‘Enregistré en 1982 durant la St-Valentin’, typique de l’humour barré et noir des Flesh Eaters. Sorti un an après ‘A minute to pray, a second to die’, il lui adresse plusieurs clins d’oeil en mentionnant la main de gloire de la couverture et en baptisant une chanson du même titre. La continuité ne s’arrête pas là, les deux disques sont proches. Mêlant une rythmique tribale (jeu de batterie impeccable et punchy), des grooves blues glauque, un feeling garage vaudou et un zeste de poudre de deathrock, le groupe poursuit son trip en laissant dans son sillage des effluves de magie noire du Bayou sur le macadam de Los Angeles, croisant plus que jamais dans leur musique les esprits des Cramps et du Gun Club. Complètement déchaîné derrière son micro, Chris D avec son monosourcil corbeau a tout d’un dément épileptique se trémoussant frénétiquement dans la vase d’un marécage imaginaire alors qu’il joue dans un club sous-terrain enfumé de la Cité des Anges. Le feeling général sent encore les braises du punk mais avec un sorcier en train de pulvériser du sang sur les instruments, un fantôme redneck qui inspire le saxophoniste et plein d’autres colifichets sonores bizarres. Ambiance folle et sombre sans temps mort, légèrement plus sèche et moins vaseuse dans la production que le prédécesseur mais tout aussi réussie mélodiquement. Les tubes s’enchaînent (‘Shallow water’, ‘The wedding dice’, ‘Hand of glory’) comme des os de poulet enfilés sur un cheveux humain. On cite beaucoup et à raison The Gun Club et The Cramps mais leur rejeton bâtard expulsé au forceps électrique et abandonné dans la boue mérite sacrément le coup d’oreille, le fiston n’a pas l’oeil très sain, la cervelle en vrille mais de l’énergie fiévreuse à revendre et à cracher. Pile ou face de la même pièce rouillée avec ‘ A minute to pray, a second to die’, difficile de trancher quant à savoir lequel des deux est le meilleur. Tout au plus ajoutera-t-on que celui-ci raffine légèrement la potion déjà salement épicée du précédent; du coup, faut-il vraiment choisir ? Vous aurez bien assez faim pour vous enfiler les deux avec un fondant au chocolat en forme de crâne...