Nuit, check. Violet, check. Château, check. Capuche et sacrifice, check et re-check. Si le hoodie ne fait pas le moine, ou qu’on ne juge pas un disque à sa pochette (bien classe au demeurant, bravo Putrid !), ce "Nécrovortex" a pourtant tout d’une version 2.0 de "Répurgation". Niveau mises à jour, les Québécois ont troqué leur Danger pour un Désastre, installé un nouveau pilote audio, et… et en gros c’est tout. En même temps, les mecs en sont encore à l’OS DM, fallait pas s’attendre à une refonte totale. Est-ce gênant ? Ça dépend surtout de vous, mais Outre-Tombe a clairement annoncé la couleur sur son premier album, à savoir piocher dans le meilleur du death des années 90 pour faire sa tambouille et alimenter la machine à riffs. Et la machine, elle a les rouages du fond qui baignent. Certes, le batteur fait le taf sans grande inventivité (j’avoue malgré tout avoir un faible pour la grosse caisse boitillante-galopante de "Nécrovortex" et de "La crypte"), la basse se contente encore une fois de consolider les guitares, mais ostie qu’ces riffs sont écœurants ! "Nécrovortex" c’est cretons de riffs sur poutine de riffs, le tout nappé de solos d’érable et… Et je balance de suite à la corbeille ma liste de références pas finaudes à la gastronomie québécoise, profitant de cette pause pour revenir sur ce "en gros c’est tout", parce qu’il convient de préciser qu’en dépit de leur simplicité, les transitions entre les riffs et les changements de rythme sont bien plus chiadées que sur le précédent opus. Il n’y a tout simplement aucun passage superflu, aucun filler sur cet album. Les 36 minutes passent à une vitesse folle. Même l’instrumental "Hécatombe II" qui fait en quelque sorte office d’interlude est bien senti et va droit au but. Outre-Tombe semble à l’aise sur tous les tableaux et sait tirer toute la substantifique moelle de ses influences, enchaînant tremolo picking, leads furieux (avec encore et toujours double dose de vibrato), gros mid-tempo à dégonder les portes, accélérations imparables. Je vous épargnerai ici le name-dropping, parce qu’une fois passé l’inévitable cap du "tiens, à qui il me fait penser ce riff ?", il apparaît clairement qu’Outre-Tombe a un style, un feeling, une énergie, qui lui sont propres. Crachat y est pour beaucoup, et si j’ai lourdement insisté sur les riffs, ses textes horrifiques un peu kitsch, hurlés de manière parfaitement intelligible, sont toujours aussi succulents. J'aime particulièrement les paroles du morceau "Aberration", mais chaque titre comporte son lot de fun et de gore digne des meilleurs épisodes des Contes de la crypte. Outre leur maîtrise du genre et leur personnalité, c’est peut-être aussi cette attitude et cette morbide fraîcheur qui font que le groupe surnage dans cette vague revival et qui me laissent penser qu’ils ne sont pas prêts de rejoindre la tombe. Un bon gros 5 bien velu.