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Fugazi › In On The Kill Taker

12 titres - 42:06 min

  • 1/ Facet Squared
  • 2/ Public Witness Program
  • 3/ Returning The Screw
  • 4/ Smallpox Champion
  • 5/ Rend It
  • 6/ 23 Beats Off
  • 7/ Sweet And Low
  • 8/ Cassavetes
  • 9/ Great Cop
  • 10/ Walken's Syndrome
  • 11/ Instrument
  • 12/ Last Chance For A Slow Dance

informations

Inner Ear Studios

line up

Brendan Canty (batterie), Joe Lally (basse), Ian McKaye (chant, guitare), Guy Picciotto (guitare, chant)

chronique

"The point has been recorded. The malice has been revealed.” L’explosion était imminente. Avoir une boule dans la gorge grosse comme le poing et être parfaitement lucide devant sa condition… merdique, devant la file des pleureuses qui creusent leur tombe sans lever les yeux. Serrer les dents, s’efforcer à garder la tête hors de l’eau pour ne pas sombrer avec le reste de la meute, concentrer toute son énergie, toute sa fureur, en bloc, pour survivre, parce qu’on est vivant, et que la vie c’est le sang, et qu’il bat dans ses tempes, et qu’il gicle sur ses amplis, de ces mains qui frappent les cordes avec violence parce qu’elles ont d’abord appris à les caresser, avec tendresse. Oui, ça devait exploser – ça devait sortir, jaillir, de cette gorge, de ces instruments, respectés… maltraités. In On The Kill Taker est le disque absolu de Fugazi. Le plus beau, le plus fort. Un diamant brut. Alors à quoi bon dégoiser sur chaque titre de cet album et faire le malin ? Ce serait indécent, aussi ne parlerai-je pas en détails de chaque piste pour vous convaincre d’y jeter une oreille, je serais bien incapable de faire de l’esbroufe en parlant d’un tel album – le genre d’album qui rend les petits branleurs dans mon genre humbles. J’ai découvert Fugazi avec cet opus – la première fois je n’ai pas aimé, ça m’a laissé complètement tiède. Je ne voyais pas où était l’émotion dont on me parlait tant là-dedans, je n’entendais que du punk. J’étais juste aveuglé par l’émotion racoleuse, qui m’empêchait de voir celle, sans fard, qui transpire de partout ici. L’émotion est partout oui, seulement ce n’est pas l’émotion qu’on m’avait appris à voir, qui n’est autre qu’un habile maquillage. Aucun maquillage ici : l’émotion est nue. Sèche. Âpre. Directe. Et elle s’écrase pleine face contre toi, en s’offrant toute entière, puis disparaît, puis revient, encore plus dure, avant de s’effacer et de revenir encore, à la charge. C’est pas pour rien que le terme emocore a été inventé pour ça. Fugazi joue avec le son autant qu’avec les silences, pour mieux frapper au cœur. Métronomique. Orfèvre. La batterie tabasse, la basse est serpent, les deux guitares jouent au chat et à la souris avant de s’unir dans un même torrent métallique, de leurs cordes jaillissent des riffs sinueux, brutaux, déglingués, déchirés, lumineux ou vaporeux, le génie frappe à ta porte chaque seconde... et toi tu ferais mine de ne pas l’entendre ? Impossible. Les structures des morceaux te trimballent d’un extrême à l’autre, souvent au sein d’un même morceau la puissance est retorse, j’en veux pour preuve ce "Returning The Screw", qui n’est pas mon titre préféré de Fugazi pour rien : lancinant, tout en violence contenue et agressivité latente, fatal. La tension est permanente tout comme cette rage froide qui coule dans les veines, s’insinue dans les nerfs et jaillit au gré des dissonances, larsens, coupures, étincelles, copeaux de riffs, lambeaux de métal qui strient ces 42 minutes implacables, magnifiques. Un album qui ne ment pas, qui ne triche pas. Une véritable leçon, un disque à s’écouter pour se sortir la tête du cul, quand on se sent blasé de tout, lessivé. Un disque pur. Précieux. À fleur de peau.

note       Publiée le mardi 3 février 2009

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chronique

  • emocore, avec un noyau dedans

Le Washington Monument baigné dans une lumière jaune apocalyptique… et cet étrange morceau de calepin à droite… Un calepin que le groupe aurait trouvé dans la rue, et d’où le nom du skeud est donc tiré. Tout comme la lettre d’enfant effrayante qu’on peut lire en ouvrant le livret, ces tranches de vies anonymes sont symboliques du désordre qui fait sens, transcendé par le bruit… In on the kill taker, à la base, était enregistré par Steve Albini. Et comme Fugazi ne fait rien comme tout le monde, il se trouve qu’ils sont l’un des seuls groupes à ne pas avoir apprécié le résultat de sessions avec le binoclard de chicago. Du coup, c’est la version ré-enregistrée avec Ted Niceley, leur producteur habituel (ainsi que celui de Girls against boys et de … Noir dez) que nous connaissons. De tous leurs albums, Kill taker est celui qui recèle les guitares les plus tuantes, les plus inventives, et avec si peu d’effets – écoutez le "solo" qui décape à la fin de Great cop ! Ce que Fugazi a réussi à prouver, tout au long de sa carrière aujourd’hui acclamée de partout et avec un chouïa de bigoterie superflue, c’est que le voyage était plus important que la destination, le mouvement plus important que le résultat. Et ce n’est pas seulement valable pour leur parcours artistique irréprochable, de l’hymne introductif "Waiting room" à "The Argument", la chanson-titre de l’album du même nom ; c’est aussi valable pour leurs chansons. Ici, l’important ce n’est pas tant que Returning the Screw commence doucement pour finir en raclée post/emo/spazz /quoi-que ce-soit core, c’est le cheminement entre les deux. Pareil pour l’épique et mystérieux 23 beats off, où la tension pousse progressivement telle une plante grimpante autour des murs de guitares, avant d’ouvrir la porte sur l’instrumental décharné Sweet and Low. L’album est parsemé d’allusions pas forcément évidentes, rejoignant un peu la poésie labyrinthique de Zack de la Rocha… Ainsi, on y trouve des références au cinéma américain, comme sur ce Walken’s Syndrome (qui finit sur le début de Where is my mind… si si), clin d’œil au personnage joué par Christopher Walken dans Annie Hall de Woody Allen, qui rêve d’avoir un accident de voiture, ou l’énorme Cassavetes, au titre assez évident. Et puis il y a ce Smallpox Champion qui traumatise encore plus quand on en apprend le sens… Est évoqué ici l’un des moyens les plus infâmes employés par les colons américains pour se débarrasser des très problématiques indiens : leur distribuer des couvertures infectées par le virus de la petite vérole, avec l’air de dire "tenez, c’est pour qu’vous ayez pas froid". Inutile de dire que l’amertume du groupe est perceptible… Tel un liquide acide qui ronge la peau si l’on s’y expose trop, et que Fugazi désinfecte à grands coups de lance-flammes, comme lors de la fin de ce même morceau, envolée déchirante aux harmonies salvatrices. Alors évidemment, comme sur chaque opus de Fugazi, il y a LE tube. Ici, c’est Cassavetes, merveille d’énergie canalisée, digne d’un moine shaolin pratiquant le kung-fu le plus spectaculaire, avec cette batterie quasiment drum’n’bass qui laisse estomaqué, sur le carreau. Tout cela est cool comme du Beastie Boys, et n’a pourtant rien à envier au tabassage rigoureux de Minor Threat… Tout est équilibre dans Fugazi. Piciotto c’est le mec cool, à la voix jeune et insolente, qui a trop la classe avec ses poses de Joey Ramone branché sur 12.000 volts sur scène ; et McKaye, c’est le mec pas cool, le nerd en charge du business qui se révèle être un écorché vif. Le mélange des deux, appuyé sur un batteur génial d’inventivité et un bassiste immobile qui fournit une assise imparable (comme Entwistle chez les Who, auxquels ils ressemblent) - ce mélange, dis-je, ben c’est Fugazi.

note       Publiée le mardi 3 février 2009

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asharak Envoyez un message privé àasharak

Mon premier Fugazi et de loin mon préféré entre hardcore et noise...

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Raven Envoyez un message privé àRaven  Raven est en ligne !
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Hé oui...

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Rikkit Envoyez un message privé àRikkit

Je les connais pas tous tous, mais de ce que j’ai c’est mon favoris je crois. Ce groupe pue la classe.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Argh... L'enchaînement Rend It/23 Beats Off - avec sa foutue fin toute en noise(s) sensible(s), celle-là - vient encore une fois de m'en mettre une bonne.

Et Sweet and Low de me rattraper juste à l'orée. Comme à chaque fois.

Et puis là... Crush My Calm etc. Toujours, celle-là aussi.

Et... Bon, on m'aura compris.

(Mais quel putain de disque, quoi).

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Pour enchainer (avec beaucoup de retard certes): poutre.

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