Compilations - Divers › The Elephant Table Album

Le voilà, l’archétype de compilation rare et culte dont le contenu vieillit finalement tout seul au regard du nombre d’écoutes que ses possesseurs lui accordent. Du coup, tout n’est plus vraiment d’actualité et au milieu de titres qu’il serait fort sage d’oublier se dresse une liste de noms obscurs et abandonnés qu’il me semble bon de redécouvrir. Passons tout d’abord sur les multiples variantes de new wave/synth pop possibles, depuis sa version sexuelle et magick (Chris & Cosey et son équivalent masculin 400 Blows), sa version scratchée (Nocturnal Emissions), indus (Portion Control), vieillie (We be Echo) qui allègent finalement la compilation de sa supposée lourdeur expérimentale. Dans les formations plus tribales et industrielles, on a Muslimgauze et du tribal synthé dont le son a heureusement bien changé, New 7th music et Bushido dans des registres plus old-school, l’énorme SPK avec son ‘Despair’ tiré du non moins essentiel ‘Leichenschrei’. Lustmord nous offre le titre le plus pathétique de la compile, à base de boite à rythme et de bruits de micros (sans blague : en blind test, tout le monde répondrait Jean-Louis Costes) et qui ne laisse en rien présager la suite de ses travaux, nettement plus glorieux. Plus dissonnants ; Sirius B et Konstruktivists avec leur electro bizarroïde (un brin) vieillot, David Jackman (Organum) et ses boucles indus concrètes, Nurse With Wound et ses polyphonies d’engrenages et de chants, Bourbonese Qualk avec son ovni urbain rappelant Throbbing Gristle, MFH avec une superposition de voix à la Alan R.Splet qu’il serait bon d’entendre en album et Paul Kelday avec son extrait électroacoustique prennent le relais sur les titres les plus accessibles. Deux titres goths perdus sur la face C ajoutent un peu de nuances dans cet univers psychorigide ; Attrition avec un chœur profane jouant à la limite du faux et les excellents Legendary Pink Dots dont je ne connais que trop peu l’œuvre mais dont la poésie obscure et langoureuse semble en tout point nécessaire. Gardons pour la fin un titre bien dispensable de Coil et à l’inverse, mon coup de cœur absolu : Metamorphosis, sorte de muzak ésotérique glaçante à base de saxophone, de flûte et de basse sur lesquels une chanteuse (pensez Jessica Kenney ou Martina Sweeney) vient réciter quelques mots pour finir dans une sorte d’ambiance forestière nocturne calme mais profondément dérangeante. Il y a tant de choses, donc, dans cette compilation de la table en éléphant (c’est Stapleton qui est responsable du design…), entre ce qui semble vieillir à vue d’œil et à l’inverse, ce qui semble se bonifier tel un fût sonore poly-gustatif.