On appelle ça le syndrome du vieux con et je l’avais déjà à 23 ans. A moins qu’il ne s’agisse simplement d’une erreur de timing ? Vivre depuis ses 15 ans à l’aune de l’intensité Siouxsie and the Banshees, Christian Death, The Damned, Sisters of Mercy, Neubauten, Poésie Noire, Sex Pistols ou même Depeche Mode (pour dire comme il y avait du niveau) et se trouver nez à nez avec les Dream Disciples sans sucre … C’était, comment dire, un peu emprunté, comme rencontre. Surtout qu’à l’époque, j’étais pas mal tourné vers l’electro-indus ou le darkfolk. Il a donc fallu que je me lasse des ‘boums boums’ et des flutiaux médiévaux pour poser une oreille plus adulte sur la musique de nos Ecossais (et bien d’autres de leurs contemporains), réaliser qu’en fait, ils ne manquaient pas de qualités. C’est une question d’habitude aussi, comme se baigner dans de l’eau à 2 degrés, il faut franchir correctement quelques paliers. Le premier, s’habituer au timbre de Col, finalement assez proche d'un jeune Bono; une bonne chose d’ailleurs car l’homme chante bien et ça change un peu du gosier sans Ricola (TM) trop prévisible que j’étais le premier à fustiger à cette époque (c’est dire comme je suis contradictoire). ‘In amber’ est un bon disque, le groupe a progressé depuis son premier mini, s’affirme droit dans ses bottes dans son époque en s’inspirant toujours volontiers de The Mission et de March Violets (je réalise seulement depuis peu leur influence plus marquée que celles des Sisters sur ces formations britanniques des 90’s, comme quoi le q-tips pour cervelle, c’est pas mal comme gadget). Ça dégage un bon feeling rock’n’roll, proche de U2 justement, mais avec quelque chose de plus froid dans l’aura générale. Les Dream Disciples se risquent à des morceaux audacieux, fouillés, avec entrées calmes au piano synthétique (‘Burning Sky’), laissent les guitares sonner généreusement, nappent de quelques bidouilles électroniques qui vont d’ailleurs au delà car le clavier est très prenant et pertinent sur des pièces telles que ‘Remember Bethany’. Ok, il y a un petit côté épique sur le refrain tel qu’on le trouvait volontiers dans le shock rock ou le hard mais ça ne dérange franchement pas. D’ailleurs les Ecossais démontrent leur talent en se frottant à une reprise d’Eurythmics de haut vol selon mes goûts, punchy, forte mélodiquement (beau travail de la guitare) bien plus motivante que celle de Marilyn Manson par exemple. Je ne vais pas faire des Dream Disciples des génies méconnus mais il est clair que ces mecs sont bons, manchots ni en écriture ni en arrangements et qu’ils ont opté pour une production adéquate (sous la houlette de Fish de Marillion quand même et sur son label); s’ils n’ont rien révolutionné, au moins auront-ils tenté quelque chose en s’en donnant les moyens (pas comme certains combos devenus ‘culte’ tels que Nösferätü, comme quoi les goths ne sont pas toujours très exigeants). A défaut de demeurer figé dans l’ambre, ce skeud tient fort bien le test du temps et se (re)découvre avec d'autant plus de bonheur.