue qu'à la base, j'ai le goût de ces musiques-là, c'est vrai.

    Note donnée au disque :       
    ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

    Diantre, ne l'ayant pas assez possédé pour qu'il me possédasse à son tour, je ne puis m'accorder la qualité de juge. Magnifique dans l'instant, un peu répétitf et brut de moyen-age pour mes esgourdes toutefois.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
    avatar

    ( Que répondre à ça ! )

    Note donnée au disque :