Qu’est-ce qu’ils font ceux-là ? Ils nous racontent leur vie avec les titres de leurs albums ? C’est capillotracté mais parfois, on pourrait presque y voir un petit jeu de piste. Sauf que là, effectivement, Vendemmian franchit un cap en se réduisant à un duo, Dave et Mark, ce dernier se chargeant du chant en plus de la basse. ‘Transition’, c’est un mot dynamique, l’anti-cassure par excellence, l’expression de la progression et il ne faudra pas longtemps à l’auditeur pour se trouver rassuré. La programmation, c’est un bel outil, et quand on s’en sert sérieusement, sans remplacer une batterie, on peut viser au delà du métronome. C’est le cas ici. Les deux musiciens n’ont rien perdu de leur talent d’écriture donc musicalement, c’est excellent. La production bien claire sans être clinique permet d’ailleurs de profiter de chaque instrument parfaitement mixé et à sa place. Et la voix ? Certes, le timbre juvénile de Mark sonne moins sombre que celui de Dominic mais s’avère proche de celui de Matt; il dégage une forme de tristesse décadente derrière le punch et la conviction qui redéfinit peu les contours de l’identité du groupe. Après, c’est comme après avoir ouvert une bouteille, laissé aérer, vérifié l’absence de goût de bouchon, on peut remplir les verres sans retenue; ici, on peut laisser tourner le disque et laisser les tubes défiler sans interruption (le fameux ‘Masquerade’ dans une version endiablée, ‘Edge of the world, ‘The low life’…). Une des qualités principales de Vendemmian, hormis un sens aigu de la mélodie tueuse, c’est le jeu de guitare qui refuse généralement l’aspect froid des copieurs trop zélés de Sisters, optant davantage pour un truc grinçant frisant même parfois le deathrock. Cet aspect torturé couplé au punch de la production, à l’efficacité de l’écriture, la passion des deux musiciens débouche sur une collection de chansons sans temps mort. Pas question d’inclure une chanson bouleversante au piano, le duo balance de l’énergie en barre de nature à remplacer celle aux protéines du déjeuner et ce de A à Y, l’ultime pièce plus lente faisant mentir mon commentaire. Stupidement, avec le recul, je suis presque heureux d’avoir sous-estimé ce projet durant les 90’s car sa redécouverte 10 ans plus tard m’a fait passer du petit flirt à une vraie passion amoureuse pour la vie. ‘Transition’ ne fait que renforcer ce sentiment.