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Canada, 1998
Steeve Hurdle (guitare, chant), Luc Lemay (guitare, violon, chant), Patrick Robert (batterie), Steve Cloutier (basse)
Entre "The Erosion of Sanity" et le présent "Obscura", cinq longues années se sont écoulées. Cinq longues années au cours desquelles les Canadiens de Gorguts étaient littéralement donnés pour morts. D'ailleurs, c'est peut-être un signe, Roadrunner n'a pas perdu de temps en les remerciant juste un an après l'échec relativement cuisant de leur dernier disque... La cause semblait donc être entendue. Seulement, quand en 1998 Gorguts revient à la surprise générale avec un tout nouveau contrat et un tout nouveau disque, plus personne ne les attend. Gravissime erreur ! C'est que, à l'image du grand nettoyage qui s'est opéré au sein du groupe - exception faite du chanteur et guitariste leader Luc Lemay - Gorguts ne nous donne plus à écouter aujourd'hui du death métal basique comme c'était autrefois le cas. Le groupe est méconnaissable, transfiguré, et dans le bon sens du terme ! Sans doute inspiré par les Cynic et autre Meshuggah qui, grâce à certains de leurs manifestes, ont placé la barre un peu plus haut, et dans le strict alignement des Converge et autres Dillinger Escape Plan qui n'ont pas encore livré le meilleur d'eux-mêmes, "Obscura" est expulsé des entrailles de la Terre pour nous proposer sa vision complètement possédée d'un métal extrême ultra technique, mais alors ultra ultra technique. Outre l'ambiance lourdissime, Gorguts nous délivre un festival de blasts épileptiques sur riffs dissonnants au possible, un truc monstrueux, un truc assez indescriptible en fait. Violent, mais surtout très déroutant. En se reposant sur les bases acquises depuis l'énorme "Necroticism" de Carcass en 1991, le groupe canadien ajoute une sacré dose d'adrénaline mais aussi vitesse d'attaque et précision chirurgicale à une musique qui, à la base, n'en est pas dépourvue. De cette énorme pièce brutale et sans concessions qu'est "Obscura", c'est moins la rage diffuse que la confusion qu'elle génère qui retiendra toute notre attention. Et comme souvent dans pareil cas de figure, deux camps s'opposent ; soit on déteste, soit on adore.
note Publiée le vendredi 14 juillet 2006
Il y a bientôt 10 ans au Québec, un excellent ex-clone de Suffocation allait changer à jamais la face du death-metal, atteignant le stade final d'une mutation entamée 5 ans plus tôt dans le traumatisant morceau "Condemned To Obscurity". Certes, on peut toujours tenter de rapprocher "Obscura" de quelques albums antérieurs - "Hallucinations" de Atrocity, "Formulas Fatal To The Flesh" de Morbid Angel... Mais Gorguts va aller infiniment plus loin qu'aucun groupe ne peut alors se vanter d'être allé (même aujourd'hui, en 2007, les concurrents se comptent sur les doigts d'une main), rajoutant musicalement à ce death complexe et granuleux une bonne rasade de malsain, de disloqué, d’expérimental. Une dissonance omniprésente, naturelle, organique, habitée : rien ici n'est cliché, rien n'est simple. Tout est réuni pour mettre l'auditeur mal à l'aise : guitares grinçantes aux harmonies tordues, double voix death plaintives et hantées, basse claquante épousant parfaitement des patterns de batterie ne lésinant pas sur les blasts et la double, mais à la construction et au jeu de cymbales infiniment plus complexe que la moyenne. Ça parait indigeste sur le papier, ou bien maintes fois fait et refait ces dernières années (Crowpath et consorts), mais Gorguts fait preuve ici d'un feeling absolument sublime et unique, ordonnant ce chaos répugnant de prime abord en une musique viscérale, hantée, et d'une beauté déroutante par sa laideur ; un tout certainement très sombre mais à l'image d'un Cynic, d'une profondeur mystique nous conduisant beaucoup plus loin que le simple "glauque" ou "triste". "Obscura" est un voyage long et étrange, mais jamais chiant, car sachant varier les plaisirs au cours de cette heure : tour à tour pesant, brutal, noisy, l'entité Gorguts surprend et marque ici la musique extrême au fer rouge comme "Focus" avait pu le faire 5 ans plus tôt - le death technico-complexe qui t'en met plein la vue peut aussi être apprécié pour son feeling, son ambiance et sa beauté, et non pas uniquement pour son aptitude à la branlette, celle qui donne envie de te droguer au doliprane (sic). Avant-gardiste, rarement copié / jamais égalé (mais continué par son petit frère Negativa), "Obscura" est un chef-d'œuvre total.
note Publiée le mercredi 5 décembre 2007
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Jamais écouté cet album mais je pense m'y atteler bientôt Considered Dead est une belle pièce de death traditionnel et Erosion of Sanity me parle de plus en plus également pour son côté abyssal et étouffant. Ces deux albums valent l'écoute clairement.
Blackwater park ? (et certainement les premiers disques de Metalcore, mais je situe ça beaucoup moins bien)
Ce qui est incroyable, c'est d'apprendre que cet album était déjà intégralement composé en 1993 et qu'il a fallut 5 ans pour qu'il voit le jour sur un label! Du coup, je ne pense pas qu'on puisse dire qu'ici Gorguts soit inspiré par Meshuggah. Par contre, 1998/1999 m'apparaissent comme des années de "game changer" en metal : en plus de cet album, ces années-là sortent "Chaosphere" de Meshuggah et "Calculating Infinity" de Dillinger (si vous en voyez d'autres...). Des albums qui sont déterminant dans l'évolution du genre dans les années 2000/2010.
Lemay a eu l’intelligence à la reformation du groupe de ne pas calquer à la lettre la "recette" d'Obscura. L'album étant le fruit du duo Lemay/Hurdle, ça n'aurait pas été lui faire justice.
Toujours meilleur et plus digeste avec le temps, quand on comprend la logique de l'ensemble, tous ces détails, ces micro-riffs... et quel bonhomme ce Hurdle, quelle voix et quel jeu pour ce type qui était "le seul capable de composer une toune en jetant sa guitare dans les escaliers".
L'album où même le air-guitar est super compliqué. Mais je l'aime toujours plus. Il fait partie de ces quelques albums que je lance quand je veux de la musique cérébrale, précise, détaillée (le premier autre exemple qui me vient en tête, bizarrement: Mecca and the Soul Brother). A déguster comme un bon alcool, dans l'humeur, patient, avec une ivresse réservée aux meliores.