Guts Of Darkness

The dark years ? Parce qu’il y en a eu des joyeuses ? J’étais pas au courant en tout cas. Passons, tout est dans le titre et c’est pas si mal, parce que les premiers Shock Therapy en cd, c’est pas toujours évident à prix décent, ça fait même souvent grincer des dents. Stop avec les rimes et déballons le paquet. Trois chansons inédites, c’est plutôt cool en guise de pralinés. ‘Just let go’, c’est du grand cru version amandes amères, une cold wave dépressive presque douce qui se conclut sur deux minutes de grincements. ‘Explain to me’, de bonne facture également, se veut plus hachée dans sa rythmique, avec des beats marqués comme c’était l’usage à cette époque, un Itchy impeccable au chant, pas agressif pour un sou mais inquiétant; atmosphère un peu tribale, interlope. Quant à la troisième, froide et grinçante, triste et sans âme, mélodieuse mais désenchantée, elle symbolise la dichotomie qu’on trouve parfois chez Shock Therapy entre une imagerie spécialement torturée et une humanité aspirant à la lumière, à l’image de la personnalité de feu son leader. Plusieurs chansons ont été ré enregistrées mais ne possédant ni ‘My unshakable belief’ (je ne suis pas assez riche) ni ‘Touch me and die’ (c’est peut-être provisoire), je ne comparerai pas. D’ailleurs, on s’en branle un peu parce que cette compilation est simplement très bien, une face moins rêche du groupe mais d’autant plus noire et malsaine. Influences 80’s en vrac, du post punk à la dark wave en passant par le goth mais du genre où l’ingé-son a hésité parfois sur la console de mixage avec la piste indus. Niveaux guitares, aucun confort, elles évoluent sans cesse sur le fil du rasoir noise, la batterie est très claquante dans les caisses claires, ne sonne jamais fluide; quelques claviers de second-plan renforcent la touche désespérée, froide. Car l’unique constante est la froideur de la production, la seule touche organique, humaine, de cette musique, c’est la voix. Douce, triste, hargneuse, punky davantage que par la suite aussi. Etonnamement je songe parfois à Fad Gadget (‘Explain my world’, ‘What compels me ?’), dans la démarche plus que le résultat mais tout de même. Globalement cette musique s’adresse à ceux qui marchent dans la rue comme on avance entre les lignes de front, tout en leur donnant envie de lever les yeux au ciel pour vérifier que la lumière par moment perce le smog. Parfois on y croit, parfois on a envie d’égorger les passants, parfois juste de saisir une poubelle et la balancer dans une vitrine pour que ça résonne plus fort que le brouhaha quotidien et pollué, des fois enfin on se réfugie simplement dans une ruelle et on reste le dos contre la brique à sentir la pluie nous couler dans le dos nous rappelant qu’après tout, nous ne sommes pas encore mort(e)s. Le maquillage de clown n’a jamais trompé personne, Itchy était un gars qui savait que le monde le mettrait K.O. mais qui a passé sa vie à prouver qu’il ne l’admettait pas.