J’adore le deathrock donc j’adore The Red Moon Macabre; l’avantage d’avoir son géniteur dans mes contacts de réseaux sociaux me permet d’avoir parfois un petit aperçu de ce qui motive et inspire notre homme pas avare en reprises pour se faire plaisir. Grâce à lui, j’ai découvert ce disque, ‘Magic lady’, dont les thématiques occultes ne pouvaient que me plaire. Pour tracer un brin d’histoire, Spriguns (originellement Spriguns of Tolgus) est un groupe folk britannique fondé par le bassiste Mike Morton et la chanteuse Mandy Morton. Bien qu’ayant acquis aujourd’hui un statut culte, le combo peinera à atteindre un succès grand public du temps de son existence. Souvent comparé à Fairport Convention et Mellow Candle, le groupe rebaptisé Mandy Morton & Spriguns après la création de cette dernière de son propre label après deux albums enregistrés pour Decca Records va s’articuler davantage autour de la personnalité et des paroles de la chanteuse et travailler davantage la production et l’expérimentation. L’intérêt pour les légendes, l’occultisme trouvera écho auprès d’une audience branchée par ces sujets jusque dans la scène goth assurant au projet une partie de son aura actuelle. ‘Magic Lady’ se veut également un hommage à Sandy Denny (ex-Fairport Convention) qui venait de décéder dans des conditions tragiques, d’où peut-être l’aura de tristesse douce baignant le disque. Car il faut l’affirmer d’emblée, malgré les sujets abordés, l’esthétique, ‘Magic Lady’ à l’instar de pionniers de l’occultisme en musique tels que Coven ou Black Widow ne déroge pas spécifiquement aux codes musicaux alors en vogue. Inspirations folk sylvestres renforcées par l’apport d’instruments classiques (violoncelle, concertino, dulcimer, viole, violon…) mêlées de touches rock, avec parfois une touche épique discrète dans le jeu de batterie héritée des chants de marins (‘Goodbye the Day’, ‘According to Matthew’ mélancoliques sans être tragiques). Les harmonies sont délicates, travaillées, riches, survolées par le chant de Mandy qui sans être magique au sens premier du terme confère une touche féérique toute britannique pas spécialement originale pour l’époque mais efficace. Cette remarque vaut pour la musique elle-même qui pourrait assurément servir de bande-son à certaines productions de la Hammer spécialement pointée sur les traditions ‘païennes’ des campagnes anglaises (certes pas à la pointe en une année 78 hoquetant encore le vomi punk). Une musique douce mais non dénuée de mysticisme, témoin d’un autre monde, celui des pixies, banshees et autres kelpies, sous la protection de Cernunnos, légèrement voilée d’ombre car n’entre pas dans cet univers qui veut. Un beau travail quoiqu’il en soit, riche, prenant, un peu magique même…