November Növelet › More Satanic Heroes

Une vieille photo de toi, jaunie par le temps... avec les autres... tu n’as pas changé... dans le couloir clair des pensées malades... assis sur le banc froid... je ne pesais alors que 20 kg... et toi aussi... en position foetale... nous étions si frêles... nos espoirs évanouis... des trucs de gosses... la détresse enfouie entre tes genoux... un liquide ruisselait... entre nos corps maigres de mioches désabusés... tu ne sais plus ce que c’est... que d’être désabusé... la mémoire... elle aussi... s’écoule... souviens-toi de mes regards... le bleu nuit injecté dans mes pupilles brunes que tu aimais tant... acides comme le souvenir... après toutes ces années... tous ont dû changer... toi aussi forcément... tu pleurais tout le temps... rien n’a changé... das sind nur Ratten!... tu entendais cela tout le temps... assis sagement sur le banc... le banc d’essai... rien ne pourra faire changer tout ça... nos yeux espiègles... ces regards désabusés... les rires hagards... tu voudrais les oublier... je crois que le médecin me regardait... la douleur te brûlait toujours plus fort... lancinante... l’odeur âcre... et celle des autres... en intraveineuses... tu nous portes tous en toi... je n’ai plus peur... tu ne dois plus avoir peur... tu n’es pas fautif... personne ne te montrera du doigt... personne ne nous a jamais montré du doigt... la faute aux souvenirs... aux images... qui me montrent du doigt... ils montrent mon corps du doigt... aux cris qui perçaient nos tympans à chaque seconde... pense à nous... à eux... lorsqu’ils nous ont photographiés... percés... oublie les tentatives... ces petits yeux brillants comme des billes de verre... la nuit surtout... les larmes refoulées derrière les masques mortuaires... tout autour les uniformes noirs... mais toi tu avais fini par les aimer... la douleur est partie... tu le sais bien... toi qui nous portes tous en toi... je ne pourrai jamais t’oublier...