Allons y carrément : LE DIABLE ! Pourquoi tergiverser… Insistons. The Devil, comme Country Teasers, l’autre groupe (relativement plus célèbre) de deux de ses membres, aiment à ressasser les vieux sujets, enfoncer le clou – se gausser des stigmates de l’autre, là, en s’en foutant jusque là. Comme les mêmes Teasers, ce Démon-ci a l’ironie, le sarcasme au corps autant que la supposée Bête, pas moins franchement, l'une et l'autre. Le feu où il faut – c’est à dire que ça s’étend partout dans la tronche, les mains, les membres moteurs. Assez de furie dans le sang – et d’autres trucs sûrement ? – pour que rien ne fasse détachement arty. Ils s’attardent en face B – et ça laboure et rend fou, par ces chaleurs. Ils expédient, à une exception, sur la face A et ça balafre, ça creuse tout autant pourtant – c’est que ça joue fort. Des riffs garage brutaux pris trop vite, toujours à frôler le talus, le ravin. La batterie qui mène la course encore plus vers l’AVC, l’accident cervical. Le son échardes-carbone qui stimule et rend groggy. Un côté The Fall avec la contenance écossaise – en speed, en liqueurs, en bibines lourdes ; Mark E. Smith lui-même, justement, disait qu’il avait du mal à suivre, quand il vivait là-bas. Cette fausse accalmie au recto – Agatha Christie, ses claviers qui sentent la crypte aux horreurs interlopes plus que le mystère policier (ou alors on préfère ne pas connaître les détails de ce qui s’est tramé, dans ce crime, avant, après). Au verso : une reprise de ce grand salingue de Kool Keith ("Girls want you to suck them tits/They want you/Girls want you to suck them clits/They want you…"). Ils en font une sorte de blues-surf-rockab-etc. aussi collant et engourdi et juteux-durci que le funk en kevlar et latex dudit Keith, les salopiauds et salopiaude. Avant de finir sur "Tellement Cool", pas loin de dix minutes de plus. Ouais, cool. Comme d’invoquer on ne sait plus qui à force de s’en être foutu du raide dans le foie, le pif, le reste. En rigolant mais en frissonnant. Pas la blague – plutôt le jubilant sale tour. Sale et bon. Rien de plus ? Eh bien : c’est un jour où ça fait le truc – c’est à dire que ça passe comme un cordial frelaté. Ça aggrave la chaleur du dehors et du dedans – ça manque de tempête, par ici, en cette saison, alors on s’enfile ce disque histoire que ça devienne vraiment intenable. Tac-tac-poum-tschh-poum. La musique du diable passe du bleu au rouge. Ça saignera d’autant plus vif dans ce noir-et-blanc qu’ils nous flanquent, dès l’image au sourire flouté, à l’œil brillant, vorace, vertige amusé.