Compilations - Divers › Destination Goa - The Second Chapter

Pour ouvrir la porte à la trance goa (et psychédélique) sur Guts, j’aurai pu chroniquer ‘Twisted’ de Hallucinogen ; mais la vérité, c’est que la Goa est un monde où les compilations valent mieux qu’un album, de par leur variété, leur lot de surprise et leur ambiance ‘rave’ qu’il est logiquement plus difficile de retrouver sur un objet réalisé par un seul artiste. Et parmi le demi-milliard de compilations de ce genre, j’ai choisi une des toutes meilleures – sinon la meilleure – : ’Destination Goa’ et je m’offre même l’affront de commencer par le volume 2, qui est peut-être la quintessence même de ce qu’est la trance goa. A la fois complètement et pas du tout gutsienne (underground, ésotérique et complexe tout en étant vivante, chaleureuse et codifiée), la trance goa apparaît au tout début des années 1990 à l’embranchement des musiques EBM/électro sombres, de l’acid techno et des drogues de toutes les couleurs. Le code est finalement devenu assez strict et peu sont ceux qui tentent d’en élargir le champ : BPM élevé (130 à parfois plus de 160), rythmiques 4/4 en continu, mélodies en mode mineur, peu ou pas de breaks, et beaucoup, énormément de nappes, d’effets électroniques, de montées, de bidouillage d’égaliseurs pour un résultat hypnotique garanti. Mais si ce n’était que cela… c’est que la trance goa puise aussi dans les racines de la civilisations, les racines tribales, celles des percussions ultra répétitives, des trances shamaniques ; la Goa a cela d’intemporel qui fait qu’elle porte l’exaltation de la vie pour elle-même, cette célébration gnostique de l’existence autrefois réservée aux plus sages, aujourd’hui célébrée comme une religion sans dieu mais avec d’innombrables adeptes. C’est peut-être cela, la vraie religion (re-ligare, relier), celle qui rassemble et extasie les humains dans une fête éternelle, dernier pied-de-nez à l’inévitable anéantissement de chaque individu. ‘Destination Goa Vol.2’ donc, avec des titres allant du très bon à l’intemporel (Pharagonescia, à écouter absolument), du très rapide (Hallucinogen en vitesse maximale) au plus groovy (Pleiadians, cyber-pépère), un titre de ouf à tendance hard trance interminable (Talking Souls) bref une cuvée millésimée qui montre l’incroyable potentiel de chaque artiste qui sait rendre chaque seconde délectable et fascinante sur des titres qui pourraient durer des heures, des jours ou des années sans qu’on n’ait pour autant envie de s’arrêter de danser, de battre, de remuer son petit corps en hurlant à la mort combien on aime la vie.