Brainwork › Sensual Reflections

À ne pas en douter, Uwe Saher est l’un des fins compositeurs en MÉ qui affectionne les rythmes mélodieux, teintés d’un brin de romantisme et de mélancolie. Sensual Reflections est ma première immersion dans le monde musical de Brainwork hors des sentiers de la Berlin School. Et j’y ai découvert un album d’une belle tendresse, donc l’incroyable Red Moon, arquée sur des rythmes diversifiées. Un album que certaines critiques considèrent comme un pâle reflet de ce que Brainwork peut réaliser. Un passage à vide que Schroëder a connu avec l’ère Pegasus. Allons-y voir et entendre de quoi il en retourne.
Intro oscille sur des cerceaux synthétisés où cris d’enfants se mêlent à une faune auditive imprécise, effleurant même les souffles de Jarre sur Concerts en Chine. Un titre atonal qui claque brusquement la porte, nous propulsant dans les rythmes langoureux et sensuels de Spirit Rain et de ses incantations tribales. Le rythme est constant et s’appui sur un jeu de percussions sobre, tout en visitant des corridors cosmiques. Un amalgame de soft techno à d’électronique pure. Wideness épouse les doux effluves synthétisés du Dream sur Legend. Un titre très attirant, car étrange, où l’absence de rythme tangible se cache derrière une superbe mélodie teintée de nostalgie. Dreaming China ouvre sur des accords très orientaux qui scintillent dans un vide astral, avant d’épouser une séquence ondulante et un synthé vaporeux. Le titre augmente légèrement la cadence sur un mellotron aux orchestrations lentes et enveloppantes, d’où émergent les accords limpides introductives. Un beau titre fort accessible. Red Moon est tout à fait splendide avec son piano hyper touchant, nappé de notes cristallines et d’un mellotron suave aux arrangements orchestraux à faire fondre une roche. Du bonbon pour les oreilles, sauf que nous sommes en terroir New Age facile….mais c’est tellement adorable que c’en serait un péché que de l’ignorer. Un peu comme le très beau et Moyen Age Mediterean Theme et son mélange de guitare acoustique, aux sonorités de harpe et de guitare du Moyen Age, enrobé d’une flûte et d’orchestration mellotronnées.
Après cet encart romanesque, Thrill Zone nous plonge dans un monde musical obscurcis par de bonnes strates synthétisés intrigantes, des vocalises étranges et des solos torsadés sur un beat soutenu. Un titre qui aurait fait le répertoire de Mark Shreeve. C’est sur des accords limpides, plutôt discrets et sautillants, que Waterfalls ouvre ses premières mesures. Le rythme s’installe, ourlant sur une structure synthétisée très TD de la côte Est américaine. Un titre qui carbure à la Yanni. C'est-à-dire très mélodieux, avec un synthé plaisant sur un rythme lourd, mais doucereux. Fairy Flight est un autre titre à l’allure douce et intuitive. Une superbe ligne pianotée parcourt une rythmique zigzagante, entrecoupée par des intercales technoïdes, sur des percussions sobres et des effets sonores hétéroclites qui suivent le tempo. Un bon titre qui accroche instantanément. Ice Forest est un titre mélodieux et lourd qui démarre avec une brume mystique d’où s’échappe de doux accords pianotés aux carillonnements éclatants. Un morceau où la mélancolie se berce sur une séquence ascendante, dont la spirale débouche sur un rythme lourd, alors que Black Celebration II offre un rythme lourd et saccadé, avec une approche vocale clanique, incluant les claquements de mains, Africaine sur un fond de synthé aux courbes très aventureuses. Un titre qui dépeint l’univers des rythmes contradictoires de Sensual Reflections. C’est mélodieux, tout en étant distordu.
Sensual Reflections est un étrange album. Très mélodieux, avec des teintes New Age à certains endroits, Sensual Reflections est plutôt un album romantique et charmeur avec de belles pièces sur des rythmes légers et faciles à apprivoiser. Une collection de pièces musicales qui renferment par contre de véritables bijoux, témoignant de doigté très romanesque et mélancolique de ce superbe artiste qui nous réservera de très belles surprises.