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Perge › Aural Coefficients Within a Fractal Plane (The Secret Tapes Vol. I)

cd • 4 titres • 79:04 min

  • 1Rubidion 26:59
  • 2Anfa Part One 17:39
  • 3Anfa Part Two 20:25
  • 4Bataclan 14:11

informations

On peut avoir des informations supplémentaires sur cet album, de même qu'entendre des extraits, en visitant le lien Bandcamp suivant: https://perge.bandcamp.com/album/aural-coefficients-within-a-fractal-plane

line up

Graham Getty (Séquenceurs et programmation des rythmes électroniques) Matthew Stringer (Synthétiseurs, piano et guitare)

chronique

Tout comme Arcane, Perge dévoile peu à peu les dessous de son histoire en émiettant depuis Green Dessert des enregistrements ignorés dans ses voutes depuis le début des années 70. Le lien avec Arcane? Au début de son histoire, Paul Lawler écrivait l'histoire de Max Richter qui devenait le pivot des mythes et légendes d'Arcane; un groupe qui a connu une fin tragique et qui fut ressuscité par cet habile conteur et compositeur qu'est devenu Paul Lawler. Après la parution de Green Dessert en 2014, on se doutait que Perge n'était plus seulement un duo qui s'inspirait des œuvres en concert que Tangerine Dream signait entre les années 80 et 83. Et “Aural Coefficients Within a Fractal Plane” confirme ces doutes, alors que Matthew Stringer et Graham Getty mettent à la disposition de leurs fans un premier volume sur des enregistrements en concert que Perge performait entre 1970 et 1980. Ainsi Perge partageait la scène de la MÉ planante et expérimentale, la genèse de la Berlin School, avec des concerts mémoriaux qui n'étaient donc plus l'apanage de son frère de son; Tangerine Dream. Mythe ou réalité! Est-ce vraiment important? Parce que l'illusion est tout simplement parfaite entre le célèbre bootleg Coefficient of Aural Expansion, qui est un enregistrement audio de superbe qualité d'un concert de Tangerine Dream (je crois que ça provient du master de la BBC) au célèbre Royal Albert Hall (Londres) en Avril 1975, et "Rubidion" qui ouvre ce dernière boîte à surprise de Perge.
L'intro est plus nébuleuse ici. Je dirais plus riche en tons et en lignes de synthé qui flottent entre deux sphères avec une approche tout aussi nébuleuse que celle de Tangerine Dream lors de ce concert retransmis sur les ondes de la BBC. Des nappes fruitées aux tonalités d'un orgue pas trop certain de ses identités et de discrètes nappes de voix contaminées par des essences industrielles parfument ces ambiances très enveloppantes qui flottent depuis 8 minutes. C'est à ce moment qu'un embryon de rythme se développe avec une ligne de séquences qui fait monter et descendre sa série de 5 ions. Une série qui roule en boucles, déjouant l'oreille avec une touche imparfaite et un changement subtil de ton, sous de doux solos de synthé qui dérivent et virevoltent avec des tonalités d'antan. Si nos pieds ne bougent pas, nos neurones suivent à merveille cette structure de rythme dont la graduelle vélocité est camouflée par une pléthore de solos de synthés aux tonalités aussi aigues qu'un rossignol en chaleur ou encore aussi nuancées qu'un Mellotron et ses mystiques chants de brume. Mellotron qui devient plus prédominant vers la 13ième minute avec des nappes qui dérivent comme ces nuages poussés par des images en accéléré alors que le rythme perd peu à peu la vélocité de ses ions qui ragent avec l'arrivée des claquettes de bois. Et "Rubidion" de se perdre, pour ses 4 dernières minutes, dans des ambiances psychédéliques où des vagues, des pépiements, des voix éteintes et des brouhahas de machines s'émerveillent devant un superbe chant flûté. "Anfa Part One" marche sur les cendres soniques de "Rubidion" pour débuter avec une approche très ambiosphérique où les sons et les tons sont les maîtres d'un abysse sans fond. Des tons nasillards et des ombres titanesques s'élèvent de ces profondeurs afin de tisser une ambiance méphistophélique où tente de s'agripper une structure de rythme et dont l'entêtement des ions fini par dominer les ambiances. Le rythme qui suit épouse un genre de structure giratoire où tous ses éléments tourbillonnent dans un petit cylindre circulaire. Les nappes de synthé ornent ce rythme stationnaire avec de beaux chants sifflés alors qu'une fissure dans le tube laisse échapper des ions rebelles qui dansent en parallèle avant d'être aspiré à nouveau sous une emprise de brume et de ses chants parés d'une armure un peu métallisée.
"Anfa Part One" coule vers "Anfa Part Two" dans la quiétude de ses bruits de jungle imaginés par des neurones surchauffées à blanc. C'est un moment de quiétude dans une ambiance très nébuleuse où s'élèvent des chants de brume mellotronnés. Des lourdes nappes écrasent ces ambiances et dessinent une enveloppe apocalyptique alors que "Anfa Part Two" s'enfonce de plus en plus dans le royaume de notre imagination. On peut y peindre de lents vols d'oiseaux qui chatouillent la surface d'océans noirs avec leurs ailes en feu. On peut peindre des laves d'un volcan souterrain qui peu à peu émergent des eaux afin de nourrir des bancs de larves dont chaque respirations rayonnent d'une couleur différente. Bref, un festin pour l'imagination avec une palette de tons aussi flamboyante que notre état d'esprit. Une ligne pulsatrice sort de cet amas de chants nasillards pour pulser dans une figure sautillante avec la férocité de ses ions rebelles. Des nappes multicolores tentent d'étouffer ce rythme caracolant que des cliquetis métalliques aident à respirer sous cette dense nappe de brume. Et seule une chorale chtonienne, on peut ajouter aussi quelques explosions soniques, annihile ce rythme pulsatoire alors que "Anfa Part Two" embrasse ses toutes dernières minutes. Une longue onde réverbérante couvre l'introduction de "Bataclan", et ces bruits de foule qui font tellement Paris 82, qui présente tout de go une structure de rythme linéaire où une nuée d'ions sautillent comme pris dans la tourmente d'une tempête verticale. Les ions sautillent frénétiquement, épuisant nos neurones, sous des larmes de synthé qui balaient les horizons, tel que ces phares qui guidaient les bateaux mais avec des reflets sonores plus près de l'apocalypse. Une ombre de basse amortit la violence vitriolique du rythme un peu après la barre des 6 minutes. Sa mass irradie sur les nappes de synthé qui reprennent leurs prédominances sur ce rythme endiablé tissé dans un maillage de séquences houleuses et de sobres cliquetis de percussions électronique. Dans les faits, "Bataclan" c'est plus de 14 minutes de rythme électronique pur avec des variations et des nuances dans le déploiement des séquences qui donnent l'impression que le rythme évolue alors qu'il est constamment dans un état linéaire mais très entraînant pour les doigts et les neurones. C'est vif, parfois violent, et les synthés tentent tant bien que mal de contenir ce rythme bouillonnant avec des parures multicolores et des effets psychotroniques alors qu'ils ne font qu'anoblir la beauté et la puissance d'un génial travail de séquences. Fougueux, impressionnant et nos neurones manquent de souffle.
Étonnant et puissant, “Aural Coefficients Within a Fractal Plane” est un véritable voyage dans le temps. Les histoires et les légendes s'estompent devant un enregistrement de telle qualité. Pour les historiens et les faiseurs de légendes, “Aural Coefficients Within a Fractal Plane” confirme bel et bien la présence de Perge aux alentours des années 70. Un mythe? Une réalité? On s'en fout, en autant que la musique soit bonne et resplendisse effectivement les parfums de ces années. Sauf que Perge a sans doute compris qu'il valait mieux construire de bonnes pièces de 30 minutes que de mettre ces même 30 minutes dans un océan de 60 minutes qui nous faisaient oublier ces 30 minutes! J'ai déjà hâte au Volume II.

note       Publiée le vendredi 18 mars 2016

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