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Edward Grieg (1843-1907) › Symphonie en do mineur

cd • 4 titres • 71:51 min

  • Symphonie en ut mineur (1863) | 31:39
  • 1I.Allegro molto12:21
  • 2II.Adagio espressivo7:10
  • 3III.Intermezzo. allegro energico4:28
  • 4IV.Finale. allegro molto vivace7:40
  • Im Herbst (en automne), ouverture pour grand orchestre, Op.11|11:12
  • Altnorwegische romanze mit variationen, Op. 51
  • Trauermarsch zum andenken an rikard Nordraak, pour orchestre à vent | 6:44

informations

Enregistré au Konserthus, Göteborg, en mai et septembre 1988. Produit par Lennart Dehn.

C'est par ce disque que j'ai connu et apprécié l'oeuvre, et si Ole Kristian Ruud est venu par la suite apporté sa vision sauvage, et sans doute plus authentique (quoique...), je reste fidèle à Jarvii, brillant, malgré sa rigueur un peu carrée. Par ailleurs les compléments de programme "En automne" et "Funeral march..." sont de très belles pièces, faisant de ce disque un beau moment de musique symphonique norvégienne.

line up

Göteborgs Symfoniker ; Neeme Järvi (direction)

chronique

  • musique symphonique - romantique

Non, il n'y eut pas que Grieg en Norvège. Il y eut aussi Svendsen dont les deux symphonies sont des jalons essentiels, fondateurs, de la musique norvégienne. Cependant, l'oeuvre du contemporain et ami

intime d'Edvard Grieg, si belle soit-elle, rayonne d'une lumière et

d'une joie de vivre qui ne s'inscrit pas dans la ligne éditoriale de

notre sombre site. L'exercice de jeunesse de l'auteur de Peer Gynt,

lui, antérieur de 3 ans au premier de Svendsen soit-dit en passant,

porte déjà en lui toute la nature tempétueuse, et la délicatesse

blessée de son créateur; le choix du do mineur est ici significatif.

Sous l'impulsion identitaire du mentor danois Niels Gade, Grieg, qui

sort juste de Leipzig, décide de créer un modèle de symphonie

scandinave, et se plie pour cela aux formes académiques, calquant

strictement sa construction, tonalités comprises, sur la 5ème de

Beethoven. Là dedans il entend bien défendre des couleurs, des motifs

et des rythmes typiquement scandinaves : grand bien lui en a pris. Car

même si le petit homme (moins d'un mètre cinquante...) fera interdire

d'exécution la partition dès 1867, pour des raisons inconnues (sauf si

on se rappelle de l'impact qu'eut sur lui la création de la 1ère

symphonie de son ami Svendsen... en 1867), on ne peut que constater

que le norvégien a atteint son but. On ne le saura pas plus à l'époque qu'on ne

l'avait su pour Berwald un demi-siècle plus tôt, l'interdiction

d'exécution n'ayant été levée par Bergen qu'en 1981, mais Grieg, à la suite des oeuvres de JPE Hartmann et Gade, venait de livrer un modèle étalon de symphonie

scandinave : belle, sauvage, romanesque. Dès l'entrée, les

cuivres profonds et les chutes de violoncelles, puis l'installation

mélodique ouvragée, à l'aura forestière, les vibrations nuageuses des

cordes aigües, l'appel sombre des cors nous ouvrent à des lumières

qu'on ne connaissait pas. Cet allegro en deux parties voit d'abord le

dialogue de deux thèmes qui se répondent : une progression élégante

et racée, typiquement germanique, et les vents plus obscurs des

territoires neigeux. Une poignée de main courtoise entre deux mondes

qui se rencontrent... puis la nature reprend ses droits. Un envol un

peu inquiet de plans de cordes, d'abord légères, mais qui s'aggravent,

qui s'affolent : alors Grieg lâche la nuit par des violons ardents,

les cuivres soufflent dans les cimes et une courte minute, nous voilà

pétrifiés. Le compositeur transforme les danses folkloriques en sabbat

pour démons, accentuant l'énergie de leurs rythmes pour en faire des

sorciers, assombrissant le ciel d'harmonies des montagnes : dans son

fantasque troisième mouvement, ut mineur là encore, il nous embarque

dans un tourbillon grinçant aux motifs agités. Il y revient encore,

puis encore, avec chaque fois plus de son, plus de cuivres et de

graves, plus d'harmonies terribles, plus d'hystérie rythmique; on

reconnaît dans cette danse titanesque celui qui ira faire un tour si

mémorable dans le Hall du Roi Montagne. Tout au long de la partition

le miraculeux norvégien séduit par son art mélodique déjà prononcé,

même si on le sent ici encore aux prises avec un classicisme un peu

décoratif : une confrontation que semblait pourtant résoudre cette

lente tombée du soir que constitue l'adagio, depuis la lumière apaisée

et aimable des premières mélodies, au travers de poussées

mélancoliques qui s'emparent des altos, et dont les appels harmoniques

profonds attirent peu à peu la mélodie vers des airs plus émouvants,

vers une tristesse plus franche. Après cette installation quasi

idiomatique des spécificités scandinaves, Grieg achève naturellement

sa symphonie par un quatrième mouvement d'exaltation patriotique : une

page qui tente de mêler la danse, les ciels orageux et le souffle

triomphal, un peu en deça de la pertinence des trois précédents. Dans

la peinture enjouée de l'ode à la nature, Grieg n'est pas Sibélius, et

il se montre définitivement peu à son affaire avec les réjouissances,

usant de motifs populaires d'allégresse avec bien moins d'aisance que

ne le fera le suédois Alfven. Un peu scolaire peut-être, à la

profondeur mélancolique légèrement empêchée par le souci de la forme

et d'une certaine courtoisie harmonique, l'unique symphonie de Edvard

Grieg, néanmoins, est une pièce riche et raffinée, qui amène l'automne

de Brahms en pays scandinave. La cinquième boule s'est malheureusement

perdue dans l'histoire particulièrement riche du genre symphonique.

Bon
      
Publiée le mercredi 13 janvier 2010

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Arno > crois-moi, c'est toujours d'actualité !

    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
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    ah, ça c'est clair que le Kalevala est la principale source d'inspiration de Sibélius, absolument. Mais bon, il n'en demeure pas moins suédophone, comme en atteste (entre autres) l'intégralité des textes de ses innombrables lieder... (mais je te taquine aussi hein? ;-) EDIT : la "quasi" intégralité (rendre à Wotzy...)

    Arno Envoyez un message privé àArno

    Bah, c'était pas un peu le cas de toute la classe aisée en Finlande ?...

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Un suédophone qui compose sur Lemminkäinen... mbrgn... m'en vais retourner lire les écrits de Pekka Siitoin moi

    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
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    oui, linguistique et historique, comme je l'ai dit... d'ailleurs à ce propos tu peux retirer ton "suomi" de la chro de Sibélius, et le reserver pour Impaled Nazarene, Madetoja ou Palmgren et Rautavaara quand ils vont arriver... parce que Sibélius, lui, était suédophone... rendre à césar?