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Gorguts › Pleiades' Dust

cd • 1 titre • 32:59 min

  • 1Pleiades' Dust32:59

extraits vidéo

informations

Enregistré, mixé et masterisé par Colin Marston au Menegroth, Woodhaven, New York. Produit par Gorguts et Colin Marston.

Sorti en cd, cassette, vinyle, fichiers téléchargeables. La piste est divisée en sept chapitres dont les titres sont les suivants : I Thinker's Slumber, II Wandering Times, III Within The Rounded Walls, IV Pearls Of Translation, V Compendiums, VI Stranded Minds On The Shores Of Doubt, VII Besieged. Illustration par Zbigniew Bielak.

line up

Patrice Hamelin (batterie), Kevin Hufnagel (guitare), Luc Lemay (guitare, voix, paroles), Colin Marston (basse)

chronique

Gorguts millésime 2016. Un EP, un morceau. Mais en fait pas vraiment : Gorguts fait ici du morceau en mouvements - à réécouter trente fois pour les compter. Je précise : le disque parle, et c’est bien raccord avec l’illustration sur la pochette, de la dynastie des Abassides et de l’énorme travail de traduction par les scientifiques de l'époque des penseurs grecs en arabe, ajoutant une roue aux aires chrétiennes dans la transmission du savoir hellénique, tout en apportant également leur pierre à l'édifice du savoir humain dans de multiples domaines. OK. Mais en fait, à l’écoute, qu’est-ce qu’il en ressort ? L’image que l’on trouve dans "The Time Machine" d’Herbert George Wells, celui de la ruine, par le temps, les guerres, les soubresauts de la planète et la vie humaine du savoir et des documents amassés siècles après siècles, cf. cette visite des années plus tard par le héros de ce roman d’un museum dévasté… car, bien sûr, le cauchemar des bibliothécaires, c’est bien une bibliothèque qui brûle ou un musée qui s'écroule, avec des exemplaires uniques qui partent en fumée… et ce n’est pas arrivé qu’à Alexandrie bien sûr, Baghdad lors de son sac par les Mongols en 1258 ayant subi le même traumatisme. Ce disque parle donc de cela, avec citations de deux auteurs, Isabella Bengoechea et Jim Al-Khalili, ayant vulgarisé chacun de leur côté la riche histoire culturelle des successeurs des Omeyyades, de l'essor à la ruine. Voilà. Côté formel, à l’écoute, ce Gorguts est rempli de mouvements dépressionnaires - noir d’encre au programme, ça ne va pas vous booster votre journée, non non, ça va la clouer par terre. Et ce n’est pas parce que les gars déroulent des plans toujours très complexes quand on écoute bien que ça va être joyeux, on n’est pas chez Dragonforce ! On est chez Gorguts, ça pue la décrépitude, ça sent bon le trip qui s’envole très haut aussi… un EP très « atmosphérique », sachant débrancher la distorsion juste le temps qu’il faut pour repartir au fond de la spirale, il y a des lianes de fils barbelés, on s’y accroche, on glisse les mains en sang, et on tombe… si on s’endort sur ce disque. En état de veille, "Pleiades' Dust" porte clairement la conscience dans une sorte de calme devant un spectacle fait de fractales et de mouvements de planètes étranges, jusqu’à l’anéantissement et la séparation des atomes comme le dirait Lucrèce ou Démocrite… les Pléiades, un paquet d’étoiles parmi d’autres qui tournent autour de notre regard baveux devant l’incommensurable, et que certains vont se mettre en tête à comprendre, chacun ancré dans un environnement culturel et social particulier influant sur les domaines qui feront à telle ou telle époque l’obsession de chaque communauté scientifique. De mon point de vue de gros nulos en maths et en physique, l'astronomie je vous raconte même pas, cet EP me fait un peu le même effet que lorsque je mate le plafond de la mosquée bleue d’Istanbul, de certaines salles de l’Alhambra à Grenade ou du mausolée de Moulay Ismaïl à Meknès. Ou quand je regarde fatigué la géométrie extérieure de Notre Dame du Port à Clermont-Ferrand ou celle d’Orcival. Un disque architectural donc, portant un regard sobre et virtuose sur le monde vu comme une entité qui, à force d’être brossée, devient un monstre au prime abord flippant, puis rassurant quand la compréhension apaise l’esprit reptilien, puis juste une projection du regard réalisée comme telle. Jusqu'à ce que la mémoire de tout ce boulot s'évanouisse dans la poussière des étoiles qui explosent... ben oui, mon propos échappe à la musicologie habituelle, mais qu’est-ce que vous voulez : les sensations, les cogites, des heures à écouter du Gorguts et on se pose en lotus, on ouvre les bras et les gens flippent autour quand ils voient ce regard, les deux yeux maintenant posés ailleurs. « Alors comme ça, on lit un livre ? » qu’il dirait Bill Hicks… ben oui, et j’écoute du Gorguts. Enfin... calme, violent, simple à écouter malgré la complexité évidente de ce qui est mis en œuvre par nos canadiens préférés, "Pleiades' Dust" est un très grand cru, à méditer, le regard porté sur les cendres du désir de savoir, brutalisé par le pouvoir et l’éternelle loi de l’entropie et de la réorganisation des particules… le cul vissé sur une chaise, à entendre distraitement le bruissement des opinions de comptoir et de la rage ordinaire qui émane de la rue et des villes.

note       Publiée le mardi 5 juillet 2016

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dimegoat Envoyez un message privé àdimegoat
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Peut-être le plus nébuleux des Gorguts mais la chro (qui tue) me redonne toujours envie de le faire tourner. Si c'était facile, ce ne serait pas drôle.

Reflebe Envoyez un message privé àReflebe

Meilleur album de l'année et peut-être ce que Gorguts a sorti de mieux! Passionnant de bout en bout, jamais indigeste et jamais lassant même après trente écoutes.

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Bernard Envoyez un message privé àBernard

Depuis Obscura quel superbe parcours plein de surprises du meilleur goût. Et une petite pensée pour Steeve Hurdle (RIP) qui a été une des forces créatives d'Obscura et l'initiateur de la "résurrection" du groupe en 2008. Il serait sûrement fier de ce que le groupe propose actuellement.

Note donnée au disque :       
Dead26 Envoyez un message privé àDead26

Assez surprenant dans le bon sens du terme après au moins 3 albums qui m'ont jamais emballés en ce qui me concerne. C’est toute une histoire ce EP qui part un peu dans tous les sens et qui se doit de s’écouter à plusieurs reprises pour en capter tout l’essence. Après rien ne vaut le premier. Gorguts is... Considered Dead (1991)

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boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik

super chro