Minuit Machine › Don't run from the fire

Tous les animaux craignent le feu, même l’humain…Encore qu’il ait appris le combattre et même à l’apprivoiser. Inutile de fuir, vouloir se battre pour une meilleure vie n’est pas un crime, tel est le message véhiculé sur les morceaux de cet efficace mini de Minuit Machine. Les deux filles ont le mojo, rien à dire, une vraie alliance magique. Dès les premiers coups, on sent la production massive, Hélène de Thoury dispose d’un vrai doigté pour le choix des sonorités, des programmations, maîtrise sa composition et sa production de A à Z; la jeune femme a ce talent pour créer des atmosphères synthétiques, froides mais limite mystiques. Sa comparse Amandine Stioui complète par une voix unique dans l’ADN de laquelle la mélancolie semble une particule élémentaire, même dans ses intonations dures. Car ce mini dégage une combativité froide, déterminée, au travers d’orchestrations minimales mais judicieusement sélectionnées et traitées. ‘Fight !’, le cri est lancé dont l’ultime syllabe résonne à l’infini grâce au halo de réverbération digne d’une voûte de cathédrale baignant chaque titre. On frise la perfection du détail dans les arrangements, les nappes lancées, retenues, les variations des sonorités du beat se modifiant malgré un tempo dansant et binaire. Car Minuit Machine n’en pas simplement une à danser, il y a de l’émotion véritable là-dedans. Si le chant attaque de manière glacée, il finit par se nuancer, dégager une forme de tristesse évoquant la complexité des situations même les plus évidentes. ‘Danger’ complète dans une lignée proche avec un traitement quasi martial du rythme, dansant comme une évidence irrésistible; la voix alterne entre colère froide et passages plus désenchantés. Poursuivant dans les atmosphères torves, ‘Lovers of the night’ résonne plus sèchement avec de lointaines influences industrielles dans les sons (Hélène est une vraie fée des manipulations) avec pourtant toujours cette profondeur de champ quasi nocturne laissant un halo d’espoir flotter sous cette voûte synthétique sombre. Glauque et rythmé, ‘To control’ évoque l’ambiguïté quasi perverse de certaines relations où faire mal, se faire mal, en deviennent presque des plaisirs. Fantastique mini, très cohérent dans son ambiance, une forme de danse guerrière déclinée en quatre variations se mêlant aux turpitudes complexes de la réalité.