Shock Therapy › Cancer

Ah ? Certains trouvent que Itchy chante trop bien, se laisse parfois trop aller à ses sentiments ? Se demandent pourquoi son groupe s’appelle Shock Therapy ? Voilà pour eux, ‘Cancer’ sonne plus rêche, râpeux, sans perdre sa froideur notamment concernant la rythmique. D’abord plus punk, ce disque se distingue aussi de par ses guitares grésillantes, une batterie sèche comme un bloc de granit, des synthés obsédants et un chant à des années-lumières du beau timbre mélancolique de ‘Hate is a 4 letter word’. La colère, mes amis, mais pas une colère trop facile que l’on laisse éclater, celle qui doit rester coincée à la limite des dents comme un goût de vomi afin de bien brûler l’estomac, l’âme, encore et encore parce que la vie ne soulage rien pour des gens comme Itchy, elle en rajoute des couches chaque fois qu’un rai de lumière se pointe à l’horizon. ‘Cancer’ est un album tendu mais jamais à l’extrême, le truc que l’on écoute sans se méfier, avec juste assez de mélodie et de punch pour emballer. Jamais comfortable pour autant. Le modèle le plus doux de papier de verre qui à force de caresser la peau en arrache des lambeaux, petits, juste assez pour faire mal durablement. Même quand on croit que le groupe va céder: l’excellent ‘Do you know what’s like’ avec sa batterie tribale, un chant plus mélodieux, mais son crissement continu de guitares vrillant les nerfs, ‘The sun’ moins saturé, plus tranquille, mais inquiétant comme le supplice chinois de la goutte, ‘Throw me to the wind’ également. A son écoute, on comprend aussi la popularité du combo en Allemagne car beaucoup de morceaux sonnent comme une certaine forme de dark wave EBM/indus alors assez en vogue (Placebo Effect, Project Pitchfork, Mental Inquisition, Tilt !…) comme sur les bons ‘Useless’, ‘Genius of the crowd’, idem pour les plus orientés goth (le très réussi ‘Burnaway’, ‘Cancer’, ‘All the right words’) qui rappelleront davantage une forme teutonne de gothic rock mêlant l’usage des machines comme chez Cancer Barrack ou Girls Under Glass. Pour couronner le tout, pas de structures sécurisante couplet/refrain, ou alors de manière alambiquée; évidemment avec un tel titre, que pouvait-on attendre, me direz-vous ? ‘Cancer’ est à l’image de sa pochette, de l’art brut bien plus vicieux et travaillé qu’il n’y paraît (fabuleux et omniprésent synthé). 4,5/6