Vu les propos assez durs que tenaient les frères Humberstone quant à leurs débuts dans une interview du début des 90's, j'étais surpris (mais heureux) qu'ils rééditent ces titres découverts sur une compilation du nom de 'Prelude'. Alors qu'ils sont aujourd'hui reconnus pour leur travaux dans le domaine du néoclassique martial et de la musique cinématographique, les jumeaux ont débuté leur carrière comme une formation post punk/cold wave assez traditionnelle. Bien différentes de celles d'aujourd'hui, les orchestrations témoignent de moyens assez limités puisqu' assez dépouillées, axées principalement sur la guitare et la basse, parfois un clavier; seul le jeu de percussions déjà roulant annonce leur goût à venir pour les roulements de tambour et autres percussions d'orchestre. Voilà également l'occasion d'écouter leur premier chanteur, Ant Bennett, assez significativement de dos sur la pochette, qui s'en ira en 1985 permettant aux deux frères de tourner la première page de leur carrière. Pas spécialement charismatique, sa voix colle néanmoins assez bien à certains canons de rock froid typiques de l'époque (et le bougre se donne du mal, on ne peut lui retirer ça); impossible de ne pas songer aux débuts de Death in June mais dans une version nettement moins excitante. Cela ne signifie pas pour autant que ce matériel est dépourvu d'intérêt et j'avoue que malgré leurs faiblesses, je garde une vraie tendresse pour ces morceaux dont on peut extraire quelques moments forts tels que 'And your eyes', solennel avec ses lourdes nappes et sa récitation grave, témoignant déjà d'un certain talent pour les atmosphères. J'apprécie aussi 'A to I', 'Deus ex Machina', certes un brin maladroit dans la manière de poser les percussions et le chant sur les samples de voix féminine mais très DIJ quant à son climat, 'Mystery', 'Lost prayer' ou encore 'Sentient' proche cette fois des Comsat Angels, sans oublier 'Joaquin' plus orienté indus martial et le funèbre 'Arm me audacity'. A noter un bonus assez fascinant sous forme de 'Aubade' tirée de leur premier concert en 1981. Outre un certain plaisir à (re)découvrir ces bandes anciennes, 'Aubade' a aussi le mérite de confirmer les progrès rapides du groupe à se forger un style plus personnel et mieux maîtrisé. 4,5/6