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Marianne Faithfull › Broken English
informations
Matrix Studios, 1979
line up
Marianne Faithfull (chant), Morris Pert (percussions), Steve Winwood (claviers), Steve York (basse), Barry Reynolds (guitare), Joe Mavety (guitare), Terry Stannard (batterie), Jim Cuomo (saxophone), Guy Humphries (guitare), Darryl Way (violon)
chronique
Ce soir il y’avait Thelma & Louise à la télé. Et pour les ringards dans mon genre, ce film évoque inévitablement la ballade de Lucy Jordan. Inoxydable, ce morceau – tout comme l’autre tube de l’album, "Broken English". En cette année 1979, Marianne a trente-trois printemps. Elle est déjà bien esquintée, mais sa voix chevrotante, si particulière, semble se battre pour livrer tout ce qu’il reste de rage – et dieu sait s’il y’en a, là-dedans. Ça survit, ça se bat, comme une flamme dans le froid, un cœur solitaire dans la nuit, qui ne trouvera pas refuge dans les bras d’un homme, ni dans la bouteille – juste dans les souvenirs. Nombreux. Douloureux. Qui aurait cru qu’un brin de femme comme elle parviendrait à se sortir du gouffre ? Broken English n’est pas un album glacial, contrairement à ce qu’on en dit un peu partout. Il ne donne pas envie d’aller se pendre, contrairement à un Secret Life, et même si tout ça ne respire évidemment pas la joie. C’est à la fois un disque de bon vieux rock et un album de new wave déchiré, une complainte nocturne, au parfum de désillusions, de regrets, d’amertume. Rien n’y est vraiment désespéré, plutôt mélancolique, dégoûté, mais jamais abattu – quelque chose vit encore dans ce cœur de rescapée, quelque chose qui saigne, et c’est au pied d’un bar de nuit désert que nous sommes invités à l’entendre parler, à la lueur des néons bleus, au son des guitares et des synthétiseurs. Le sentiment d’avoir un brin de femme survivante qui nous chante l’essentiel d’une vie brisée de sa voix tremblante, en grillant clope sur clope. Des ritournelles, des coups de sang, des moments de flirt avec ce gouffre sans fond qu'on connaît trop bien, des instants d'émotion brute que les nuits effaceront peu à peu. Le bluesly "Brain Drain", délicieux, "What’s The Hurry", ou le poignant "Guilt", douloureuse mise à nu dont les paroles restent gravées à jamais dès lors qu’on les a entendu. Des instantanés de spleen, touchant droit au cœur. Des coups de canif dans le bide. Marianne s’empare du standard de Lennon et y met le feu… "c’est comme si on l’avait écrite pour elle", selon la formule consacrée – puis achève le disque avec un reggae-rock hargneux à la Patti Smith, comme pour nous rassurer – je suis toujours vivante, messieurs. On chipotera simplement sur la trop courte durée de l'album, et sur un "Witches’ Song" un peu quelconque par rapport au reste. A part ça ? Un disque culte, sur lequel je ne m’étalerai pas pour éviter de dire plus de conneries. Pardon pour cette chronique mal fichue, ma chère Marianne. Tu méritais mieux.
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- Gros Bidon › Envoyez un message privé àGros Bidon
Je l'avais vu en concert à Paris il y a quelques années (probablement au New Morning en 2013) et elle était déjà très fatiguée mais c'était très émouvant. Je me souviens également qu'elle avait dit avoir beaucoup souffert à cause du COVID. Nous prions pour toi Marianne, fait un beau voyage au pays des anges.
- Note donnée au disque :
- Milloco › Envoyez un message privé àMilloco
Repose en paix. Excellent album. Une claque
- Note donnée au disque :
- born to gulo › Envoyez un message privé àborn to gulo
La vieillesse.
- Thirdeye › Envoyez un message privé àThirdeye
J'avoue c'est la folie!
- SEN › Envoyez un message privé àSEN
Mais non ? C'est quoi cette hécatombe ?