In The Nursery › Lingua

Ce qui devait arriver, arriva, les jumeaux Humberstone ont rendu ouvertement hommage au concept de langage. Rien de bien surprenant pour des gens qui, depuis leurs débuts, truffent leurs compositions de paroles en français, grec, italien et j’en passe. Tant mieux, leur goût des musiques cinématographiques avaient conduit les Britanniques à s’y concentrer presque exclusivement durant les 90's remisant en partie leurs kits de percussions et produisant assez peu de disques vraiment estampillés ITN. L’équipe est de retour au complet et ce nouvel opus propose un succédané mêlant les tendances anciennes (sonorités néoclassiques) et plus récentes (la touche ambient, les rythmiques trip hop) mais globalement ‘Lingua’ est à appréhender clairement comme un travail d’atmosphères; grises, fraîche, nostalgiques, comme il fallait s’y attendre mais aussi emplies d’espace. Personnellement, il m’évoque tellement un bord de mer sous un ciel pluvieux avec son ressac de nappes, ce flux et reflux de notes délicates et froides, sauf qu’il se construit aussi sur les diverses langues utilisées souvent récitées, chuchotées par Dolores et d'autres. Bel album pas exempt d’un certain ennui pourtant, du moins pour celles et ceux plutôt friands de rythmes car cet élément se veut clairement secondaire ou plutôt lent. Le reproche global serait clairement une certaine uniformité, un manque de relief général (que certains appelleront plutôt ‘cohérence’). Mon esprit chavire un peu à mi-chemin: il y assurément de belles choses là-dessus, des moments délicats vraiment prenants cependant la technique des jumeaux est trop marquée à mon goût par leurs travaux cinématographiques qui n’adhère pas complètement à ce que peut être un disque de In the Nursery. J’aurais souhaité pour ma part que le langage façonne plus clairement le paysage or il apparaît un peu comme un élément que les frères ont simplement intégré dans leur travail, comme ils l’ont déjà fait de par le passé. Apaisant et réflexif, propice à l’évasion onirique si c’est ce que l’on cherche mais sinon, un peu longuet quand même…