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Sage Francis › Copper Gone

cd • 14 titres • 54:06 min

  • 1Pressure Cooker
  • 2Grace
  • 3ID Thieves
  • 4Cheat Code
  • 5Dead Man's Float
  • 6Over Under
  • 7Make Em Purr
  • 8Vonnegut Busy
  • 9Thank You
  • 10The Set Up
  • 11The Place She Feared Most
  • 12Once Upon a Blood Moon
  • 13Say Uncle
  • 14MAINT REQD

informations

line up

Sage Francis (MC)

Musiciens additionnels : Cecil Otter, Alxndrbrwn, James Hancock, Poindexter, Reanimator, Le Parasite, Buck 65, Prolyphic, Anders Parker, Alias, Dub Sonata, John Ash, Kurtis SP (production), Dilly Dilly (voix), Athena Hiotis (piano), Joshua Trinidad (cuivres)

chronique

  • alternatif > emo

Mhoilà... J'ai mis mes grosses pantoufles Homer Simpson, mon humeur est à peu près dedans... L'occasion de se ressortir un album confidentiel de Sept J'Freine Six, dont à peu près tout le monde se fout ici, et d'en causer avec la relaxitude d'une grosse blogueuse satisfaite de son crumble pomme-poire-coco... Mais reprenons où nous nous étions arrêtés : quatre ans se sont écoulés depuis Li(f)e... Pas d'nouvelles... Bonne nouvelle ? Où étais-tu donc, mon bon Francis ? "J'étais occupé, lâche-moi les burnes ! Fallait que j'prenne mon temps !", me répond tout agacé l'œuf barbu, sur le bien-nommé "Pressure Cooker" à la prod déstructurée-abstract-épileptique, qui m'a assez longtemps bloqué pour entrer serein dans Copper Gone, tant ce fracas foutraque est l'entrée en matière la plus ardue qu'on puisse imaginer pour un album... Peut-être une façon maladroite pour Sage Francis de bien souligner qu'il est revenu à l'underground, en quittant les grosses écuries Epitaph puis Anti- pour sa petite structure perso Strange Famous (ah, ces histoires de labels... les meilleurs moments des chroniques, pas vrai ?) bien à l'ombre loin des gros blaireaux du game occupés à leurs egotrips fast-food à base de mafioso périmé, de gros boules et de big bills. Ce méli-mélo introductif laissera place à un album mélo, comme il se doit, avec des serre-gorges comme "Grace" ou "Dead Man's Float", et une jolie pléiade de dope tracks à infusion lente... Sous-texte : "depuis mon dernier album, mon papa est mort, ma meuf m'a largué, j'te fais pas un dessin mais j'étais pas au top de ma forme". Ouais, on ressent tout du long de Copper Gone que Francis en a gros sur la patate, mais aussi que le rap lui avait manqué, et qu'il se sent plutôt bien à reprendre le mic. Après l'angoisse vient le désir de plénitude. À la fois triste et serein, ce "Thank You" pour son daron a aussi les reflets subtils d'une vieille ballade g-funk... Les figures imposées sur Copper Gone ne sont jamais grossières, toujours en clair-obscur et douces-amères. Même quand il débourre sur de la grosse instru à synthétiseurs ("Cheat Code", mortelle), même avec sa nouvelle armada bigarrée de beatmakers illustrant cette cohérence de bipolaire... Sage Francis a décidé de s'accepter comme il est, enfin : un nounours sensible, trop cérébral pour beaucoup, mais un mec entier, en accord avec lui-même, jusqu'à assumer une chanson inspirée par les petits chats - "My 20’s were a roar, my 30’s were a blur... my 40’s ? I’m not so sure, but I’m'a make ‘em purr"... Plus encore qu'à Personal Journals ou au one-shot culte des Non-Prophets, l'ambiance de Copper Gone renvoie au magistral A Healthy Distrust de 2007. Sa mélancolie mi-Eminem mi-Neil Young, ses larmes, sa rage, sa sincérité désarmante, entre confession fébrile et mission commando, son hip-hop au son du passé, du présent et du futur... Même si Copper Gone a moins de fulgurances (et que j'ai un peu de mal avec la tapageuse "The Place She Feared Most") il n'est pas loin d'être aussi gratifiant, pour qui saura lui accorder un peu de son temps. C'est sur cet album que Sage Francis s'accepte enfin pleinement comme ce qu'il est : un indécrottable émotif, un babtou fragile taquin voire féroce au mic. Et accepte enfin sa destinée, celle d'être jusqu'à sa mort un rappeur à l'effet 100% "livre intime ouvert", qui sera toujours soucieux de fignoler de plus ou moins discrets clins d'œil à ses classics, comme si sous sa personnalité complexe il avait toujours peur qu'on le prenne pour autre chose qu'un pur MC-soldat du hip-hop ancré dans la tradition... Au détour de prods toxiques, de mélodies désarmantes, et malgré des creux d'inspiration évidents (dus aux cachetons ?), Francis reconquiert ceux qui comme moi ont été déçus par Li(f)e, où sa facette indie-folk, trop relâchée, barbait poliment. Copper Gone marque des retrouvailles émouvantes : celles de Sage avec son audience autant qu'avec lui-même. Il fait corps avec sa mystique, les rides se dessinent et lui vont bien ; maintenant on ne l'appellera plus "cousin Francis", mais "oncle Sage", avec tendresse... J'y peux rien moi s'il est attachant l'Fanfan, avec sa grogne affamée de vie, et puis j'y peux quoi hein, s'il existe parce que les gens sont trop durs en général, si ses trémolos de chèvre à qui on a trop tiré les cornes font mouche, si sa tronche à jouer dans une comédie des frères Farelly (dans le rôle d'un ex qui enregistrerait ses conversations de rupture pour les sampler ensuite) va bien à sa musique, autant que sa personnalité névrosée mais franche de vieil ado à fleur de peau, typiquement américain, avec ce côté côté un peu Henry Rollins un peu Louis C.K. (on sent toujours bien que c'est pas gagné pour les relations sentimentales...), ses associations d'idées en rafales et sa douce paranoïa, sans parler de son débit vocal à l'aisance élastique digne d'une vitesse de tondeuse passant en un clin d'oreille de la position "lièvre" à "tortue" (ou l'inverse) qui me fait penser à la tortue de la BD qui s'appelait Caroline, doux prénom qui renvoie bien sûr à MC Solaar, qui était à ses débuts de la même espèce de rappeurs que Sage Francis : ceux qui savent qu'une petite mélodie naïve peut avoir l'impact d'une balle à fragmentation, quand elle se loge dans le cœur.

note       Publiée le mercredi 5 décembre 2018

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    Merci Raven pour toutes ces chroniques de rap des années 2010. J'avais beaucoup aimé A healthy distrust sorti en 2005, j'écouterai ça à l'occase.

    Potters field Envoyez un message privé àPotters field

    Pas trop kiffé celui-là perso. bon, j'avais bien aimé celui d'avant, ceci expliquant probablement cela.