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Fugazi › 13 Songs
informations
Inner Ear Studios
Il s'agit de la réédition des EP's Fugazi et Margin Walker réunis sur un seul disque
line up
Brendan Canty (batterie), Joe Lally (basse), Ian McKaye (chant, guitare), Guy Picciotto (guitare, chant)
chronique
“ Promises are shit, we speak the way we breathe. Present air will have to do, rearrange and see it through. Stupid fucking words, they tangle us in our desires. ” 13 Songs, les deux premiers EP’s de Fugazi sur un seul disque. Les deux poings d’un même homme, remplis de verre pilé, et serrés jusqu’à ce que le sang ruisselle le long de ses bras, qu’un rictus déchire son visage, que ses yeux, fixes, expriment la douleur la plus âpre qui soit. A peine né, c’est déjà autre chose que Minor Threat. Plus loin. De Fugazi, on a retenu "Waiting Room" comme leur grand tube. Rien de bien étonnant : la ligne de basse sautillante, et puis le rythme qui tangue avec fougue, et surtout les mythiques premières lignes que scande McKaye ("I am a patient boy, and I Wait I Wait I wait"), tout était fait pour rester ancré dans les mémoires. Mais le reste est aussi grand, jusqu’à l’ultime pièce, "Promises" : une ballade en apparence, mais quelque chose de violent à l’intérieur, qui rampe pernicieusement et vrille les nerfs. Après l’épisode Minor Threat, on reprend le même discours, mais en choisissant ses mots avec soin. Minor Threat était un opinel rouillé. Fugazi est un rasoir flambant neuf. Tranchant, redoutable. Sur 13 Songs, le groupe est encore jeune mais maîtrise déjà tous ses éléments, à savoir une fougue et une énergie grisantes, offertes avec une technique de fou furieux à l’auditeur émerveillé, qui finit par ne plus compter les coups de latte qu’il se prend dans la tronche à force d’en encaisser d’une piste à l’autre, et souvent au sein d’un même titre. Structures alambiquées, ciselées, jeux de guitares fourbes entre McKaye et Picciotto, riffs aiguisés, terriblement mélodieux, basse reptile et percussions méthodiques. Le groupe garde quelques solides restes de punk en lui, qu’il façonnera de plus en plus jusqu’à l’aboutissement Red Medicine. Mais la rigueur est déjà adulte ici, on a mûri, on contrôle le geste, on exécute avec fermeté, doigté, on contrôle le débit, les flammes, les étincelles, les copeaux de métal, on façonne ses armes et on les manipule avec la rigueur des maîtres. Fugazi est samouraï. Fugazi est sculpteur. Fugazi est architecte. Fugazi est le Kubrick du post-hardcore. La perfection, maladive. La puissance, nue. Rarement les claques n’ont été données avec autant de passion. Fugazi est passion. Plus direct ici qu’il le sera par la suite, le groupe a pourtant déjà dit l’essentiel ici, à travers des moments de force incroyables, tout en tension et contrôle, à l’image des morceaux de choix que sont "Burning" et "Give Me The Cure". Les dissonances et larsens commencent déjà à pointer leur sale gueule, ça commence à siffler, à dérailler ("Glue Man", "And The Same"). Une perle.
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
On est d'accord là-dessus. Dans mon souvenir on disait d'ailleurs "emo-core" quasi toujours en entier, à propos d'eux (ou Rites ou Spring un peu avant, avec le même Guy P. dedans), le "core" a sauté il me semble à peu près quand la définition a glissé vers autre chose, évolué comme tu dis. Mais c'est vrai - c'était plus le sens de ma remarque - qu'ici, il y a certains passages où, je trouve, les deux acceptions peuvent être pertinentes, en poussant un peu ! Dû égard notamment à certaines lignes de basse qui, si tu enlèves les voix bien de chez eux, sonnent assez post-punk parfois pas loin d'une définition goth à l'anglaise du truc, je dirais. Un peu comme chez Mission of Burma vers la même époque, des gens comme ça... Une sorte de transplantation dans un milieu qui fait que les choses reprises ailleurs sonnent complètement neuves à première écoute voire après, mais avec des points communs qui font qu'une fois entendus, on a du mal à continuer à se dire "mais non, c'est juste incident, ça n'a rien à voir"... Sinon, aussi : en réécoutant celui-là plutôt que les suites, je me suis dit au passage que les mecs avaient dû marquer vraiment masse de monde, et fait vraiment bouger un truc - tant j'y entends des choses qui ressortiront (transformées beaucoup ou à peine) dans les scènes dites indie de la décennie d'après. (En terme d'esthétique musicale, d'éthique, de de discours, de, euh, d'ouverture formelle ET sur le fonds).
Message édité le 29-10-2024 à 12:08 par dioneo
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
A l'époque, le khôl n'avait rien à faire dans l'emo. Et la définition de l'emocore, à ma connaissance, c'était eux (et sans doute d'autres que j'ai pas écoutés). Que la définition ait évolué, pas de problème, aucune volonté de querelle sur le "true emo". Linguistique, sémantique, tout ça... Juste ne pas oublier que l'emocore, à la première invention du terme, c'était ça.
Message édité le 29-10-2024 à 11:31 par born to gulo
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- Dioneo › Envoyez un message privé àDioneo
Réécouté ce matin... Je ne me rappelais plus à quel point les mecs avaient déjà poussé loin de leurs bases "US hardcore homologuées" (qu'ils avaient les uns et les autres contribué à poser avec leurs groupes précédents, d'ailleurs). Musicalement, bien sûr, mais aussi en terme de ce que ça s'autorisait à exprimer - très au-delà de la simple rébellion virile/guerrière où le genre (HC) s'était souvent vite encagé. Et puis... Émo, alors ? Ouais. Avec où sans khôl - et toujours une énergie lumineuse. C'est pas toujours "chaud", la lumière, on se rappellera. Et c'est pas toujours "froid", la détermination.
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
Tu m'as l'air d'avoir une vie plutôt de qualité.
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- dimegoat › Envoyez un message privé àdimegoat
Cette ligne de basse de Waiting Room, telle une érection matinale, est la bande-son mentale récurrente des premières minutes de chaque jour.
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